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vendredi 8 septembre 2023

Nativité de Marie...

Puisque la Vierge Mère de Dieu devait naître de sainte Anne, la nature n’a pas osé anticiper sur la grâce : la nature demeura stérile jusqu’à ce que la grâce eût porté son fruit. Il fallait qu’elle naisse la première, celle qui devait enfanter le premier-né antérieur à toute créature, en qui tout subsiste.
Joachim et Anne, heureux votre couple !
Toute la création est votre débitrice. C’est par vous, en effet, qu’elle a offert au Créateur le don supérieur à tous les dons, une mère toute sainte, seule digne de celui qui l’a créée.
Réjouis-toi, Anne, la stérile, toi qui n’enfantais pas ; éclate en cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs. Réjouis-toi, Joachim : par ta fille un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom : Messager du grand dessein de Dieu, qui est le salut de tout l’univers, Dieu fort. Oui, cet enfant est Dieu. Joachim et Anne, heureux votre couple, et parfaitement pur ! On vous a reconnus grâce à votre fruit, selon cette parole du Seigneur : Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Vous avez eu une conduite agréable à Dieu et digne d’elle que vous avez engendrée. À cause de votre vie chaste et sainte, vous avez produit le joyau de la virginité, celle qui devait être vierge avant l’enfantement, vierge en mettant au monde, vierge après la naissance ; la seule toujours Vierge d’esprit, d’âme et de corps.
Joachim et Anne, couple très chaste ! En observant la chasteté, cette loi de la nature, vous avez mérité ce qui dépasse la nature : vous avez engendré pour le monde celle qui sera, sans connaître d’époux, la Mère de Dieu. En menant une vie pieuse et sainte dans la nature humaine, vous avez engendré une fille supérieure aux anges, qui est maintenant la Souveraine des anges.
Enfant très gracieuse et très douce ! Fille d’Adam et Mère de Dieu ! Heureux ton père et ta mère ! Heureux les bras qui t’ont portée ! Heureuses les lèvres qui, seules, ont reçu tes chastes baisers pour que tu demeures toujours parfaitement vierge.
Acclamez Dieu, terre entière, sonnez, dansez, jouez. Élevez la voix, élevez-la, ne craignez pas !

Saint Jean Damascène

mardi 15 août 2023

La servante du Seigneur...


Dans son action de grâce la Vierge souligne fortement que ce qui lui arrive à elle, la petite servante, est une bonne nouvelle pour tout le peuple de Dieu, tout particulièrement les pauvres, les humbles, les affamés, tous ceux qui attendaient leur salut de Dieu. Marie est solidaire de son peuple. Celle qui est notre mère ne saurait entrer au ciel sans ses enfants... 

Mgr Jean-Pierre Ricard, Homélie 

mardi 11 juillet 2023

St Benoît...

Ainsi, vous l'entendez, partout on fait l'éloge des vallées, partout on recommande l'humilité. Plantez donc là où les eaux ont établi leur cours, c'est là, en effet, que vous trouverez la grâce spirituelle en abondance, les eaux qui sont au-dessus des cieux louent le nom du Seigneur, c'est-à-dire, les bénédictions du ciel font qu'il soit loué. Établissons-nous dans l'humilité, mes frères, soyons-y plantés, si nous voulons ne point nous dessécher. Ne nous laissons point emporter à tout souffle de vent comme il est dit dans l'Écriture : « Le Seigneur tient en main toute autorité sur terre, il y suscite au bon moment le chef qu’il faut. (Si 10,4). » Jamais la tentation, quelle qu'elle soit, ne vous dominera si vous êtes sans prétention avec un regard sans ambition (Ps 130,1), et si, au contraire, vous poussez des racines profondes et solides dans l'humilité et y demeurez fortement établis. C'est ainsi que, planté le long d'un ruisseau d'eaux vives, ce saint confesseur du Seigneur a produit du fruit en son temps… 
[.....]
Quelle ne fut donc pas en effet la piété de cet homme, qui, non content d'être utile à ceux de son temps, se mit en peine de l'être aussi à ceux qui viendraient après lui ? Non seulement cet arbre a porté du fruit pour ceux qui vivaient alors, mais il en a produit qui dure et persévère jusqu'à nos jours.
Il était, certes, bien aimé de Dieu et des hommes, celui dont la présence fut en bénédiction, comme nous voyons que le fut celle de bien des saints, qui, n'étaient aimés que de Dieu, parce qu'ils n'étaient connus que de lui, mais dont le souvenir, de plus, est encore en bénédiction maintenant. En effet, jusqu'à ce jour, par la triple confession de son amour de Dieu, il paît le troupeau du Seigneur de trois sortes de fruits à la fois. Il le paît par sa vie, par sa doctrine et par son intercession. Sans cesse aidés par elle, portez aussi des fruits à votre tour, mes très chers frères, car c'est pour cela que vous avez été établis, c'est pour que vous alliez, et que vous produisiez du fruit (Jn 15,16).
St Bernard Homélie "l'arbre c'est St Benoît"



dimanche 9 avril 2023

Humblement... Le Ressuscité !

 « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » La joie nous atteint en ce jour nouveau que fit le Créateur et Sauveur de l’humanité : le motif en est clair, comme nous l’avons entendu dans la séquence pascale, « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts. » Pourtant, nous sommes dans un climat assez différent de celui de la vigile pascale : à la différence du récit de l’évangile de Matthieu entendu dans la nuit, dans celui de Jean, il n’est plus question de tremblement de terre, d’apparition d’ange et pour l’instant, de manifestation du Ressuscité. Il n’y a aucun fait miraculeux ou extraordinaire quand Marie-Madeleine, Pierre et le disciple bien-aimé arrivent au tombeau. Le seul objet de l’étonnement est la pierre enlevée et l’absence du corps de Jésus. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » La nouveauté de ce jour réside donc en un vide, une absence inattendue. Que peut-on en conclure ? Le seul détail relevé par l’évangéliste est un suaire, roulé à part, à sa place, comme pour souligner que le corps n’a pas été enlevé précipitamment mais avec calme.
Avouons frères et sœurs que ce récit de Pâques est assez décevant pour nos attentes trop humaines. Nous aurions aimé peut-être un signe éclatant, une preuve irréfutable, un coup d’éclat. Non c’est le silence et l’absence : ils nous empêchent donc de verser dans le triomphalisme ; nous ne pouvons pas célébrer la Résurrection comme une évidence qui saute aux yeux et qui s’impose à tous. Nous sommes ramenés au fond à l’humilité. L’humilité : mais n’est-ce pas là une caractéristique typique de la présence du Seigneur Jésus, doux et humble de cœur ? Le Ressuscité demeure l’Agneau qui ne s’impose pas mais qui vient à nous humblement. Et c’est donc humblement que nous devons nous-mêmes nous approcher du tombeau vide.

C’est ce que dit saint Paul, à sa manière, en évoquant le rituel juif de la pâque avec l’agneau pascal et les pains azymes non fermentés. « Célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité. » Ce n’est pas le moment de nous enfler d’orgueil, de faire gonfler nos prétentions. La Pâque du Seigneur se célèbre avec des pains qui n’ont pas fermenté, signes d’humilité et de simplicité. « Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. » Nous allons recevoir la présence du Ressuscité dans le signe du pain qui n’a pas fermenté, dans l’Eucharistie. Mais ce signe indique pour saint Paul ce que nous devons être. « Devenez ce que vous recevez. » (Saint Augustin) Il nous faut être humbles pour accueillir la présence du Ressuscité dans le signe de son absence du tombeau, comme dans celui de sa présence dans le pain et le vin.
Frère Jean Alexandre de l'Agneau OCD

jeudi 26 mai 2022

Ascension ! Léon le Grand

 


 « L’Ascension du Christ est donc notre propre élévation et là où a précédé la gloire de la tête, là aussi est appelée l’espérance du corps. Laissons éclater notre joie comme il convient, bien-aimés et réjouissons-nous dans une sainte action de grâces. Aujourd’hui, en effet, non seulement nous sommes confirmés dans la possession du paradis, mais, en la personne du Christ, nous avons même pénétré les hauteurs des cieux ; par la grâce ineffable du Christ, nous avons obtenu plus que nous n’avions perdu par la haine du diable. »

Leon le Grand

dimanche 19 décembre 2021

Les anges de Noël, c'est toi...

 Noël est habituellement une fête bruyante:
un peu de silence nous ferait du bien pour écouter la voix de l'Amour.
Noël c’est toi,
lorsque tu décides de naître à nouveau chaque jour et de laisser entrer Dieu dans ton cœur.
Le sapin de Noël, c’est toi
quand tu résistes vigoureusement aux vents et aux difficultés de la vie.
Les guirlandes de Noël, c’est toi
quand tes vertus sont les couleurs dont tu ornes ta vie.

