lundi 25 décembre 2023

Noël du point de vue de Dieu

 


Je voudrais vous parler de Noël autrement, vous parler de Noël du point de vue de Dieu. Approchons-nous comme les bergers du mystère de Dieu, du mystère du Noël de Dieu… en ôtant nos sandales, c’est-à-dire pieds nus, comme un pauvre, dans le silence du cœur.

Dieu en Jésus nous a rejoints, il a expérimenté l’homme jusqu’à en mourir. Il s’est fait petit enfant dans les bras de Marie, une enfant elle aussi, qui avait su dire oui, qui avait accepté, sans trop comprendre, le jusqu’au bout de l’amour de Dieu. Elle est là et elle nous montre son petit enfant, son agneau. Comme tant d’hommes et de femmes aujourd’hui, ils n’ont pas trouvé d’endroit où se réfugier. Rien qu’une écurie, pendant que l’auberge est pleine et qu’on y fait la fête, « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1 11), mais il demeure offert, jusqu’à la fin des temps. Offert à la crèche, livré à la Croix. Il est allé jusqu’au bout de l’amour, il a visité le séjour des morts, au plus profond de nos enfers, pour nous offrir la miséricorde du Père, nous faire entendre la prière du Père, orphelin de ses enfants…

Georgette Blaquière, message de Noël 1993 à Radio Jéricho.

dimanche 24 décembre 2023

Avent... 4eme dimanche.


Marie, mère de Dieu, va accoucher de Dieu son enfant. « Elle mit au monde son fils ». Dieu va ici nous révéler son visage : Voici le nouvel Isaac, l’Agneau offert dans les bras de Marie. Dieu est descendu jusque-là pour que nous n’ayons plus peur de lui. Comme nous avons peur de Dieu ! On ne le redira jamais assez. La peur de Dieu est ce qui nous en tient le plus éloigné. C’est le péché le plus radical en nous, le plus originel. Nous avons peur que Dieu ne nous veuille du mal. Nous avons peur de ce qu’Il va demander si nous nous approchons de Lui. Nous sommes ici mis en présence du mystère de l’amour livré jusqu’au bout pour nous apprivoiser… […]

Écoutons alors Marie nous supplier au nom du Seigneur de nous approcher… avec toutes nos vieilles peurs de Dieu. Donnons-les Lui ! Voilà le cadeau qu’il faut apporter à la crèche.

 Georgette Blaquière, « L’Évangile de Marie » 

dimanche 17 décembre 2023

Avent... 3eme dimanche

Qu’ils écoutent, qu’ils viennent à toi, qu’ils apprennent de toi à être doux et humbles, ceux qui recherchent ta miséricorde et ta vérité, en vivant pour toi, pour toi et non pour eux. Qu’il entende cela celui qui peine et qui est chargé, qui ploie sous son fardeau jusqu’à ne point oser lever les yeux vers le ciel, le pécheur qui se frappe la poitrine et n’approche que de loin. Qu’il entende le centurion qui n’était pas digne que tu entres sous son toit. Qu’il entende Zachée, le chef des publicains, quand il rend au quadruple le fruit coupable de ses péchés. Qu’elle entende la femme qui avait été pécheresse dans la ville et qui répandait d’autant plus de larmes à tes pieds qu’elle avait été plus éloignée de tes pas. Qu’ils entendent, les femmes de mauvaise vie et les publicains qui, dans le Royaume des Cieux, précèdent les scribes et les pharisiens. Qu’ils entendent les malades de toute sorte dont on te faisait un grief d’avoir été le convive, grief de soi-disant bien portants qui ne cherchaient pas de médecin alors que tu étais venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs à la pénitence. Tous ceux-là, quand ils se tournent vers toi, deviennent facilement doux et humbles devant toi, au souvenir de leur vie pleine d’iniquité et de ta miséricorde pleine de pardon, car là où le péché a abondé, la grâce a surabondé.

