Affichage des articles dont le libellé est Eglise d'Orient. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Eglise d'Orient. Afficher tous les articles

dimanche 22 mars 2020

Carême, la lumière du monde...



Au début de son évangile Saint Jean nous dit dans le prologue: “Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme; il venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu”...  
 ...Jésus vit un homme qui n’a pas de nom, qui ne demande rien et qui était aveugle depuis sa naissance. Dieu ne passe pas outre la misère de ses enfants: ”J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris; je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer, dit Dieu à Moise dans le livre de l'Exode. Nous sommes bien la seule religion qui ose prétendre que ce n’est pas l’homme qui cherche Dieu, mais Dieu qui inlassablement vient à la recherche de l’homme qui erre en exil loin de sa Terre Promise. Impossible d’imputer à ce malheureux aveugle la responsabilité de sa maladie: elle est de naissance. Cet homme ne fait que manifester dans sa chair l’état de cécité de notre humanité tout entière depuis qu’elle est privée de la grâce divine. En voyant l’aveugle, Jésus reconnaît pourtant celui en qui l’œuvre de Dieu devait se manifester. 
Quelle est cette œuvre de Dieu, cette œuvre du Père? Dans le discours du pain de Vie, Jésus nous donne la réponse: “L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qu’il a envoyé”. Son œuvre est de nous éclairer de la lumière de la foi. L’œuvre que Jésus réalise, et à laquelle il associe ses disciples quand il dit: “il nous faut réaliser”, c'est de manifester l’action de Dieu et révéler ainsi sa bienveillance paternelle envers les hommes. C’est bien le même Père qui aux origines façonna l’homme avec la glaise prise du sol, qui maintenant avec la salive et les mains de son Fils, fait  de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle. Autrement dit, en guérissant l’aveugle-né, Jésus pose un acte de révélation de sa vraie nature, il est l’Envoyé du Père, venu libérer les hommes de la nuit du péché et faire briller sur eux la lumière de Dieu. 
Lors de la fête des Tentes, on lavait l’autel du Temple avec de l’eau de Siloé pour signifier la purification du peuple et obtenir de Dieu la fécondité des terres. En demandant à l’aveugle-né de s’y laver: ”Va te laver à la piscine de Siloé”, Jésus l’introduit dans une vie nouvelle qui va se révéler féconde pour cet homme. Et soulignant la signification du nom de la source, Siloé, c’est-à-dire l'“Envoyé”, saint Jean affirme que par cette eau, d’une part, Jésus se révèle comme l”Envoyé” du Père, et, d’autre part, l’aveugle est constitué “envoyé” de Jésus, témoin fidèle de celui qui l’a guéri... ...Plongé avec le Christ dans les ténèbres de la mort, enseveli avec lui en terre, l’aveugle va être illuminé par l’Esprit, qui l’introduira dans la vie même du Christ ressuscité. 
Le contraste est impressionnant: celui qui ne voit pas au commencement croit en Jésus, et ceux qui voient ne croient pas. C’est tout un chemin de foi que parcourt l’aveugle et il est nous donné comme exemple et modèle. L’aveugle-né, en effet croit immédiatement à la parole de Jésus, avant même d’être guéri. Il connaît le nom de Jésus, mais ne sait rien de plus. Il lui faut passer de la lumière des yeux à la lumière de la foi. Autour de lui, la division apparaît et s’installe. 
Peut-être, pour l’aveugle comme pour nous, la foi doit-elle encore être éprouvée par la contradiction, purifiée par l’épreuve, fortifiée par le témoignage, jusqu’à ce qu’enfin le Seigneur se révèle dans une seconde rencontre qui nous conduise, lui comme nous, à choisir résolument et définitivement Jésus comme notre Seigneur et Sauveur adoré. “Je crois Seigneur”, et il se prosterne devant la divinité du Fils de Dieu. La guérison de l’aveugle-né l’a conduit à la plénitude de la foi en Jésus. L’ancien aveugle est ainsi la figure de l’illumination baptismale dans laquelle nous recevons Jésus, lumière du monde, qui vient conduire chaque homme vers le Père. 
Au commencement de notre évangile Jésus a dit: ”Il nous faut réaliser l’œuvre de Dieu”. Nous qui sommes devenus par le baptême “enfants de lumière”, nous devons transmettre aux autres cette lumière de la foi par le témoignage de notre vie...
P. Philippe Vanderheyden Monastère de Chevetogne




dimanche 12 janvier 2020

Théophanie... le baptême du Christ.