La cloche qui sonne Noël, c’est toi quand tu appelles et essaies d’unir.
Tu es la lumière de Noël
quand tu illumines avec ta vie le chemin des autres, avec la bonté, la patience,
la joie et la générosité.
Les anges de Noël, c’est toi
quand tu chantes au monde un message de paix, de justice et d’amour.
L’étoile de Noël, c’est toi 
quand tu conduits à la rencontre du Seigneur.
Les rois mages, c’est aussi toi
quand tu donnes le meilleur que tu as sans tenir compte de à qui tu le donnes.
La musique de Noël, c’est toi
quand tu conquiers l’harmonie en dedans de toi.
Le cadeau de Noël, c’est toi
quand tu vois un ami et un frère en tous les êtres humains.
Les vœux de Noël, c’est toi
quand tu pardonnes et rétablis la paix, même si tu souffres.
Le réveillon de Noël, c’est toi
quand tu rassasies de pain et d’espérance le pauvre qui est à tes côtés.
Tu es la nuit de Noël quand,
humble et conscient, tu reçois
dans le silence de la nuit le sauveur du monde, sans bruit ni grandes célébrations.
Tu es le sourire de confiance et de tendresse dans la paix intérieure d’un Noël
qui enracine le Royaume en toi.
Heureux Noël à tous ceux
qui ressemblent à Noël.
 Pape François

lundi 28 juin 2021

Admonition... St Jean Chrysostome

Personne n'était plus ignorant que Pierre, ni plus expérimenté que Paul. C'est lui-même qui l'avoue, et sans rougir : "A la vérité, je suis inhabile pour là parole, mais non pour la science". Et pourtant cet ignorant et cet inhabile ont vaincu des milliers de philosophes, ont fermé la bouche à une foule de rhéteurs, uniquement. en vertu de leur zèle et de la grâce de Dieu. Quelle excuse aurons-nous donc, nous qui ne pouvons pas même suffire à vingt personnes, qui ne sommes pas même utiles aux membres de notre famille ? Ce sont là d'inutiles objections et de vains prétextes : ce n'est pas le défaut de science ou d'habileté qui empêche d'instruire, mais la paresse et le sommeil de l'indifférence. 

St Jean Chrysostome 
Prologue pour les homélies sur l'Epitre aux Romains,

dimanche 23 mai 2021

Pentecôte...

 

«Quand, tout à coup, vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent... ».

Le Saint-Esprit est un souffle, un vent. Ce qui importe pour nous, ce n'est pas de nous émerveiller devant la puissance de ce souffle, mais de nous soumettre entièrement à lui et de nous laisser «pousser» par l'Esprit comme Jésus aux jours de sa vie terrestre.

Que ce souffle nous dirige où il veut.

Rappelons-nous aussi que ce souffle est lui-même "dirigé". Il n'est pas une force indépendante et incohérente. Jésus a soufflé le Saint-Esprit sur ses disciples. Mais ce souffle procède d'abord de la bouche du Père. Il est une obéissance à Dieu.

En obéissant aux impulsions de l'Esprit (le vent bruyant n'est qu'un symbole extérieur et rare, l'impulsion intérieure est la réalité), nous participons à l'obéissance de l'Esprit lui-même, procédant du Père, envoyé par le Fils.

Père Lev Gillet

dimanche 6 décembre 2020

Avent... M. Zundel

 C’est le sens de l’Avent: l’Avent récapitule toute l’Histoire. L’Avent représente toute l’Histoire comme une aventure qui demeure encore ouverte, suspendue au choix que nous allons faire de nous-même, car chacun de nous peut modifier toute cette Histoire, lui donner une nouvelle conclusion, la faire monter vers Dieu ou descendre vers soi.

Rilke a magnifiquement marqué l’événement unique, infini, que représente, dans chaque maison, la naissance d’un enfant, car un petit enfant qui naît, c’est un regard nouveau, c’est une nouvelle liberté, c’est un nouveau choix, c’est une nouvelle figure du monde, car cette liberté du petit enfant qui va éclore au-delà de ses instincts, cette liberté va donner au monde une nouvelle perspective, va ressaisir toute cette Histoire pour lui donner une nouvelle conclusion, pour enraciner l’univers dans un ordre nouveau.

En Jésus-Christ, l’humanité, tout entière rassemblée dans son Amour, reçoit une dignité nouvelle, parce qu’un horizon infini nous est proposé à chacun en remettant entre nos mains toute la destinée, tout le sens de l’Histoire.

