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samedi 1 octobre 2022

Ma vocation, Thérèse de Lisieux...

À l’oraison mes désirs me faisant souffrir un véritable martyre, j’ouvris les épîtres de Saint Paul afin de chercher quelque réponse. Les chapitres XII et XIII de la première épître aux Corinthiens me tombèrent sous les yeux… J’y lus, dans le premier, que tous ne peuvent être apôtres, prophètes, docteurs, etc… que l’Église est composée de différents membres et que l’œil ne saurait être en même temps la main…
1Co 12,21 ; 1Co 12,29


La réponse était claire mais ne comblait pas mes désirs, elle ne me donnait pas la paix… Comme Madeleine se baissant toujours auprès du tombeau vide
Jn 20,11-18 finit par trouver (Comme Madeleine se baissant toujours auprès du tombeau vide finit par trouver)… ce qu’elle cherchait, ainsi, m’abaissant jusque dans les profondeurs de mon néant je m’élevai si haut que je pus atteindre mon but. Sans me décourager je continuai ma lecture et cette phrase me soulagea : « Recherchez avec ardeur les dons les plus parfait mais je vais encore vous montrer une voie plus excellente. » Jn 20,11-18 Et l’Apôtre explique comment tous les dons les plus parfaits ne sont rien sans l’amour… Que la Charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu. Enfin j’avais trouvé le repos… Considérant le corps mystique de l’Église, je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par Saint Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous… La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, 1Co 13,1-3 le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux … en un mot, qu’il est éternel !…

Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, Manuscrit B

lundi 23 août 2021

Réflexions : femmes dans l'Eglise...

"...Une Femme enfante…

La vie jaillissante, qui peut l’arrêter…

L’Église est en douleur d’enfantement, submergée par ce qui la dépasse humainement, mais en espérance. On dit en espérance d’enfant… Pour l’instant, ce sont des hommes qui en sont broyés. Alors peut-être que oui, le temps des femmes est venu, celui du féminin, en tout cas. Que l’Église puisse mettre au monde tout le Vivant qu’elle porte… malgré la fureur de « l’antique Serpent ».
 Je vois combien l’échange avec le père A. disait déjà cela. Ce qu’en tant qu’hommes, ils ne sauront jamais, ils le vivent pourtant. Ils le subissent, c’est peut-être plus juste. Eux qui fécondent tout en élan, qui se donnent en donnant, qui offrent la vie mais ne peuvent pas la mettre au monde, ils doivent maintenant la mettre au monde seuls, d’une certaine façon… Le Serpent se réjouit… mais ne gagnera pas !
 
Quand le père A m’a demandé ce que vivaient les femmes en mettant au monde, je lui ai répondu : c’est le corps qui prend la main.
C’est le Corps qui prend la main… cela est. On ne peut rien entraver, rien contrôler. Même au prix de la vie, et ça me parle de l’Église.

De ce qui s’écrit, nous n’en connaissons pas l’expression matérielle mais nous en pressentons la vérité, l’inéluctable, qui échappera à toute entrave : sinon, il sera question de mort. 
Ce que certains prêtres essayent de faire entendre, comme si à regarder de façon trop vaste, à prendre trop de distance, d’autres étaient moins saisis de cette profonde convulsion, cette pulsation de vie qui appelle : ça n’est pas abstrait, c’est poignant, brûlant, bouleversante houle qui saisit et broie en même temps, terrible effort aussi, la vie lutte pour s’incarner, et chaque peur, chaque refus, chaque raideur, et même chaque tergiversation, complique sa lutte…
 Le combat des femmes, un combat pour la vie qui peut coûter la vie.
 
Ici, on l’oublie, nos sociétés permettent ou imposent le contrôle, la mort s’éloigne en apparence, il ne resterait que la joie : la péridurale a mangé la douleur… On choisit son moment, on rêve un enfant qui devient projet, mais au-delà tous ces masques, pour la moitié de la planète cela reste la passion des femmes, et elles en meurent encore.
 
L’Eglise en espérance d’enfant approche de son terme.
Crûment.
Nous pouvons lire ces mots au sens le plus brutal.
Crûment...