St Augustin : De la sainte virginité, XXXVI, 36 

dimanche 10 décembre 2023

Avent... 2eme dimanche

 Aucun des évangélistes n'a montré la divinité de Jésus d'une manière aussi absolue que Jean, qui lui fait dire : C'est moi la lumière du monde (Jn 8, 12), C'est moi le chemin, la vérité et la vie (Jn 14, 6), C'est moi la résurrection (Jn 11, 25), C'est moi la porte (Jn 10, 9), C'est moi le bon berger (Jn 10, 11), et dans l'Apocalypse, C'est moi l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin, le premier et le dernier (Ap 22, 13).

Il faut donc oser dire que, de toutes les Ecritures, les Evangiles sont les prémices et que, parmi les Evangiles, les prémices sont celui de Jean, dont nul ne peut saisir le sens s'il ne s'est renversé sur la poitrine de Jésus (Jn 13, 25) et n'a reçu de Jésus Marie pour mère. Et, comme Jean, on s'entende désigner par Jésus comme étant Jésus lui-même. Car, selon ceux qui ont d'elle une opinion saine, Marie n'a pas d'autre fils que Jésus ; quand donc Jésus dit à sa mère : Voici ton fils (Jn 19, 26) et non "Voici cet homme est aussi ton fils", c'est comme s'il lui disait : "Voici Jésus que tu as enfanté". En effet, quiconque est arrivé à la perfection ne vit plus mais le Christ vit en lui (Ga 2, 20) et puisque le Christ vit en lui, il est dit de lui à Marie: Voici ton fils, le Christ.

Origène Commentaire sur St Jean, I, 22-23

vendredi 8 décembre 2023

Marie, Vierge bénie


O femme pleine de grâce, comblée de grâce, dont la plénitude débordante fait reverdir toute la création ! O Vierge bénie, et plus que bénie : par sa bénédiction est béni tout ce qui existe, non seulement la créature par le Créateur, mais aussi le Créateur par la créature !

Ce Fils, que Dieu aimait comme lui-même parce qu'il était le seul être engendré de son cœur qui fût son égal, ce Fils, Dieu l'a donné à Marie; et l'homme né de Marie, il en a fait son Fils, non pas un autre, mais le même, de sorte qu'il est par nature le même Fils unique, commun à Dieu et à Marie. Toute la création est l'oeuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a engendré Dieu ! Dieu qui a tout fait, s'est fait lui-même à partir de Marie, et c'est ainsi qu'il a recréé tout ce qu'il avait créé. Lui qui a pu tout faire à partir de rien, il n'a pas voulu refaire sans Marie sa création profanée. 

Dieu est donc le Père de l'univers créé, et Marie la mère de l'univers recréé. Dieu est le Père de l'établissement de toutes choses, et Marie la mère de leur rétablissement. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé. 

St Anselme

dimanche 3 décembre 2023

Avent... 1er dimanche

Sa louange sans cesse à ma bouche. Le prophète semble bien faire là une promesse impossible. Comment en effet la louange de Dieu pourrait-elle être toujours dans la bouche de l'homme ? 

Quand il parle, lors de ses conversations habituelles qui ont trait à sa vie, il n'a pas la louange de Dieu à la bouche. Quand il dort, il se tait complétement. Quand il mange ou boit, comment sa bouche louerait-elle ?

Nous répondons à cela qu'il y a aussi une bouche spirituelle de l'homme intérieur, qui est nourrie quand elle reçoit la Parole de vie qui est le Pain descendu du ciel. De cette bouche parle aussi le prophète : J'ai ouvert la bouche et j'ai attiré l'Esprit. Le Seigneur nous invite également à tenir notre bouche grande ouverte pour accueillir plus abondamment les aliments de la Vérité : Ouvre largement ta bouche et je la remplirai.

La pensée de Dieu, une fois gravée et comme scellée au plus profond de l'âme, peut donc être appelée louange de Dieu, résidant toujours dans l'âme. L'homme vertueux est alors en mesure de tout faire pour la gloire de Dieu, selon le conseil de l'Apôtre, de sorte que toute action, toute parole, toute activité intellectuelle a force de louange. En effet, qu'il mange ou qu'il boive, le juste fait tout pour la gloire de Dieu.