Celui qui se revêt de lumière comme d'un manteau,
a daigné nous devenir semblable
il se couvre aujourd'hui des flots du Jourdain,
non qu'il ait besoin de se purifier,
mais parce qu'il scelle notre renaissance en sa personne.
Ô prodige ! Il refond sans flamme,
il refaçonne sans broyage
et il sauve ceux qui sont en lui,
le Christ Dieu et Sauveur de nos âmes.
 
Toi qui, dans le feu et l'esprit, purifie le péché du monde,
Jean-Baptiste te vit venir à lui et s'écria dans la crainte et le tremblement
je n'ose toucher ta tête immaculée !
Mais toi, maître, seul ami des hommes, sanctifie-moi par ta théophanie.
 
Evangile arménien (Ph. abbaye En Calcat)
Venez, imitons les vierges sages
venez, allons au-devant du seigneur qui s'est présenté à Jean comme l'époux,
le Jourdain fut stupéfait et il s'arrêta,
Jean s'écria: je n'ose toucher ta tête immortelle
l'Esprit descendit sous forme d’une colombe
et une voix dans le ciel clama :
Celui-ci est mon fils bien aimé venu en ce monde sauver l’humanité

Seigneur, gloire à toi !

Le Christ est baptisé
il sort de l'eau et relève le monde avec lui
il voit ouverts les cieux qu'Adam avait fermés
l'Esprit rend témoignage a la divinité
et une voix retentit dans le  ciel
car c'est de là que venait celui qui recevait ce témoignage,

le Sauveur de nos âmes.

La main de Jean-Baptiste trembla lorsqu’elle toucha ta tête immaculée
le Jourdain retourna en arrière n'osant se mettre à ton service
et comment celui qui avait craint Jésus, pouvait-il ne pas trembler devant son Créateur ?
Mais tu as accomplis tout ce qui avait été fixé, pour sauver le monde par ta théophanie
ô Sauveur, seul ami des hommes.

Missel Franciscain (Ph. Abbaye En Calcat)
Voulant accomplir, Seigneur, ce que tu as établi de toute éternité
tu as pris dans toute la création les artisans de ton incarnation :
Gabriel chez les anges,
la Vierge chez les hommes,
l' étoile dans les cieux,
parmi les eaux, le Jourdain ;
et en lui tu as effacé le péché du monde.

Notre Sauveur, gloire à toi !

Te voyant venir à lui sur les bords du Jourdain
Jean te dit : pourquoi, Seigneur, pourquoi venir vers ton serviteur,
ô Christ toi qui es sans tâche ?
Au nom de qui je te baptiserai ?
Du Père ? Mais tu le portes en toi.
Du Fils ? Mais tu l'es, Incarné.
Du Saint-Esprit ? Mais c'est toi qui le donnes par un souffle de ta bouche
ô Dieu qui nous es apparu, gloire à toi

La mer le vit et s'enfuit : le Jourdain retourna en arrière

Les eaux te virent, Seigneur
les eaux te virent et furent dans la crainte.
Car les chérubins ne peuvent regarder ta gloire ni les séraphins la contempler,
mais t’entourant avec crainte les uns te portent et les autres glorifient ta puissance.
C'est avec eux, ô compatissant, que nous proclamons tes louanges
ô Dieu qui nous es apparu, aie pitié de nous

Qu'as-tu mer à fuir et toi, Jourdain, à retourner en arrière

En ce jour le créateur du ciel et de la terre
s'approche du Jourdain en sa chair
pour demander le baptême, lui le sans-péché
afin de purifier l'univers de la séduction de l'ennemi.
Il est baptisé par un esclave, le maître de toutes choses
et il donne au genre humain d'être purifié par l'eau.
Dieu qui nous es apparu, gloire à toi

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit
maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.

Voyant le soleil sorti de la vierge
demander le baptême dans le Jourdain,
Jean né de la femme stérile
lui cria avec une crainte mêlée de joie
« c'est à toi de me sanctifier, ô maître, par ta sainte Théophanie ».

Texte extrait de l'office des Grandes Complies
de la Théophanie de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ
Liturgie orthodoxe 


lundi 25 février 2019

Kurisumala Ashram, une abbaye cistercienne au Kerala.


