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samedi 25 novembre 2023

Black Friday...

Manger, boire, se marier, acheter et vendre, planter et bâtir, tout cela qui remplit la vie et qui peut être noble, ne doit pas cacher l’avenir que Dieu fera, ni boucher l’horizon du Royaume. Puisque tout cela doit finir, la sagesse de l’Évangile dissuade de s’y attarder au point de perdre toute liberté et toute vigilance. Le chrétien vit les joies saines du monde sans cesser d’attendre celles que Dieu promet, tout comme il vit les détresses du monde sans cesser d’espérer la victoire du Dieu qui est amour. Et nous-mêmes qui essayons de vivre, au nom de l’Église, une existence vouée à la prière, il nous faut renoncer constamment à mettre notre joie et notre sécurité dans l’œuvre de nos mains ou de notre esprit, dans ces idoles qui enchaînent le cœur. Nous ne saurions adhérer aux choses, aux choses à faire et à posséder, alors que Dieu est là, le Maître des choses, qui attend notre amour.

Dieu qui est et qui était, ne cesse pas d’être le Dieu qui vient. Dieu qui s’est donné et se donne demeure toujours le Dieu qui se promet. Car dès maintenant nous sommes fils de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté (1 Jn 3, 2).

Dieu, qui nous a mis en route et qui nous accompagne, reste encore tous les jours, dans le mystère, celui qui vient au-devant de nous.

Jean-Lévêque, O.C.D.


dimanche 1 octobre 2023

Carmel...

Quelques mots posés comme des flocons dans un blanc silence…

 Le mystère du Carmel, la douceur et la profondeur de Marie… indissociables.

Le silence de l'Esprit couvre le Carmel de son ombre, le garde au creux du vivant secrètement…

 Mystère de silence, mystère d'un sourire de Dieu en sa Bien-Aimée, mystère d'Épouse…

 Secrètes noces de Lumière en la Ténèbre, non pas ténèbres d'obscurs maléfices qui noient le monde, mais promesse au ventre de la Mère, Ténèbre sainte où éclot l'Enfance…

Promesse d'Enfance qui met au monde Thérèse la petite, fait éclore la Madre, épouse Elisabeth, crucifie Jean et Thérèse Bénédicte…

 Vous en savez tellement plus que moi, frères et sœurs aimés, je ne fais qu'effleurer le silence, ce vertigineux silence qui nous appelle tous, qui nous respire peut-être, chacun de nous est un peu de ce souffle, ici, sur notre terre, inhalé et expiré par le Souffle, bercé par le pas tranquille de Marie, regardé par le Christ de la Crèche à la Croix, conduit par l'indicible, l'invisible lumière de la Résurrection…

Mystère des noces où la nuit devient lumière, simplement, discrètement…

L'humble Carmel délicatement voilé par l'amour de Marie…

Humble, pauvre, chaste, malgré les travers de notre humanité…

Chaque mot comme un flocon s'efface en un instant, humblement.

 

Juste le silence.

Le profond silence…

 

Nous le partageons.


dimanche 9 avril 2023

Humblement... Le Ressuscité !

 « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » La joie nous atteint en ce jour nouveau que fit le Créateur et Sauveur de l’humanité : le motif en est clair, comme nous l’avons entendu dans la séquence pascale, « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts. » Pourtant, nous sommes dans un climat assez différent de celui de la vigile pascale : à la différence du récit de l’évangile de Matthieu entendu dans la nuit, dans celui de Jean, il n’est plus question de tremblement de terre, d’apparition d’ange et pour l’instant, de manifestation du Ressuscité. Il n’y a aucun fait miraculeux ou extraordinaire quand Marie-Madeleine, Pierre et le disciple bien-aimé arrivent au tombeau. Le seul objet de l’étonnement est la pierre enlevée et l’absence du corps de Jésus. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » La nouveauté de ce jour réside donc en un vide, une absence inattendue. Que peut-on en conclure ? Le seul détail relevé par l’évangéliste est un suaire, roulé à part, à sa place, comme pour souligner que le corps n’a pas été enlevé précipitamment mais avec calme.
Avouons frères et sœurs que ce récit de Pâques est assez décevant pour nos attentes trop humaines. Nous aurions aimé peut-être un signe éclatant, une preuve irréfutable, un coup d’éclat. Non c’est le silence et l’absence : ils nous empêchent donc de verser dans le triomphalisme ; nous ne pouvons pas célébrer la Résurrection comme une évidence qui saute aux yeux et qui s’impose à tous. Nous sommes ramenés au fond à l’humilité. L’humilité : mais n’est-ce pas là une caractéristique typique de la présence du Seigneur Jésus, doux et humble de cœur ? Le Ressuscité demeure l’Agneau qui ne s’impose pas mais qui vient à nous humblement. Et c’est donc humblement que nous devons nous-mêmes nous approcher du tombeau vide.