 Basile de Césarée Homélie sur le Psaume 33

samedi 25 novembre 2023

Black Friday...

Manger, boire, se marier, acheter et vendre, planter et bâtir, tout cela qui remplit la vie et qui peut être noble, ne doit pas cacher l’avenir que Dieu fera, ni boucher l’horizon du Royaume. Puisque tout cela doit finir, la sagesse de l’Évangile dissuade de s’y attarder au point de perdre toute liberté et toute vigilance. Le chrétien vit les joies saines du monde sans cesser d’attendre celles que Dieu promet, tout comme il vit les détresses du monde sans cesser d’espérer la victoire du Dieu qui est amour. Et nous-mêmes qui essayons de vivre, au nom de l’Église, une existence vouée à la prière, il nous faut renoncer constamment à mettre notre joie et notre sécurité dans l’œuvre de nos mains ou de notre esprit, dans ces idoles qui enchaînent le cœur. Nous ne saurions adhérer aux choses, aux choses à faire et à posséder, alors que Dieu est là, le Maître des choses, qui attend notre amour.

Dieu qui est et qui était, ne cesse pas d’être le Dieu qui vient. Dieu qui s’est donné et se donne demeure toujours le Dieu qui se promet. Car dès maintenant nous sommes fils de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté (1 Jn 3, 2).

Dieu, qui nous a mis en route et qui nous accompagne, reste encore tous les jours, dans le mystère, celui qui vient au-devant de nous.

Jean-Lévêque, O.C.D.


lundi 16 octobre 2023

Espérer...

 Il faut se savoir perdu pour vouloir être sauvé, il faut avoir plongé dans l’universelle fragilité pour qu’une telle horreur du noir la rende plus nécessaire que le pain quotidien, la Lumière, pour le découvrir comme la seule piste déchiffrable.

Ce sont nos misères sur terre qui le rendent indispensable, le Livre cachant le mystère à nos pauvres vies humaines ne se reçoit pour en devenir une expression nouvelle que dans les profondeurs vertigineuses de l’espérance.

Il faut, pour qu’elles opèrent en nous la divine transformation, ces paroles faites pour atteindre en nous des racines de corruption, un cœur dépouillé de toute confiance en l’homme. Tout don de Dieu ne se reçoit en somme que dans les profondeurs vertigineuses de l’espérance.

Il ne faut pas nous étonner de nos bouleversements intimes mais nous cramponner à elle comme à une corde au-dessus du double abîme, il ne faut pas arrêter sa chute au fond de nous-mêmes mais la laisser agir. La Parole de Dieu ne sème que dans les profondeurs vertigineuses de l’espérance

 Espérer d’une espérance totale, indescriptible, espérer même à plat ventre, à terre ou immobile, espérer même broyé par la souffrance d’homme, espérer et croire qu’elle a fait ce que nous sommes,

Les profondeurs vertigineuses de l’espérance.

Textes de Madeleine Delbrêl unis et adaptés Stéphanie Lefebvre

Extraits du CD « Missionnaire sans bateau » ADF-Bayard musique

dimanche 1 octobre 2023

Carmel...

Quelques mots posés comme des flocons dans un blanc silence…

 Le mystère du Carmel, la douceur et la profondeur de Marie… indissociables.

Le silence de l'Esprit couvre le Carmel de son ombre, le garde au creux du vivant secrètement…

 Mystère de silence, mystère d'un sourire de Dieu en sa Bien-Aimée, mystère d'Épouse…

 Secrètes noces de Lumière en la Ténèbre, non pas ténèbres d'obscurs maléfices qui noient le monde, mais promesse au ventre de la Mère, Ténèbre sainte où éclot l'Enfance…

Promesse d'Enfance qui met au monde Thérèse la petite, fait éclore la Madre, épouse Elisabeth, crucifie Jean et Thérèse Bénédicte…