Avec Jésus, c'est le monde entier qui est remis entre nos mains

Le chrétien doit se faire un cœur universel. Le chrétien est appelé avec Jésus-Christ à se dépasser infiniment, parce qu’il n’est pas chargé seulement de lui-même; il est chargé de tout l’univers, de toute l’humanité, davantage: il est chargé de Dieu dans toute l’Histoire et dans tout l’univers. (…)

Chaque petit enfant apporte donc au monde cette possibilité toute neuve, ce choix infini: au cœur de ce petit enfant, l’Histoire et l’univers sont suspendus, car la Création comme la Rédemption est une histoire à deux, une histoire que Dieu ne peut pas écrire tout seul, parce que c’est une histoire d’amour.

Toute la puissance du sourire, toute la puissance de la tendresse supposent le consentement. Sans consentement, sans ouverture, le sourire ni la tendresse ne peuvent rien.

Et la puissance de Dieu n’est pas autre chose que le sourire, que l’élan même de l’Amour qu’il est – et c’est pourquoi la création est sans cesse remise en question par le choix que nous faisons de nous-même, c’est pourquoi tout enfant est nécessaire à l’accomplissement du plan de Dieu, comme il peut, hélas, aussi, le mettre en échec.

Il y a quelque chose de vertigineux dans cette perspective, quelque chose d’écrasant à songer que chacun de nous, dans cet immense circuit de la vie, que chacun de nous en est un segment indispensable, que chacun de nous, un instant, porte toute l’Histoire, tout l’univers, tout le destin de Dieu.

C’est cela que l’Avent veut nous inculquer dans cette récapitulation de l’Histoire: avec Jésus, c’est le monde entier qui est remis entre nos mains, car il est clair que cette universalité qui embrasse tous les siècles, qui concentre tous les temps, toutes les générations, dans un seul présent où nous devenons une offrande d’amour, il est clair que cette universalité serait vaine et se réduirait à un mot, si elle n’avait pour caution l’intensité de notre amour à l’égard des hommes d’aujourd’hui, à l’égard de ceux qui nous entourent et qui doivent être l’objet immédiat de notre sollicitude et de notre attention.

Maurice Zundel, homélie 1954

dimanche 29 novembre 2020

Avent... st Grégoire de Naziance


Le Verbe de Dieu qui est éternel, invisible, incompréhensible, incorporel, principe né du principe, lumière née de la lumière, source de la vie et de l'immortalité, empreinte exacte du premier modèle, marque ineffaçable, ressemblance identique du Père, intention et pensée de celui-ci, progresse vers son image. 
Il prend chair pour sauver la chair, il s'unit à une âme raisonnable pour sauver mon âme; il veut purifier le semblable par le semblable et il devient totalement homme, sauf en ce qui concerne le péché.

Il est conçu par la Vierge, préalablement purifiée par le Saint-Esprit dans son âme et dans sa chair, car, s'il fallait honorer la génération, il fallait honorer davantage la virginité. Il se présente comme Dieu incarné, formant un seul être de deux principes opposés, la chair et l'esprit. L'esprit donnait la divinité, la chair était divinisée.

Lui qui enrichit les autres s'appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude.

Quel trésor de bonté ! Quel grand mystère en ma faveur ! 

St Grégoire de Naziance, homélie pour la Pâque 45

dimanche 22 novembre 2020

Le Christ Roi...

 

La solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi de l’Univers couronne l’année liturgique ainsi que cette Année sainte de la miséricorde. L’Évangile présente, en effet, la royauté de Jésus au sommet de son œuvre de salut, et il le fait de manière surprenante. « Le Messie de Dieu, l’Élu, le Roi » apparaît sans pouvoir et sans gloire : il est sur la croix où il semble être plus vaincu que victorieux. Sa royauté est paradoxale : son trône c’est la croix ; sa couronne est d’épines, il n’a pas de sceptre mais un roseau lui est mis dans la main; il ne porte pas d’habits somptueux mais il est privé de sa tunique ; il n’a pas d’anneaux étincelants aux doigts mais ses mains sont transpercées par les clous ; il n’a pas de trésor mais il est vendu pour trente pièces.