C’est ce que dit saint Paul, à sa manière, en évoquant le rituel juif de la pâque avec l’agneau pascal et les pains azymes non fermentés. « Célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité. » Ce n’est pas le moment de nous enfler d’orgueil, de faire gonfler nos prétentions. La Pâque du Seigneur se célèbre avec des pains qui n’ont pas fermenté, signes d’humilité et de simplicité. « Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. » Nous allons recevoir la présence du Ressuscité dans le signe du pain qui n’a pas fermenté, dans l’Eucharistie. Mais ce signe indique pour saint Paul ce que nous devons être. « Devenez ce que vous recevez. » (Saint Augustin) Il nous faut être humbles pour accueillir la présence du Ressuscité dans le signe de son absence du tombeau, comme dans celui de sa présence dans le pain et le vin.
Frère Jean Alexandre de l'Agneau OCD

dimanche 17 juillet 2022

Notes de pèlerinage… Lourdes 2022


Silence…

Le gave souffle. L’eau glisse, se froisse, se love, épouse le soleil et la pierre, se plisse aux racines des aulnes. Un vent léger fait chanter les érables.

La basilique du Rosaire n’est que lumière et silence dans sa nudité.

La grotte recueille les premières prières.

Nous sommes ici pour fêter notre Mère, Notre Dame du Mont Carmel. Avant tout. Teresa et Thérèse nous ont invités en quelques mots tout simples… « Je suis fille de l’Eglise » et nous sommes venus.

Je suis venue.

Lourdes, pleine de rires et de larmes, ses rues où l’on étirera les soirées parce que les jours sont brûlants; néons, brouhaha, boutiques où se côtoient le pire et le meilleur, les vierges en plastique et les chapelets en grappe, bimbeloterie et peluches qui émerveillent les enfants et parfois le trésor, une icône amoureusement écrite, un livre, une pauvre image… et des bouteilles d’eau pour supporter la canicule !

Lourdes de toutes les langues, Babel unifiée par Marie toute Pure… « Que soy era Immaculada Councepciou »

Lourdes de toutes les douleurs et de toutes les joies qui dévoile les mystères d’un rosaire dont chaque fleur est une âme…

Le soir s’étire à l’envie : rencontre au souffle d’un Esprit qui ne laisse rien au hasard et nous voici au spectacle, emportés par l’âpre et douce histoire de Bernadette : la procession du lendemain prendra tout son sens, infiniment touchante.

Nos frères s’attardent et nous avec, la nuit est tiède, les bistrots débordent sur la rue, les rires fusent, l’humour en bandoulière, deux diabolos, une tomate ( ?) et autre chose… c’est une nuit d’été. Pèlerins en vacances quelques heures, tout au plaisir du partage.  

Mais avant cette joie si bellement humaine, la joie secrète, blottie au creux du cœur. La beauté sans voile, celle que seul Dieu donne à voir : nos frères carmes qui suivent lentement le Saint Sacrement, derniers, et cette évidence : la pauvreté, le silence, l’humilité du Carmel… Il y a comme cela des éclairs de pure grâce…

Dans les entrailles d’un hôtel s’élèvent les voix qui nourriront la célébration samedi. En l’homme l’enfant s’inquiète, soucieux de bien faire, mais Dieu sourit, je n’en doute pas.

Je remonte la nuit, le silence à nouveau, le murmure des grands arbres et le chant de l’eau…


Revenue, je pense à ces frères qui nous accompagnent si bien, leur sourire, leur sérieux, leur profondeur, l’humour toujours prêt à jaillir et, sous les rires, l’infini qui affleure au détour d’un regard, leur humanité inlassablement pétrie par un Dieu boulanger bien décidé à en faire son pain, ce pain dont il a besoin pour le monde.

 Silence encore.

Le semeur est sorti pour semer et la semence a levé : rendons grâce à Dieu.


Notre Dame du Mont Carmel, prie pour nous.

Anonyme.