 Vous en savez tellement plus que moi, frères et sœurs aimés, je ne fais qu'effleurer le silence, ce vertigineux silence qui nous appelle tous, qui nous respire peut-être, chacun de nous est un peu de ce souffle, ici, sur notre terre, inhalé et expiré par le Souffle, bercé par le pas tranquille de Marie, regardé par le Christ de la Crèche à la Croix, conduit par l'indicible, l'invisible lumière de la Résurrection…

Mystère des noces où la nuit devient lumière, simplement, discrètement…

L'humble Carmel délicatement voilé par l'amour de Marie…

Humble, pauvre, chaste, malgré les travers de notre humanité…

Chaque mot comme un flocon s'efface en un instant, humblement.

 

Juste le silence.

Le profond silence…

 

Nous le partageons.


mardi 26 septembre 2023

Noces vives, Jean Bastaire

 


 

Dans sa maison, où seul le tic-tac d’une vielle horloge rappelle le temps qui passe, Jean Bastaire évoque sa femme décédée dans un recueil qu’il définit lui-même, comme le témoignage poétique de la présence centrale d’Hélène dans sa vie.

Caméscope à la main, l’écrivain filme sa machine à écrire de 65 ans d’âge, son éternel instrument de travail. Il s’attarde sur une horloge et parle du temps comme d’un ennemi, d’une présence obsédante, qui en fait un des instruments du supplice. Mais depuis la mort de sa femme, il s’est produit un basculement, où le temps lui aussi est mort. Ainsi, aujourd’hui, il construit sa vie au-delà du temps, dans une communion avec elle…

Quand Jean Bastaire parle de la mort, il affirme qu’elle n’est pas une fin, mais un passage… C’est littéralement une Pâques…Depuis la mort de sa femme, il n’a jamais été aussi proche d’elle, dit-il. C’est cette présence l’un à l’autre, qui se manifeste au-delà de la mort, qui devient une expérience de l’éternité…

Ce court témoignage filmé avec une grande poésie nous restitue avec grâce l’univers de Jean Bastaire.

Le jour du Seigneur, série Interligne
La série Interligne est la rencontre d’un auteur autour d’un de ses livres.  (ed. Arfuyen).
 Noces vives, éd Arfuyen Jean Bastaire



vendredi 8 septembre 2023

Nativité de Marie...

Puisque la Vierge Mère de Dieu devait naître de sainte Anne, la nature n’a pas osé anticiper sur la grâce : la nature demeura stérile jusqu’à ce que la grâce eût porté son fruit. Il fallait qu’elle naisse la première, celle qui devait enfanter le premier-né antérieur à toute créature, en qui tout subsiste.
Joachim et Anne, heureux votre couple !
Toute la création est votre débitrice. C’est par vous, en effet, qu’elle a offert au Créateur le don supérieur à tous les dons, une mère toute sainte, seule digne de celui qui l’a créée.
Réjouis-toi, Anne, la stérile, toi qui n’enfantais pas ; éclate en cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs. Réjouis-toi, Joachim : par ta fille un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom : Messager du grand dessein de Dieu, qui est le salut de tout l’univers, Dieu fort. Oui, cet enfant est Dieu. Joachim et Anne, heureux votre couple, et parfaitement pur ! On vous a reconnus grâce à votre fruit, selon cette parole du Seigneur : Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Vous avez eu une conduite agréable à Dieu et digne d’elle que vous avez engendrée. À cause de votre vie chaste et sainte, vous avez produit le joyau de la virginité, celle qui devait être vierge avant l’enfantement, vierge en mettant au monde, vierge après la naissance ; la seule toujours Vierge d’esprit, d’âme et de corps.
Joachim et Anne, couple très chaste ! En observant la chasteté, cette loi de la nature, vous avez mérité ce qui dépasse la nature : vous avez engendré pour le monde celle qui sera, sans connaître d’époux, la Mère de Dieu. En menant une vie pieuse et sainte dans la nature humaine, vous avez engendré une fille supérieure aux anges, qui est maintenant la Souveraine des anges.
Enfant très gracieuse et très douce ! Fille d’Adam et Mère de Dieu ! Heureux ton père et ta mère ! Heureux les bras qui t’ont portée ! Heureuses les lèvres qui, seules, ont reçu tes chastes baisers pour que tu demeures toujours parfaitement vierge.
Acclamez Dieu, terre entière, sonnez, dansez, jouez. Élevez la voix, élevez-la, ne craignez pas !