Ecce homo, Philippe de Champaigne
Ecce Homo, P. De Champaigne
Vraiment le royaume de Jésus n’est pas de ce monde  ; mais en lui, nous dit l’Apôtre Paul dans la seconde lecture, nous trouvons la rédemption et le pardon. Car la grandeur de son règne n’est pas la puissance selon le monde mais l’amour de Dieu, un amour capable de rejoindre et de guérir toute chose. Par cet amour, le Christ s’est abaissé jusqu’à nous, il a habité notre misère humaine, il a éprouvé notre condition la plus misérable : l’injustice, la trahison, l’abandon; il a fait l’expérience de la mort, du tombeau, des enfers. De cette manière, notre Roi est allé jusqu’aux limites de l’univers pour embrasser et sauver tout être vivant. Il ne nous a pas condamnés, il ne nous a même pas conquis, il n’a jamais violé notre liberté mais il s’est fait chemin avec l’humble amour qui excuse tout, qui espère tout, qui supporte tout. Seul cet amour a vaincu et continue à vaincre nos grands adversaires : le péché, la mort, la peur.

Aujourd’hui, chers frères et sœurs, nous proclamons cette singulière victoire par laquelle Jésus est devenu Roi des siècles, le Seigneur de l’histoire : par la seule toute puissance de l’amour qui est la nature de Dieu, sa vie même, et qui n’aura jamais de fin. Avec joie nous partageons la beauté d’avoir Jésus comme notre Roi : sa seigneurie d’amour transforme le péché en grâce, la mort en résurrection, la peur en confiance...

Homélie du pape François, 20 novembre 2016

dimanche 19 avril 2020

Dieu seul peut...


Dieu seul peut créer, mais tu peux valoriser ce qu'il a créé,
Dieu seul peut donner la vie, mais tu peux la transmettre et la respecter.
Dieu seul peut donner la santé, mais tu peux orienter, guider, soigner.
Dieu seul peut donner la Foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut infuser l’Espérance, mais tu peux rendre la confiance à ton frère.
Dieu seul peut donner l’Amour, mais toi tu peux apprendre à l'autre à aimer.
Dieu seul peut donner la joie, mais tu peux sourire à tous.
Dieu seul peut donner la force, mais toi tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l'indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux des autres.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire des miracles, mais tu peux être celui qui apporte les cinq pains et les deux poissons.
Dieu seul pourra faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui même mais il a préféré compter sur toi !
Père Guy Gilbert

dimanche 12 avril 2020

La Pâque du Seigneur...


Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ : A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

C'est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l'homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l'homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l'esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l'idolâtrie du monde comme de la terre d'Egypte ; il nous a libérés de l'esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.

C'est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C'est lui qui a frappé le péché et a condamné l'injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l'Egypte.

C'est lui qui nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C'est lui qui est la Pâque de notre salut.

C'est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient ; en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu ; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l'agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé.

C'est lui qui s'est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d'entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.

C'est lui, l'agneau muet ; c'est lui l'agneau égorgé ; c'est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c'est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n'ont pas été brisés ; dans la terre, il n'a pas connu la corruption ; il est ressuscité d'entre les morts et il a ressuscité l'humanité gisant au fond du tombeau.
Sermon de Méliton de Sardes sur la Pâque

samedi 11 avril 2020

"Eveille-toi, ô toi qui dors"


Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler. [...]
C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. Oui, c'est vers Adam captif, en même temps que vers Eve, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. [...]
Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres : "Mon Seigneur avec nous tous !" Et le Christ répondit à Adam : "Et avec ton esprit." Il le prend par la main et le relève en disant : "Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.

"C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils : c'est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes ; Sortes. A ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. A ceux qui sont endormis : Relevez-vous.

"Je te l'ordonne : Eveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, oeuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Eveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.

"C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c'est pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin.

"Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

"Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. [...]

"Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.

"Lève-toi, partons d'ici. L’ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t'adorent comme un Dieu. [...]

"Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité."
Homélie ancienne pour le grand et saint samedi "Eveille-toi, ô toi qui dors"

jeudi 9 avril 2020

Le lavement des pieds...

"L'homme est au centre des préoccupations de Jésus. La religion de Jésus, c'est la religion de l'homme parce que justement, le royaume de Dieu est au-dedans de nous et jamais cette religion de l'homme n'éclate de manière plus émouvante et plus tragique qu'au lavement des pieds. C'est un des derniers gestes de Jésus et c'est là que nous pouvons lire l'éternel et nouveau Testament: Jésus est à genoux devant ses disciples, à genoux devant Judas qui l'a vendu, à genoux devant Pierre qui va le trahir, à genoux devant Jean qui va s'endormir au jardin de l'Agonie, à genoux devant tous les autres qui vont s'enfuir quand ils verront la partie perdue.
Pourquoi est-il à genoux ? Justement parce qu'il veut dans un dernier élan d'amour, il veut mettre ses disciples du côté de l'amour, du côté de la rédemption. Il veut les associer au mystère qui va s'accomplir et où il va s'enfoncer tout seul dans la nuit effroyable qui fera jaillir de ses lèvres un cri de désespoir. Il tente une dernière fois de bousculer les idoles et de les mettre en face d'un Dieu intérieur à eux-mêmes - il n'y en a pas d'autre -, un Dieu au-dedans de nous, un Dieu dont la caractéristique est justement d'être un pur dedans. Il n'a pas de dehors. Il est là, comme une musique silencieuse, au plus profond de nos coeurs. Il ne cesse de nous attendre pour nous transformer en lui.