On ne sait pas encore. Un enfant va naître, peut-être. L’Église Épouse se tord dans les douleur de son enfantement. Il n’y a pas de péridurale pour elle… L’enfant n’est plus un rêve, il est là et il est inconnu.
Elle le croyait un projet dessiné depuis le fond des âges, blotti depuis deux mille ans dans un nid rassurant et bien construit, il est une réalité divine qui vient et déchire toutes les certitudes et tous les rêves…
L’Eglise a peur. Elle sent que tout lui échappe, elle doit devenir Corps en vérité, Corps du Ressuscité… mais pour cela, la Passion. La guerre des femmes pour la vie…
 
Alors mes sœurs religieuses, vierges, épouses, veuves et femmes sages, veillons avec Marie au chevet des hommes qui peinent à ce qui leur est demandé… 

MF  " Méditation sur la consécration des veuves, extraits"


 

lundi 8 juin 2020

Parabole...


J'ai envie de te conter une histoire courte, un peu comme une image peinte en mon cœur depuis quelques jours, je ne sais pas pourquoi.

Vois un chemin. Un long chemin de poussière et de pierre blonde. Au bout du chemin, un puits, dans un paysage aride, de longues tables rocheuses coulées de lumière, de la lavande, du thym, des fleurs menues blotties en touffes claires au creux de la roche. Vers la gauche, le plateau ploie et s'emplit de terre rousse, de hauts murs enserrent une vigne féconde, taillée et rangée, où l'on s'active.
La lumière ruisselle sur les jeunes grappes et les baigne. Patiemment.

Le maître de la vigne passe souvent sur le chemin, avec sa mère. Il veille, il conseille, il étend sa vigilance à chacun, et à chaque cep. Nul n'est oublié, il n'est pas une grappe qu'il ne remarque et qu'il ne soigne lui-même quand les ouvriers sont occupés ailleurs. Sa mère l'accompagne, apporte à boire et à manger aux ouvriers, les écoute, les console, porte leurs doléances à son fils.
Au soir, ils restent souvent à parler au puits, puis ils prennent le chemin du retour.

Au bord du chemin, il y a une vigne sauvage, qui donne du petit grain pour les oiseaux. C'est là toute sa vocation, offrir un peu de nourriture et une ombre fraîche. Elle a poussé seule, on ne sait trop comment, dans la pierre. Il y avait du soleil, et comme elle l'a vu, elle a grandi vers lui parce qu'elle espérait sa clarté.
Elle regarde passer le maître de la vigne et elle l'aime : jamais il ne manque de s'arrêter auprès d'elle et de lui parler doucement. Son regard est soleil, sa parole est pluie bienfaisante, ses mains la guident vers plus de lumière, plus de chaleur, et parfois il rit, il cueille les grains petits et acides qu'elle offre aux oiseaux, il dit : " ils apaisent ma soif", il s'assoit à son ombre et se repose enfin, et elle étire ses sarments, elle appelle la brise, elle veille sur son sommeil... Et quand il s'éveille, il sourit, laisse les feuilles étroites effleurer son front, il dit aussi : "tu es un temps de ma liberté"...
Elle l'aime. Elle est sienne, la sauvage, parce qu'elle s'est donnée pour rien. Personne ne l'a plantée, personne ne l'a taillée, et là il rit encore : c'est moi qui t'ai plantée pour moi et pour les oiseaux, pour mon repos... pour rien d'important. C'est elle alors qui rit.

Quand il ne vient pas, sa mère verse sur la pierre un vase de l'eau du puits, fraîche et vivante, et la pierre la boit. Il en reste toujours un peu dans un creux, pour le bain des oiseaux. La vigne pose son ombre là, exprès, et l'eau demeure.

Un jour s'est levé un vent ardent en tourbillons. Il a balayé le plateau, brûlant la pierre et les fleurs claires. Les murs ont vacillé, le soleil s'est fait de feu, la terre a craquelé, les oiseaux se sont enfuis. Les ouvriers ont manqué à la vigne parce qu'ils étaient saisis dans cette tourmente et cherchaient à s'abriter. Ils n'avaient pas tous vocation de martyrs. La belle vigne tremblait en son clôt, les grappes trop lourdes séchaient sur pied, les feuilles jaunissaient. Toute l'eau du puits était pour l'irrigation, mais le vent furieux la buvait largement au passage. Le maître de la vigne avait prévenu, il avait appelé, mais les ouvriers n'avaient pas entendu, alors il était là, il travaillait comme chacun. Parfois, il levait les yeux sur la vigne de son repos, il lui souriait de loin, et elle frémissait, vaillante, elle pensait à lui, elle l'aimait d'autant plus qu'il ne venait plus vers elle, sa mère non plus, il n'y avait plus d'eau pour elle.
Le vent avait balayé ses feuilles et le petit grain noir qu'elle offrait aux oiseaux : elle était nue, ses sarments s'étiraient sur la pierre, dans leur faiblesse, mais elle souriait toujours au maître. Elle l'aimait. Il savait cela.