Un ashram cistercien dans les montagnes du Keral, en Inde du sud...
Le père Francis Mahieu, moine de l´abbaye de Scourmont en Belgique, fonde l´ashram de Kurisumala en 1958, ashram qui reçoit son affiliation à l´ordre cistercien en 1998.
Une belle liturgie unit les rites syriens et indiens...
Un film réalisé par Leo Brézin et proposé par KTO...

lundi 4 février 2019

"Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ"

 "Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ"


Voilà la règle du christianisme dans toute sa perfection, voilà la définition la plus exacte, la cime la plus haute, rechercher l'intérêt de tous. Ce que l'apôtre déclare en ajoutant : "comme je le suis moi-même du Christ". En effet rien ne peut nous rendre des imitateurs du Christ comme notre zèle pour le bien du prochain. Vous aurez beau jeûner, coucher par terre, vous étrangler, si vous n'avez pas un regard pour votre prochain, vous n'avez rien fait de grand, et quoi que vous ayez pu faire, vous demeurez encore bien loin de ce modèle... c'est qu'il ne peut pas être de vertu parfaite, si l'on ne recherche pas l'utilité d'autrui ; et c'est ce qui résulte de l'histoire de celui qui rapporta le talent intact et fut livré au supplice, parce qu'il ne l'avait pas fait fructifier. Toi donc, mon frère, même si tu t'abstiens de nourriture, que tu couches par terre, que tu manges de la cendre et ne cesses de gémir, si tu es inutile au prochain, tu n'as rien fait de grand. C'était là en effet autrefois la première préoccupation des hommes grands et généreux. Considérez attentivement leur vie, et vous verrez clairement qu'aucun d'eux ne considérait son intérêt propre, que chacun d'eux au contraire ne voyait que l'intérêt du prochain : ce qui a rehaussé leur gloire.


St Jean Chrysostome  
Homélies sur la 1ère épître aux Corinthiens, 

lundi 14 janvier 2019

Epiphanie : le baptême du Seigneur


Jean remplit aujourd’hui sa charge: par lui, plongé dans le Jourdain, Le Créateur de toutes choses lave les eaux en s’y lavant.

 Celui qui est né de la Vierge ne vient pas être purifié, Mais enlever par son baptême les péchés de tous les humains.

Tandis que le Père proclame: "Voici mon Fils, mon bien-aimé", que l’Esprit Saint descend du ciel sous la forme d’une colombe,

En l’expression de ce mystère brille le salut de l’Église, et les trois personnes demeurent un seul Dieu par tout l’univers.

O Christ, ô Vie, ô Vérité, Toute gloire te soit rendue: du haut des cieux, Père et Esprit te font briller de leur splendeur !
"Implente munus debitum Ioanne"

jeudi 25 octobre 2018

L'homme ne se réalise qu'à travers l'amour...


Avant le commencement était l'amour. Par lui, tout fut créé de toute éternité; sans lui, rien n'aurait existé. Depuis l'origine était l'amour qui est le fondement de l'univers, la loi et le terme de toute chose. Rien ne restera, tout périra hormis l'amour.
Dieu est amour et vérité. Dieu est le véritable amour. L'univers de Dieu est celui de l'amour, celui de la vérité; et il n'y a pas de vérité en dehors de l'amour.
L'homme ne se réalise qu'à travers l'amour ; il ne parvient à la vérité qu'en Dieu. Il appartient à Dieu parce qu'il est le fils de l'amour, le fils de Dieu, et sa véritable demeure est en Dieu.

Il y a un chemin qui mène à l'univers divin : le Christ est ce chemin. Il est la vérité incarnée ; il est la manifestation de la vérité de la vie. Tout homme est appelé à emprunter ce chemin durant son voyage de ce monde vers l'au-delà. Et comme pour chaque voyage dans ce monde l'homme doit s'approvisionner, la seule provision, la seule arme, c'est l'amour. Cet amour ne peut qu'englober tous les hommes gratuitement, sans conditions ni limites. C'est ainsi que Dieu vous aime. Aimez-vous donc les uns les autres de ce même amour qu'est l'amour de Dieu.
Laissé à lui-même, l'homme ne peut pas se donner cet amour. Il le reçoit de Dieu, en Jésus-Christ, par l'Esprit. Pour ce faire, il faut prier. 
Par la prière seulement s'acquiert l'amour de Dieu le Père, source de l'amour, par Dieu le Fils, Jésus Christ, amour incarné, par l'Esprit de Dieu, Esprit d'amour. Priez donc pour avoir cet amour afin que vous aimiez tous les hommes gratuitement, sans limites ni conditions, comme Dieu vous aime. Vous serez alors les fils de Dieu. L'homme est né du cœur de Dieu, et au cœur de Dieu il retournera.