C'est à ce Dieu-là que Jésus veut conduire l'homme mais, pour que l'homme découvre ce Dieu, il faut que l'homme se transforme, qu'il naisse de nouveau, qu'il consente à l'amour, qu'il se donne à dieu comme Dieu se donne à lui."
Maurice Zundel

dimanche 29 mars 2020

Carême, Lazare(s)...


…Si quelqu’un vient des morts vers eux, ils feront pénitence. Ce que le riche suppose du cœur de tous, ce qu’il attend des désirs de tous, ce qu’il attribue aux vœux de tous les humains, tous nous le susurrons : Oh! Si quelqu’un venait de chez les morts, et rapportait ici ce qui s’y passe, tout le monde le croirait ! Ce genre de discours est celui de personnes qui doutent ! Qui vient ici d’où personne ne vient ? Qui prouvera qu’après la mort on existe encore ?

Car comme le riche l’avait demandé, Dieu envoya Lazare dans un autre Lazare…

Et le Christ venu du ciel et revenu lui-même des enfers, a enseigné par la parole et a confirmé ce qui est réservé aux justes dans le ciel, et quels sont les maux que l’on doit s’attendre à trouver en enfer. Mais peut-être que nous ne croyons pas non plus en ces choses, et que nous ne voulons pas que le Christ revienne, parce que nous ne voulons pas que le monde passe, mais surtout parce que nous nous lamentons de la disparition des vices.
Le Christ n’est pas venu mettre en échec la vie mais la mort. Il est venu mettre la mort en échec, non la vie, rappeler le monde à Lui, non le détruire, anéantir les vices, non réduire à rien sa créature. Prions, mes frères, pour qu’à son retour le Christ nous trouve capables de participer à son règne, selon son désir et son commandement.
St Pierre Chrysologue, 66ème sermon 

dimanche 22 mars 2020

Carême, la lumière du monde...



