dimanche 28 avril 2019

Ouvre la porte de ton ciel... Bx G. de Saint Thierry

Bourdichon, "gdes heures d'Anne de Bretagne"
Les richesses infinies de ta Gloire, Seigneur, étaient profondément cachées dans le ciel de ton Secret, jusqu'à ce que, par la lance du soldat, les Sacrements de notre rédemption se répandent du côté ouvert de ton Fils, notre Seigneur et notre Rédempteur ; de telle sorte que nous ne mettions plus, comme Thomas, nos doigts en Son côté, mais que nous entrions tout entiers jusqu'à ton Cœur, Jésus, par cette porte ouverte, là où la miséricorde est certaine, jusqu'à ton âme sainte, pleine de toute la plénitude de Dieu, pleine de grâce et de vérité, de notre salut et de notre consolation.

Ouvre-nous, Seigneur, la porte de l'arche de Ton côté, pour qu'entrent tous ceux que Tu sauveras de la venue de ce déluge qui inonde la terre ; ouvre-nous le Côté de ton Corps, pour qu'entrent ceux qui désirent voir les secrets du Fils, et qu'ils reçoivent les Sacrements qui en débordent et le prix de leur rédemption. 
Ouvre la porte de ton Ciel, pour que ceux que Tu as rachetés voient les biens du Seigneur sur la terre des vivants, eux qui peinent encore sur la terre des mourants ; qu'ils les voient et qu'ils les désirent, qu'ils brûlent et qu'ils courent, eux pour qui Tu as été fait la Voie par laquelle on va jusque-là, la Vérité à laquelle on va, la Vie pour laquelle on va : la Voie, exemple d'humilité ; la Vérité, exemple de pureté ; la Vie, celle qui est éternelle. 
Bienheureux Guillaume de Saint-Thierry

dimanche 21 avril 2019

"Qu’est-ce que le Printemps" Marie Noël










Alléluia ! Fais, ô soleil, la maison neuve ! 
Mes sœurs, que chacune se meuve
Avec des mains de ménagère et des doigts gais…
C’est Pâques ! Jetons hors les poussières obscures, 
Frottons de sable fin les clefs et les serrures, 
Pour que la porte s’ouvre en paix. 

Cirons doux, cirons vif les battants des armoires, 
La fenêtre en rit dans leurs moires ! 
Frottons ! Qu’elle se mire au luisant du parquet. 
Vêtons-lui ses rideaux de fraîche mousseline…
Quel ouvrage ! A-t-on cuit le gâteau d’avelines
Et mis sur la table un bouquet ? 

Alléluia ! Nous avons fini d’être mortes, 
De jeûner, de fermer nos portes, 
Le cœur clos et gardé par les effrois pieux. 
Le Prêtre a délivré la flamme et les eaux folles, 
Notre âme sort et s’amuse dans nos paroles
Et notre jeunesse en nos yeux.

Ouvre tout grand la porte à la Semaine Sainte. 
Mon cœur en moi sautille et tinte
Ainsi qu’une clochette en or vif qui se tut
Et s’en revient de Rome après les temps mystiques
Me donner l’envolée et le ton des cantiques
Pour l’allégresse du salut. 

Mais avec ma corbeille il faut que je m’en aille
Chercher les œufs frais dans la paille…
Aux vignes d’alentour ont fleuri les crocus
En rondes d’or et tenant leurs mains verdelettes
J’ai vu dans les fossés des nids de violettes
Et des coucous sur les talus. 

Les poules ont pondu très loin dans la campagne. 
Dans le matin qui m’accompagne ? 
Venez-Vous-en seul avec moi, mon Bien-Aimé…
Quelle parole avant d’y penser ai-je dite ? 
Où donc est ce Bien-Aimé-là, dis, ma petite ? 
Qui d’un tel Nom as-tu nommé ? 

Est-ce Jésus, ô moi qui ne connais point d’homme ? 
Le Dieu martyr que dans Son somme
Hier nous avons veillé toute la nuit au cœur, 
Pleurant d’amour sur Son tombeau, de deuil voilées ? 
Est-ce le Printemps doux et ses graines ailées
Qui nous a soufflé dans le cœur ? 

Mon bien-aimé, ce n’est qu’un mot, ce n’est personne. 
Mais de l’avoir dit je frissonne
Et je suis parfumée et je suis en rumeur
Comme une fiancée au roi qui l’aime offerte, 
Je frémis et me sens comme la terre, ouverte
Toute grande aux pieds du semeur. 

Quel germe au loin flottant va me voler dans l’âme ? 
Quel est le grain qu’elle réclame
Pour être avec les fleurs une fleur de l’été
Et pour porter des fruits quand passera l’automne ?… 
Il est doux, invisible et léger, il chantonne
A travers le vent enchanté.

Qu’est-ce que le Printemps, ô Jésus, mon doux Maître ? 
L’Ange des révoltes peut-être
Qui change d’un regard et la terre et les eaux
Pour me séduire et m’agite neuve et rebelle, 
Moi qui devrais vous être une calme chapelle
Ainsi que l’herbe et les rameaux. 