Saint Jean Damascène

mardi 15 août 2023

La servante du Seigneur...


Dans son action de grâce la Vierge souligne fortement que ce qui lui arrive à elle, la petite servante, est une bonne nouvelle pour tout le peuple de Dieu, tout particulièrement les pauvres, les humbles, les affamés, tous ceux qui attendaient leur salut de Dieu. Marie est solidaire de son peuple. Celle qui est notre mère ne saurait entrer au ciel sans ses enfants... 

Mgr Jean-Pierre Ricard, Homélie 

mardi 25 juillet 2023

Le silence devient prière


Seigneur, quand ton Esprit Saint vient habiter dans un homme, cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en lui prie sans cesse. Qu'il dorme, qu'il Veille, dans son cœur la prière est toujours à l'oeuvre. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens de la prière monte spontanément de son cœur. La prière en lui n'est plus liée à un temps déterminé, elle est ininterrompue. Même durant son sommeil, elle se poursuit, bien cachée. Car le silence d'un homme qui est devenu libre est en lui-même déjà prière. Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu. Le moindre mouvement de son cœur est comme une Voix qui, silencieuse et secrète, chante pour Toi l'Invisible. Amen. 

Saint Isaac le Syrien de Ninive

mardi 11 juillet 2023

St Benoît...

Ainsi, vous l'entendez, partout on fait l'éloge des vallées, partout on recommande l'humilité. Plantez donc là où les eaux ont établi leur cours, c'est là, en effet, que vous trouverez la grâce spirituelle en abondance, les eaux qui sont au-dessus des cieux louent le nom du Seigneur, c'est-à-dire, les bénédictions du ciel font qu'il soit loué. Établissons-nous dans l'humilité, mes frères, soyons-y plantés, si nous voulons ne point nous dessécher. Ne nous laissons point emporter à tout souffle de vent comme il est dit dans l'Écriture : « Le Seigneur tient en main toute autorité sur terre, il y suscite au bon moment le chef qu’il faut. (Si 10,4). » Jamais la tentation, quelle qu'elle soit, ne vous dominera si vous êtes sans prétention avec un regard sans ambition (Ps 130,1), et si, au contraire, vous poussez des racines profondes et solides dans l'humilité et y demeurez fortement établis. C'est ainsi que, planté le long d'un ruisseau d'eaux vives, ce saint confesseur du Seigneur a produit du fruit en son temps… 
[.....]
Quelle ne fut donc pas en effet la piété de cet homme, qui, non content d'être utile à ceux de son temps, se mit en peine de l'être aussi à ceux qui viendraient après lui ? Non seulement cet arbre a porté du fruit pour ceux qui vivaient alors, mais il en a produit qui dure et persévère jusqu'à nos jours.
Il était, certes, bien aimé de Dieu et des hommes, celui dont la présence fut en bénédiction, comme nous voyons que le fut celle de bien des saints, qui, n'étaient aimés que de Dieu, parce qu'ils n'étaient connus que de lui, mais dont le souvenir, de plus, est encore en bénédiction maintenant. En effet, jusqu'à ce jour, par la triple confession de son amour de Dieu, il paît le troupeau du Seigneur de trois sortes de fruits à la fois. Il le paît par sa vie, par sa doctrine et par son intercession. Sans cesse aidés par elle, portez aussi des fruits à votre tour, mes très chers frères, car c'est pour cela que vous avez été établis, c'est pour que vous alliez, et que vous produisiez du fruit (Jn 15,16).
St Bernard Homélie "l'arbre c'est St Benoît"



dimanche 2 juillet 2023

Saints Pierre et Paul

 