La belle vigne souffrait. Les grains fripés s'embuaient au froid de la nuit et perdaient leurs dernières forces. Les ouvriers désertaient parce que l'ouvrage était trop dur : ils étaient peu nombreux, les nuits étaient trop froides et les jours trop brûlants. Beaucoup s'en allaient.
Le maître les regardait, il leur remettait leur salaire, et même davantage. Il les bénissait.
Un matin, il est monté jusqu'au chemin, il s'est avancé vers la vigne sauvage, il s'est agenouillé devant elle, il a touché les sarments amaigris, il a dit "veux-tu ?" Il la regardait, elle était libre, elle avait le choix, elle a dit oui, alors, d'un coup, il a tranché le cep.

Mon frère, de son cœur a jailli une eau pure et un soupir. Jamais la source n'a tari. La belle vigne a mangé la vie de la vigne aux oiseaux. Les grappes fripées ont gonflé à nouveau.
Cette vie n'était pas pour elle, elle venait de lui, elle était pour lui.
Elle n'était rien d'important.

Quand il passe sur le chemin, il sourit. Il voit l'eau jaillissante, il en boit parfois, puis il s'éloigne avec sa mère.
 Jaloux est son nom M. Felix.

jeudi 13 février 2020

L'Ordre séculier franciscain...



Mathilde et Gilles de Baudus à Narbonne
"Vivre notre couple avec saint François d'Assise"

Tu es saint, Seigneur, seul Dieu, qui fais des merveilles.
Tu es fort, tu es grand, tu es très haut, 
Tu es tout puissant, toi, Père saint, roi du ciel et de la terre,
Tu es trine et un, Seigneur, Dieu des dieux.
Tu es le bien, tout bien, le souverain  bien,
Seigneur Dieu vivant et vrai.
Tu es amour, charité, tu es sagesse.
Tu es humilité, tu es patience.
Tu es beauté, tu es sécurité, tu es quiétude.
Tu es joie et allégresse.
Tu es notre espérance.
François d'Assise, Écrits

vendredi 1 novembre 2019

Greffés sur le Christ...


Lors de la prière de l’Angélus, vendredi 1er novembre, fête de la Toussaint, le pape a tenu à rappeler la dimension profondément humaine des saints de l’Église catholique. Un thème cher à François, qui, depuis le début de son pontificat, promeut une vision humble et simple de la sainteté comme fruit d’une recherche inlassable de Dieu, loin de l’image d’un héroïsme inatteignable.
 
«Les saints de tous les temps, que nous célébrons tous ensemble aujourdhui, ne sont pas simplement des symboles, des êtres humains distants et inaccessibles. Au contraire, ce sont des gens qui ont vécu les pieds sur terre, ils ont fait l’expérience du labeur quotidien de l’existence avec ses succès et ses échecs, trouvant dans le Seigneur la force de ressusciter encore et encore et de continuer sur le chemin».

«En regardant leur vie, nous sommes encouragés à les imiter. Parmi eux, il y a beaucoup de témoins d’une sainteté d’à côté, de ceux qui vivent près de nous et qui sont le reflet de la présence de Dieu dans la mesure où la sainteté est une réponse de l’homme à un appel mais aussi un don. La sainteté est un but qui ne peut être atteint seulement par ses propres forces, mais qui est le fruit de la grâce de Dieu et de notre libre réponse à celle-ci».

«Dans cette perspective, il est important de prendre un engagement sérieux et quotidien à la sanctification dans les devoirs et les circonstances de notre vie, en essayant de vivre tout avec amour, avec charité : il s’agit de mûrir toujours plus la conscience que nous sommes greffés sur le Christ, comme le sarment est uni à la vigne, et donc nous pouvons et devons vivre avec Lui et en Lui comme enfants de Dieu».
Héloïse de Neuville, pour le journal La Croix