lundi 14 décembre 2020

St Jean de la Croix

 

Vous ne m'enlèverez pas, ô mon Dieu, ce que vous m'avez déjà donné en votre Fils Unique, Jésus-Christ. 

J'ai reçu en lui tout ce que je désire, et c'est pourquoi si j'espère, je pourrai me réjouir de votre prochaine venue. 

Et puis, pourquoi, mon âme, recourir à ces espérances ? 

Dès ce moment ne peux-tu pleinement aimer Dieu dans ton cœur ?

St Jean de la Croix 

dimanche 13 décembre 2020

Visage...

J'écoute… Je laisse le silence s’écrire, tout doucement… le chant du poêle, le pas des chats… la beauté. Ta beauté. 

Vieillard, Rembrandt 
Ineffable. 

Simple... 

Il n’y a aucun apprêt dans Ta beauté. Tous les visages, tous les corps, jeunes, épuisés, agonisants, sont habités de Ta beauté ; ça se passe au-dedans, à fleur de peau… 

Je pense à M, cet homme au visage perdu, béant, qui resplendit de Toi sans que personne ne le remarque. C’est Ta main qui passe, qui touche ce visage, me touche le cœur. En même temps. Et se dévoile une beauté insoupçonnée, insoupçonnable peut-être… la sienne propre… Unique.

Irremplaçable.

Je ne sais pas qui il est : il ne peut plus me le dire, Tu ne peux pas le dévoiler, c’est un secret entre Toi et lui. Votre secret. Infiniment précieux, infiniment parfait…

Les mots ne servent qu’à tracer une fine ligne sur le sable blanc de la page. Une ligne à suivre. Il est inutile de comprendre, il faut juste regarder cette faible trace et la garder dans notre cœur. Et puis un jour, devant un visage défait, elle le griffera, ce cœur, et Ta beauté se révèlera…


Sois béni pour ceux qui disent oui aujourd'hui...

Sois béni Seigneur pour Samuel qui a écouté dans la nuit !

Sois béni Seigneur pour Marie qui t’a accueilli en écoutant l’ange Gabriel !

Donne-nous de te goûter dans la vie et dans les Écritures,

Pour que nous soyons du bon Pain pour les autres...

A quoi sert d'aller toujours plus vite, si on ne sait pas où l'on va ?

A quoi sert de produire toujours davantage, si on ne sait pas partager ?

A quoi sert aux pauvres de s'enrichir et aux riches de s'appauvrir,

Si les uns et les autres ne savent pas vivre comme le Christ ?

Sois béni Seigneur pour les Samuel, les Marie qui disent « oui » aujourd’hui,

Encore aujourd’hui Ton Esprit attend notre « oui » pour faire des merveilles en nous...

En ces jours avant Noël, je te dis mon désir de m’arrêter pour t’écouter et dire « oui »

Prière d’Avent inspirée d’une prière du Cardinal Etchegaray

 

dimanche 6 décembre 2020

Avent... M. Zundel

 C’est le sens de l’Avent: l’Avent récapitule toute l’Histoire. L’Avent représente toute l’Histoire comme une aventure qui demeure encore ouverte, suspendue au choix que nous allons faire de nous-même, car chacun de nous peut modifier toute cette Histoire, lui donner une nouvelle conclusion, la faire monter vers Dieu ou descendre vers soi.

Rilke a magnifiquement marqué l’événement unique, infini, que représente, dans chaque maison, la naissance d’un enfant, car un petit enfant qui naît, c’est un regard nouveau, c’est une nouvelle liberté, c’est un nouveau choix, c’est une nouvelle figure du monde, car cette liberté du petit enfant qui va éclore au-delà de ses instincts, cette liberté va donner au monde une nouvelle perspective, va ressaisir toute cette Histoire pour lui donner une nouvelle conclusion, pour enraciner l’univers dans un ordre nouveau.

En Jésus-Christ, l’humanité, tout entière rassemblée dans son Amour, reçoit une dignité nouvelle, parce qu’un horizon infini nous est proposé à chacun en remettant entre nos mains toute la destinée, tout le sens de l’Histoire.

Avec Jésus, c'est le monde entier qui est remis entre nos mains

Le chrétien doit se faire un cœur universel. Le chrétien est appelé avec Jésus-Christ à se dépasser infiniment, parce qu’il n’est pas chargé seulement de lui-même; il est chargé de tout l’univers, de toute l’humanité, davantage: il est chargé de Dieu dans toute l’Histoire et dans tout l’univers. (…)

Chaque petit enfant apporte donc au monde cette possibilité toute neuve, ce choix infini: au cœur de ce petit enfant, l’Histoire et l’univers sont suspendus, car la Création comme la Rédemption est une histoire à deux, une histoire que Dieu ne peut pas écrire tout seul, parce que c’est une histoire d’amour.

Toute la puissance du sourire, toute la puissance de la tendresse supposent le consentement. Sans consentement, sans ouverture, le sourire ni la tendresse ne peuvent rien.

Et la puissance de Dieu n’est pas autre chose que le sourire, que l’élan même de l’Amour qu’il est – et c’est pourquoi la création est sans cesse remise en question par le choix que nous faisons de nous-même, c’est pourquoi tout enfant est nécessaire à l’accomplissement du plan de Dieu, comme il peut, hélas, aussi, le mettre en échec.

Il y a quelque chose de vertigineux dans cette perspective, quelque chose d’écrasant à songer que chacun de nous, dans cet immense circuit de la vie, que chacun de nous en est un segment indispensable, que chacun de nous, un instant, porte toute l’Histoire, tout l’univers, tout le destin de Dieu.

C’est cela que l’Avent veut nous inculquer dans cette récapitulation de l’Histoire: avec Jésus, c’est le monde entier qui est remis entre nos mains, car il est clair que cette universalité qui embrasse tous les siècles, qui concentre tous les temps, toutes les générations, dans un seul présent où nous devenons une offrande d’amour, il est clair que cette universalité serait vaine et se réduirait à un mot, si elle n’avait pour caution l’intensité de notre amour à l’égard des hommes d’aujourd’hui, à l’égard de ceux qui nous entourent et qui doivent être l’objet immédiat de notre sollicitude et de notre attention.

Maurice Zundel, homélie 1954