Au début de son évangile Saint Jean nous dit dans le prologue: “Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme; il venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu”...  
 ...Jésus vit un homme qui n’a pas de nom, qui ne demande rien et qui était aveugle depuis sa naissance. Dieu ne passe pas outre la misère de ses enfants: ”J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris; je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer, dit Dieu à Moise dans le livre de l'Exode. Nous sommes bien la seule religion qui ose prétendre que ce n’est pas l’homme qui cherche Dieu, mais Dieu qui inlassablement vient à la recherche de l’homme qui erre en exil loin de sa Terre Promise. Impossible d’imputer à ce malheureux aveugle la responsabilité de sa maladie: elle est de naissance. Cet homme ne fait que manifester dans sa chair l’état de cécité de notre humanité tout entière depuis qu’elle est privée de la grâce divine. En voyant l’aveugle, Jésus reconnaît pourtant celui en qui l’œuvre de Dieu devait se manifester. 
Quelle est cette œuvre de Dieu, cette œuvre du Père? Dans le discours du pain de Vie, Jésus nous donne la réponse: “L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qu’il a envoyé”. Son œuvre est de nous éclairer de la lumière de la foi. L’œuvre que Jésus réalise, et à laquelle il associe ses disciples quand il dit: “il nous faut réaliser”, c'est de manifester l’action de Dieu et révéler ainsi sa bienveillance paternelle envers les hommes. C’est bien le même Père qui aux origines façonna l’homme avec la glaise prise du sol, qui maintenant avec la salive et les mains de son Fils, fait  de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle. Autrement dit, en guérissant l’aveugle-né, Jésus pose un acte de révélation de sa vraie nature, il est l’Envoyé du Père, venu libérer les hommes de la nuit du péché et faire briller sur eux la lumière de Dieu. 
Lors de la fête des Tentes, on lavait l’autel du Temple avec de l’eau de Siloé pour signifier la purification du peuple et obtenir de Dieu la fécondité des terres. En demandant à l’aveugle-né de s’y laver: ”Va te laver à la piscine de Siloé”, Jésus l’introduit dans une vie nouvelle qui va se révéler féconde pour cet homme. Et soulignant la signification du nom de la source, Siloé, c’est-à-dire l'“Envoyé”, saint Jean affirme que par cette eau, d’une part, Jésus se révèle comme l”Envoyé” du Père, et, d’autre part, l’aveugle est constitué “envoyé” de Jésus, témoin fidèle de celui qui l’a guéri... ...Plongé avec le Christ dans les ténèbres de la mort, enseveli avec lui en terre, l’aveugle va être illuminé par l’Esprit, qui l’introduira dans la vie même du Christ ressuscité. 
Le contraste est impressionnant: celui qui ne voit pas au commencement croit en Jésus, et ceux qui voient ne croient pas. C’est tout un chemin de foi que parcourt l’aveugle et il est nous donné comme exemple et modèle. L’aveugle-né, en effet croit immédiatement à la parole de Jésus, avant même d’être guéri. Il connaît le nom de Jésus, mais ne sait rien de plus. Il lui faut passer de la lumière des yeux à la lumière de la foi. Autour de lui, la division apparaît et s’installe. 
Peut-être, pour l’aveugle comme pour nous, la foi doit-elle encore être éprouvée par la contradiction, purifiée par l’épreuve, fortifiée par le témoignage, jusqu’à ce qu’enfin le Seigneur se révèle dans une seconde rencontre qui nous conduise, lui comme nous, à choisir résolument et définitivement Jésus comme notre Seigneur et Sauveur adoré. “Je crois Seigneur”, et il se prosterne devant la divinité du Fils de Dieu. La guérison de l’aveugle-né l’a conduit à la plénitude de la foi en Jésus. L’ancien aveugle est ainsi la figure de l’illumination baptismale dans laquelle nous recevons Jésus, lumière du monde, qui vient conduire chaque homme vers le Père. 
Au commencement de notre évangile Jésus a dit: ”Il nous faut réaliser l’œuvre de Dieu”. Nous qui sommes devenus par le baptême “enfants de lumière”, nous devons transmettre aux autres cette lumière de la foi par le témoignage de notre vie...
P. Philippe Vanderheyden Monastère de Chevetogne




dimanche 15 mars 2020

Carême, rencontre...


"Jésus donc, fatigué par la route, s'était assis au bord du puits. C'était environ la sixième heure. Déjà commencent les mystères. Car ce n'est pas sans raison que Jésus est fatigué ; car ce n'est pas sans raison qu'est fatiguée la Force de Dieu : car ce n'est pas sans raison qu'est fatigué celui qui refait les forces des fatigués ; car ce n'est pas sans raison qu'est fatigué celui dont l'abandon cause nos fatigues, dont la présence nous réconforte. Jésus cependant est fatigué, et il est fatigué par la route ; il s'assied, et il s'assied au bord du puits, et c'est à la sixième heure qu'il s'assied, fatigué. Tous ces détails signifient quelque chose, ils veulent indiquer quelque chose ; ils nous rendent attentifs, ils nous exhortent à frapper. Qu'il nous ouvre donc lui-même, et à nous comme à vous, celui qui a daigné nous exhorter en disant : Frappez et l'on vous ouvrira. C'est pour toi que Jésus est fatigué par la route. Nous trouvons Jésus qui est la Force même, et nous trouvons Jésus qui est faible. Jésus fort et faible, fort car au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ; il était au commencement auprès de Dieu. Veux-tu voir à quel point ce Fils de Dieu est fort ? Tout par lui a été fait et sans lui rien n'a été fait, et sans peine il a tout fait. Qu'y a-t-il donc de plus fort que celui par qui, sans peine, tout a été fait ? Veux-tu connaître sa faiblesse ? Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. La force du Christ t'a créé, la faiblesse du Christ t'a recréé. La force du Christ a donné l'existence à ce qui n'était pas, la faiblesse du Christ a préservé de la mort ce qui était. Il nous a créés par sa force, il nous a recherchés par sa faiblesse.

[...] Vient une femme. Figure de l'Eglise qui n'était pas encore justifiée, mais qui allait bientôt le devenir, car telle sera l'œuvre de la parole. Elle vient sans rien savoir, elle le rencontre, et il s'entretient avec elle. [...] Ecoutons-nous donc en elle, reconnaissons-nous en elle et en elle rendons grâce à Dieu pour nous. Elle était une figure en effet, et non pas la réalité ; et parce qu'elle-même offrait par avance une figure, elle est aussi devenue réalité. Car elle a cru en celui qui nous la proposait comme figure. Elle vient donc puiser de l'eau. Elle était venue simplement puiser de l'eau, comme les hommes ou les femmes ont coutume de le faire...."