Tombeau de Saint Charbel



lundi 6 août 2018

Méditation sur la fête de la Transfiguration

Méditation sur la fête de la Transfiguration  avec le Père Lev Gillet

"...Essayons maintenant de considérer quelques aspects du récit évangélique de la Transfiguration. Jésus prend avec lui ses trois plus intimes disciples. Dieu se manifeste parfois aux pécheurs d’une manière extraordinaire. Mais, en général, le privilège de contempler Dieu et d’entrer dans la joie de la Transfiguration est réservé à ceux qui ont suivi longtemps et fidèlement le Maître.
Jésus conduit ses disciples sur une haute montagne. Avant d’atteindre à la lumière de la Transfiguration, les ascensions pénibles de l’ascèse sont nécessaires.
L’aspect habituel de Jésus est changé. Sa face resplendit " comme le soleil ". Son vêtement devient " d’une blancheur fulgurante ". C’est en ceci que consiste la Transfiguration. Ce Jésus que les disciples connaissaient bien et dont l’aspect, dans la vie quotidienne, ne différait pas de celui des autres leur apparaît soudain sous une forme nouvelle et glorieuse. Une expérience semblable peut se produire, dans notre vie intérieure, de trois manières. Parfois notre image intérieure de Jésus devient (aux yeux de notre âme) si lumineuse, si resplendissante, qu’il nous semble vraiment voir la gloire de Dieu sur sa face : la beauté divine du Christ devient en quelque sorte pour nous un objet d’expérience. Parfois aussi nous éprouvons d’une façon intense que la lumière intérieure, cette lumière donnée à tout homme venant en ce monde pour guider sa pensée et son action, s’identifie à la personne de Jésus-Christ : la puissance de la loi morale se fond avec la personne du Fils, l’attrait du sacrifice nous fait entrevoir le Sauveur sacrifié et entendre son appel. Parfois enfin nous devenons conscients de la présence de Jésus dans tel homme ou dans telle femme que Dieu a mis sur notre route, surtout quand il nous est donné de nous pencher avec compassion sur leurs souffrances : cet homme ou cette femme se transfigure en Jésus-Christ, sous les yeux de la foi. On pourrait, de ce dernier fait, dégager une méthode précise de spiritualité, une méthode de transfiguration applicable à tous, partout et toujours.
Auprès de Jésus apparaissent Moïse et Élie. Moïse représente la loi. Élie représente les prophètes. Jésus est l’accomplissement de toute loi et de toute prophétie. Il est le terme final de toute l’Ancienne Alliance. Il est la plénitude de toute la révélation divine.
Moïse et Élie s’entretiennent avec Jésus de sa Passion prochaine. Cet aspect de la Transfiguration n’est, en général, pas assez remarqué. On ne peut pas, dans la vie de Jésus, séparer les mystères glorieux des mystères douloureux. C’est au moment où Jésus se prépare à sa Passion qu’il est transfiguré. Nous n’entrerons dans la joie de la Transfiguration que si, dans notre propre vie, nous acceptons la croix.
Pierre voudrait se fixer dans la béatitude de la Transfiguration. Il suggère à Jésus la construction de trois tentes. Ainsi un fidèle, au début de sa vie spirituelle, désire prolonger les " consolations ", les moments de douceur intime. Jésus laisse sans réponse la suggestion de Pierre. Ni aux premiers disciples ni à nous-mêmes il n’est permis de se soustraire aux durs travaux de la plaine et de s’établir dès maintenant dans une paix qui n’appartient qu’à la vie future.

