samedi 24 février 2018

Tout sous les yeux de Dieu...

Abbaye de Pradines

Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu. Allons mon âme, tu vas converser avec le bon Dieu, travailler avec lui, marcher avec lui, combattre et souffrir avec lui. Tu travailleras, mais il bénira ton travail; tu marcheras, mais il bénira tes pas; tu souffriras, mais il bénira tes larmes. Qu'il est grand, qu'il est noble, qu'il est consolant de tout faire en la compagnie et sous les yeux du bon Dieu, de penser qu'il voit tout, qu'il compte tout !
Disons donc chaque matin : "Tout pour vous plaire, ô mon Dieu : toutes mes actions avec vous ". Que la pensée de la sainte présence de Dieu est douce et consolante ! Jamais on ne se lasse, les heures coulent comme des minutes. Enfin, c'est un avant-goût du ciel.

Saint Curé d'Ars

dimanche 18 février 2018

Prière de Carême...

St Seraphim de Sarov




Seigneur et Maître de ma vie, ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse, de découragement, de domination et de vains bavardages, mais fais-moi la grâce, à moi ton serviteur, de l'esprit de chasteté, d'humilité, de patience et de charité.
Oui, Seigneur Roi, accorde-moi de voir mes fautes et de ne pas condamner mon frère, ô Toi qui es béni dans les siècles des siècles.
Amen.

Saint Ephrem le Syrien

mercredi 14 février 2018

Entrée en Carême


Mes frères, nous commençons aujourd'hui le grand voyage du Carême. Emportons donc dans notre navire toute notre provision de nourriture et de boisson, en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin. Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s'il ne se nourrit pas de bonté, s'il ne se désaltère pas de miséricorde. Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille, si la toison de l'aumône ne le couvre pas, si le vêtement de la compassion ne l'enveloppe pas.
Frères, ce que le printemps est pour les terres, la miséricorde l'est pour le jeûne : le vent doux printanier fait fleurir tous les bourgeons des plaines ; la miséricorde du jeûne fait pousser toutes nos semences jusqu'à la floraison, leur fait porter fruit jusqu'à la récolte céleste. Ce que l'huile est pour la lampe, la bonté l'est pour le jeûne. Comme la matière grasse de l'huile allume la lumière de la lampe et, avec une aussi faible nourriture, la fait luire pour le réconfort de toute une nuit, ainsi la bonté fait resplendir le jeûne : il jette des rayons jusqu'à atteindre le plein éclat de la continence. Ce que le soleil est au jour, l'aumône l'est pour le jeûne : la splendeur du soleil accroît l'éclat du jour, dissipe l'obscurité des nuées ; l'aumône accompagnant le jeûne en sanctifie la sainteté et, grâce à la lumière de la bonté, chasse de nos désirs tout ce qui pourrait être mortifère. Bref, ce que le corps est pour l'âme, la générosité en tient lieu pour le jeûne : quand l'âme se retire du corps, elle lui apporte la mort ; si la générosité s'éloigne du jeûne, c'est sa mort.


Saint Pierre ChrysologueSermon 8 

vendredi 2 février 2018

Siméon... "Celui qui accueille Dieu"

Fra Angelico : Présentation de Jésus au Temple, détail
Nous savons que le parcours dramatique de Job a abouti à une étonnante profession de foi : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu »  Simon atteint le même but lorsqu’il rencontre Jésus au temple et qu’il s’exclame : « mes yeux ont vu ton salut » (Lc 2, 30). Le passage se transforme donc dans l’histoire d’une attente et d’une rencontre surprenante […].
Siméon, comme la figure successive d’Anne, appartient au peuple des anawim, les « pauvres du Seigneur » ; en fait, il est décrit comme « juste et pieux ». Sa caractéristique fondamentale est donc sa foi profonde, sa confiance, son abandon à Dieu. Il est semblable à Joseph d’Arimathie qui est décrit comme « un homme droit et juste »  et qui accueillera entre ses bras le corps mort du Christ. Siméon, lui, prend dans ses bras l’enfant Jésus et l’art des icones le représentera comme le Theodòchos, « celui qui accueille Dieu ». Siméon est aussi l’homme de l’attente, un peu comme tous les personnages de l’évangile de l’enfance : « il attendait la consolation d’Israël »  comme tous les fidèles du Seigneur qui attendaient la délivrance de Jérusalem. On dit aussi de Joseph d’Arimathie qu’il « attendait le Royaume de Dieu » (Lc 23, 50).
[…] Homme « pauvre », homme de l’attente, homme de l’Esprit : c’est en raison de ces dons que Siméon est aussi prophète au sens biblique de connaisseur du mystère de Dieu et révélateur de sa parole. Sa prophétie s’exprime dans un cantique et dans un double oracle. Le cantique est le Nunc dimittis, un hymne très bref, presque jaculatoire, non pas de résignation mais de confiance, prononcé par un homme qui sent arrivé pour lui un déclin qui préludera à une aube à venir et il n’a donc pas peur. C’est pour cette grâce sereine et apaisée que depuis le Vème siècle le psaume de Siméon est devenu la prière du soir, le cantique des Complies. Et même, certains sont allés jusqu’à faire l’hypothèse que c’était le chant funèbre pour un fidèle juste, proclamé par l’assemblée chrétienne dans l’esprit du patriarche Jacob : « Pour lors, je puis mourir, après que j’ai vu ton visage » (Gn 46, 30). […].
Mais le cantique de Siméon n’est pas un adieu mélancolique parce que la charge confiée est désormais conclue, c’est au contraire une salutation joyeuse à la Parole de Dieu qui s’accomplit maintenant. Ses sentiments sont ceux de la béatitude de Luc : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! ». Un chant de foi et d’espérance, certes, non pas un rêve mélancolique et c’est cela le sens de l’existence chrétienne.
[…] Le Nunc dimittis est aussi le chant du salut universel. Dans des phrases telles « salut que tu as préparé à la face de tous les peuples », se concentre tout le cheminement de l’Ancien Testament qui, à partir de l’élection d’Israël, est parvenu à pressentir l’alliance universelle pour laquelle à Jérusalem tous les peuples pourraient se retrouver comme citoyens : « Tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu ». A son serviteur messianique, le Seigneur dit : « Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre » . « Alors la gloire du Seigneur se révélera et toute chair, d’un coup, la verra ». « Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu », « Des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur en ce jour-là : elles seront pour lui un peuple » .


Fra Angelico, "Présentation de Jésus au Temple"
[…] Siméon prononce ensuite un double oracle qui est presque la partie obscure du cantique de salut du Nunc dimittis. Salut et jugement, acceptation et refus, foi et incrédulité sont quasiment un diptyque qui assume les multiples événements de l’histoire. Le Christ est le lien de ce diptyque parce que le choix se porte sur lui. La première prophétie de Siméon est un oracle de « division » : « cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs ». Un jour Jésus dira : « Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division. Désormais en effet, dans une maison de cinq personnes, on sera divisé, trois contre deux et deux contre trois :on sera divisé, père contre fils et fils contre père, mère contre sa fille et fille contre sa mère » (Lc 12, 53). L’oracle de Siméon hérite du symbolisme de la pierre d’achoppement et de la pierre angulaire appliquée, dans l’Ancien Testament, à Dieu lui-même : « il sera… un rocher qui fait tomber, une pierre d’achoppement pour les deux maisons d’Israël »; « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle »...
Gianfranco Rivasi