Ah ! De lui maintenant pourras-tu me défendre ? 
Ô Christ, il Te fallait l’attendre
Sur ta Croix de salut tous les jours sans guérir
Et me faire couler sur le cœur, de Tes plaies, 
Ton sang, pour que cherchant Tes épines aux haies, 
A Tes pieds j’adore mourir. 

Mais ce matin que l’Ange a remué la pierre, 
Ô Toi debout dans la lumière, 
Ressuscité de l’aube aux pieds couleur du temps, 
Toi qui dans le jardin as rencontré Marie
Que feras-Tu, jardinier de Pâques fleuries, 
Pour me défendre du Printemps ? 

 Marie Noël

samedi 20 avril 2019

Samedi saint

 Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude, un grand silence parce que le Roi dort.
La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles.
Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli.
Dieu s’est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers.
Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort.
Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Ève captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur fils (...)

Fra Angelico, "Descente aux limbes"
Le Christ, ayant saisi Adam par la main, lui dit :
«Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts...
Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer. Relève-toi d’entre les morts, Je suis la Vie des morts.
Lève-toi, œuvre de mes mains, toi, mon effigie, qui a été faite à mon image.
Lève-toi, partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi.

À cause de toi, moi ton Dieu, je suis devenu ton fils ; à cause de toi, moi ton Seigneur, j’ai pris la forme d’esclave.
Pour toi, homme, je me suis fait comme un homme, sans protection, libre parmi les morts.
Pour toi qui es sorti du jardin, j’ai été livré dans le jardin et crucifié dans le jardin…
Je me suis endormi sur la croix et la lance a percé mon côté à cause de toi.
Et mon sommeil te fait sortir maintenant du sommeil de l’enfer.
Lève-toi, partons d’ici, de la mort à la vie, de la corruption à l’immortalité, des ténèbres à la lumière éternelle.
Levez-vous, et allons de la douleur à la joie, de la prison à la Jérusalem céleste, des chaînes à la liberté, de la captivité aux délices du Paradis, de la terre au ciel.

Mon Père céleste attend la brebis perdue, la salle des noces est préparée, le Royaume des cieux qui existait avant tous les siècles vous attend.

Saint Épiphane de Salamine (IVe siècle)


jeudi 18 avril 2019

Jeudi saint

Cette nuit est de silence… le silence d’une absence.

L’oratoire est clos, les icônes voilées de soie.
La nuit l’épouse.

C'est son absence qui nous dévoile la Présence. 


Dans la chambre haute, un reposoir, baigné du parfum des lilas comme d’un encens…





dimanche 14 avril 2019

Rameaux...


Jésus trouve beaucoup d'amateurs de son royaume céleste, mais peu de porteurs de sa croix.
Il trouve beaucoup de compagnons de sa table, mais peu de son abstinence.
Tous veulent la joie avec le Christ, mais peu veulent supporter quelque chose pour lui.
Beaucoup suivent Jésus jusqu'à la fraction du pain, mais peu jusqu'à boire le calice de la Passion.
Beaucoup vénèrent ses miracles, mais peu le suivent jusqu'à l'ignominie de la croix.
Beaucoup aiment Jésus tant qu'il ne leur arrive aucune adversité.
Beaucoup le louent et le bénissent tant qu'ils reçoivent de lui quelque consolation ; mais dès qu'il se cache et les laisse un peu à eux-mêmes, voilà qu'ils tombent dans les revendications et un excessif abattement.
Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus et non pour quelque consolation personnelle, le louent et le bénissent dans la tribulation et l'angoisse du cœur, autant que dans la plus grande consolation. 
Imitation de Jésus-Christ, II, 11.


O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour



O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
Et la blessure est encore vibrante,
O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

Voici mon sang que je n'ai pas versé,
Voici ma chair indigne de souffrance,
Voici mon sang que je n'ai pas versé.

Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain
Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain.

Voici mes yeux, luminaires d'erreurs
Pour être éteints aux pleurs de la prière,
Voici mes yeux, luminaires d'erreurs.

Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
Quel est le puits de mon ingratitude,
Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon.

Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur.

Vous connaissez tout cela, tout cela
Et que je suis plus pauvre que personne,
Vous connaissez tout cela, tout cela.
           
Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne.
                                                        Paul Verlaine 



jeudi 11 avril 2019

Vous trouverez un petit âne attaché...

Icône ukrainienne vers 1570
"Cet ânon avait bien des propriétaires avant que le Sauveur en eût besoin, mais, dès que Jésus en devint le Seigneur, ces propriétaires n'existèrent plus ; en effet, ‘personne ne peut servir Dieu et Mamon’ (Mt 6,24). Lorsque nous sommes esclaves du mal, nous sommes les sujets de beaucoup de passions et de vices. L'ânon est donc détaché parce que le Seigneur en a besoin. 
Maintenant encore, le Seigneur a besoin de l'ânon. 
Vous êtes cet ânon. 
En quoi le Fils de Dieu a-t-il besoin de vous ? Qu'attend-il de vous ? 
Il a besoin de votre salut, il veut vous délier des liens du péché."

Origène

dimanche 7 avril 2019

De la Loi à la Grâce...

Vasili Podenov, "le Christ et la femme adultère"
La Loi  était gravée dans la pierre...

Jésus écrit sur du sable...                                                                                
                                          
La pierre est devenue sable, la Loi toute entière s'accomplit dans la Grâce...