La nuée lumineuse de la Présence divine couvre le sommet de la montagne. Du milieu de la nuée, une voix se fait entendre : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, mon Élu, écoutez-le ". Les mêmes paroles, ou presque, avaient déjà été prononcées par la même voix, lors du baptême de Jésus. Elles donnent à la scène de la Transfiguration tout son sens. Pourquoi Jésus change-t-il d’aspect ? Pourquoi s’enveloppe-t-il de lumière ? Ce n’est pas pour offrir aux apôtres un spectacle impressionnant et réconfortant. C’est pour traduire à l’extérieur le témoignage solennel que le Père rend à son Fils. Et le Père lui-même donne une conclusion pratique à la vision : " Écoutez-le ". Une grâce extraordinaire ne produit son effet que si elle nous rend plus attentifs et plus obéissants à la Parole divine.

Les disciples sont terrassés d’effroi. Jésus les touche et les rassure. " Et, eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus, seul (Mt 17,8) ". Nous pouvons trouver à cette phrase des sens divers, également vrais. D’une part, la condition normale du disciple de Jésus, en ce monde, est de s’attacher à la personne de Jésus sans que celle-ci revête les attributs extérieurs de la gloire divine ; le disciple doit voir " Jésus, seul ", Jésus dans son humilité ; si, à de rares moments, son image nous semble enveloppée de lumière, et si nous croyons entendre la voix du Père désignant le Fils à notre affection, ces éclairs ne durent pas ; et nous devons aussitôt retrouver Jésus là où il se trouve habituellement, au milieu de nos humbles et parfois difficiles devoirs quotidiens. Voir " Jésus, seul ", cela signifie encore : concentrer sur Jésus seul notre attention et notre regard, ne point nous laisser distraire par les choses du monde ni par les hommes et les femmes que nous rencontrons, bref, rendre Jésus suprême et unique dans notre vie. Est-ce à dire qu’il faille fermer les yeux au monde qui nous entoure et qui souvent a besoin de nous ? Quelques-uns sont appelés à rester absolument seuls avec le Maître : qu’ils soient fidèles à cette vocation. Mais la plupart des disciples de Jésus, vivant au milieu du monde, peuvent donner aux mots " Jésus, seul " encore une autre interprétation. Sans renoncer à un contact reconnaissant avec les choses créées, à un contact aimant et dévoué avec les hommes, ils peuvent atteindre un degré de foi et de charité où Jésus deviendra transparent à travers les hommes et les choses ; toute beauté naturelle, toute beauté humaine deviendront la frange de la beauté même du Christ ; nous verrons son reflet dans tout ce qui, en d’autres, attire et mérite notre sympathie ; bref, nous aurons " transfiguré " le monde, et, dans tous ceux sur lesquels nous ouvrirons les yeux, nous trouverons " Jésus seul ".

Le mystère de la Transfiguration a encore un autre aspect que les textes scripturaires de la fête n’indiquent pas clairement, mais que les chants liturgiques soulignent. " Pour montrer la transformation de la nature humaine… lors de ton Second et redoutable Avènement… Sauveur… tu t’es transfiguré… ô toi qui as sanctifié tout l’univers par ta lumière… ". Ces paroles, que nous chantons à matines , font allusion au caractère cosmique et eschatologique de la Transfiguration. La nature entière – qui maintenant subit les conséquences du péché, cause du mal physique – sera affranchie, renouvelée, lorsque le Christ reviendra glorieusement, à la fin des temps. Cette transformation du monde est proposée à notre croyance, à notre espoir, à notre attente. Il faut se garder toutefois d’exagérer cet aspect de la Transfiguration au détriment des autres. Les évangiles nous montrent que le sens premier, fondamental, de la Transfiguration concerne la personne même de Notre Seigneur, que son Père glorifie avant de le laisser aller à la Passion. Les effusions envers le mystère de la transfiguration de la " terre " ne doivent pas voiler cette vérité : à savoir que la Transfiguration est d’abord, avant tout, la Transfiguration du Fils bien-aimé.

Enfin la Transfiguration est aussi une révélation du Père et de l’Esprit. Elle soulève le voile qui recouvre pour nous, en cette vie terrestre, la vie intime des trois personnes divines. Disons avec toute l’Église, dans la neuvième ode des matines : " Tenons-nous spirituellement dans la cité du Dieu vivant et considérons avec admiration la divinité immatérielle du Père et de l’Esprit resplendissant dans le Fils unique ". 
Extrait du livre L'An de grâce du Seigneur,signé "Un moine de l'Église d'Orient

"