Saint Augustin, Homélie XV sur l'Evangile de Jean

vendredi 21 février 2020

Ce qui est humble, il le regarde...

Saint Augustin

Nous l’avons entendu, et rien n’est plus manifeste ; nous étions allés au dehors, et nous avons été renvoyés à l’intérieur. Oh, se dira quelqu’un, si je trouvais quelque montagne élevée et solitaire ! car je crois que Dieu habite les endroits élevés, et qu’il m’entend mieux du faîte de ces hauteurs. Pour être sur une montagne, tu te crois proche de Dieu ; tu te considères comme plus à portée d’être entendu de lui, vu que tu t’adresses à lui de plus près. A la vérité, il habite les hauteurs, "mais il regarde les humbles. Dieu est proche". De qui ? Peut-être de ceux qui sont élevés ? De ceux qui ont brisé leur coeur (Ps. 33, 19).
Chose merveilleuse ! Il habite les hauteurs, et il est proche des humbles. Ce qui est humble, il le regarde ; ce qui est élevé, il ne le connaît que de loin (Ps 137, 6). Les orgueilleux, il les voit de loin, et ils lui sont d’autant moins proches qu’ils se jugent plus élevés. Tu cherchais donc une montagne ? Descends pour y parvenir. Mais veux-tu monter ? Monte, mais sans chercher une montagne. Il a placé dans son coeur les degrés par lesquels il s’élève (ainsi s’exprime le Psalmiste) au travers de cette vallée de larmes (Ps 83, 6, 7). Toute vallée est basse, c’est dans ton coeur que tout doit se passer. Que s’il te faut quelque lieu élevé, quelque lieu saint, fais de toi-même et intérieurement un temple au Seigneur. Car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple (1 Cor 3, 17). Veux-tu prier dans un temple ? Prie en toi-même ; mais auparavant, sois le temple de Dieu ; car c’est dans son temple qu’il écoute ceux qui le prient.
Saint Augustin, "homélies sur l'Evangile de Jean"

dimanche 26 janvier 2020

La prière, St Bernard de Clairvaux

 Mais quand je vous parle de la prière, il me semble entendre au fond de votre coeur, certaines réflexions inspirées par la sagesse humaine, que j'ai moi-même entendues, plusieurs fois dans le mien. A quoi tient-il, en effet, que, ne cessant presque jamais de prier, il soit si rare que nous recueillions quelques fruits de la prière ? Il semble que nous nous retrouvons après avoir prié, comme nous étions auparavant. Personne ne nous répond un mot, personne ne nous accorde rien, il semble vraiment que c'est en pure perte que nous prenons la peine de prier. 
Mais qu'est-ce que le Seigneur nous dit dans son Évangile? " Ne jugez point selon l'apparence, mais jugez selon la justice (Jean VII, 24). " Or qu'est-ce que juger selon la justice, si ce n'est juger selon la foi puisque le juste vit de la foi (Abac II, 4). Rapportez-vous-en donc au jugement de la foi, non à ce que vous éprouvez, puisque la foi ne trompe point et que l'expérience nous induit en erreur. Or où trouver la vérité de la foi, sinon dans les promesses du Fils de Dieu lui-même qui nous dit : " Tout ce que vous demanderez dans la prière, croyez que vous le recevrez, et qu'il vous sera fait selon que vous le désirerez, (Matth. XXI, 22).

Par conséquent, qu'aucun de vous , mes frères, ne regarde sa prière comme étant de peu de valeur, attendu que celui que nous prions, je puis vous l'affirmer, est loin d'en faire peu de cas. Elle n'est pas encore tombée de nos lèvres que déjà il l'a fait inscrire dans son livre, et nous pouvons être assurés d'une chose, c'est que s'il ne nous accorde pas ce que nous lui demandons, il nous donnera certainement quelque chose qu'il sait devoir nous être plus utile. Car nous ne savons point ce qu'il faut que nous demandions dans nos prières. Mais il aura pitié de notre ignorance, et, recevant notre prière avec bienveillance, s'il ne nous accorde point ce qui ne peut nous être d'aucun bien, ou ce dont nous n'avons point encore besoin, notre prière n'est point stérile pour cela.
Non, elle ne le sera, point, surtout si nous faisons ce qui nous est recommandé par le Psalmiste, c'est-à-dire si nous mettons nos délices dans le Seigneur.