Le jour de la Sts Pierre et Paul, une belle rencontre : les pèlerins de "Jésus t'aime" se sont arrêtés à l'oratoire. Nous avons partagé une paisible célébration, puis un peu de nos vies... un beau temps d'Eglise imprévu et fécond. Les intentions qui leur ont été confiées voyageront jusqu'au Sacré-Coeur, à Paris, cachées dans la croix... 

dimanche 28 mai 2023

Pentecôte



Lorsqu'il descendit et introduisit la confusion des langues,
Le Très-Haut dispersait les nations.
Lorsqu'il partagea les langues de feu,
Il nous appela tous à l'unité
Et d'une seule voix, nous glorifions 
Le très-Saint Esprit.
 Romanos le Mélode, Hymne de la Pentecôte

jeudi 18 mai 2023

Ascension...

Réjouissons-nous en cette fête de l'Ascension où le Christ nous a fait siéger avec lui dans les cieux et nous a préparé la demeure bienheureuse qu'il avait promise auparavant, à la droite de la puissance, dans les lieux très-hauts. Car nous avons été réconciliés avec le Père pour toujours et préservés par la grâce et la miséricorde du Très-Haut. A la différence du premier Adam qui n'habitait qu'un paradis aux arbres et aux fruits terrestres et n'était visité par Dieu que de temps à autre, nous, en notre rédempteur bien-aimé, "le second Adam", nous demeurons toujours avec Dieu. 

Père Matta El-Maskîne, "la communion d'amour, Ascension"

dimanche 9 avril 2023

Humblement... Le Ressuscité !

 « Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! » La joie nous atteint en ce jour nouveau que fit le Créateur et Sauveur de l’humanité : le motif en est clair, comme nous l’avons entendu dans la séquence pascale, « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts. » Pourtant, nous sommes dans un climat assez différent de celui de la vigile pascale : à la différence du récit de l’évangile de Matthieu entendu dans la nuit, dans celui de Jean, il n’est plus question de tremblement de terre, d’apparition d’ange et pour l’instant, de manifestation du Ressuscité. Il n’y a aucun fait miraculeux ou extraordinaire quand Marie-Madeleine, Pierre et le disciple bien-aimé arrivent au tombeau. Le seul objet de l’étonnement est la pierre enlevée et l’absence du corps de Jésus. « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » La nouveauté de ce jour réside donc en un vide, une absence inattendue. Que peut-on en conclure ? Le seul détail relevé par l’évangéliste est un suaire, roulé à part, à sa place, comme pour souligner que le corps n’a pas été enlevé précipitamment mais avec calme.
Avouons frères et sœurs que ce récit de Pâques est assez décevant pour nos attentes trop humaines. Nous aurions aimé peut-être un signe éclatant, une preuve irréfutable, un coup d’éclat. Non c’est le silence et l’absence : ils nous empêchent donc de verser dans le triomphalisme ; nous ne pouvons pas célébrer la Résurrection comme une évidence qui saute aux yeux et qui s’impose à tous. Nous sommes ramenés au fond à l’humilité. L’humilité : mais n’est-ce pas là une caractéristique typique de la présence du Seigneur Jésus, doux et humble de cœur ? Le Ressuscité demeure l’Agneau qui ne s’impose pas mais qui vient à nous humblement. Et c’est donc humblement que nous devons nous-mêmes nous approcher du tombeau vide.

C’est ce que dit saint Paul, à sa manière, en évoquant le rituel juif de la pâque avec l’agneau pascal et les pains azymes non fermentés. « Célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité. » Ce n’est pas le moment de nous enfler d’orgueil, de faire gonfler nos prétentions. La Pâque du Seigneur se célèbre avec des pains qui n’ont pas fermenté, signes d’humilité et de simplicité. « Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. » Nous allons recevoir la présence du Ressuscité dans le signe du pain qui n’a pas fermenté, dans l’Eucharistie. Mais ce signe indique pour saint Paul ce que nous devons être. « Devenez ce que vous recevez. » (Saint Augustin) Il nous faut être humbles pour accueillir la présence du Ressuscité dans le signe de son absence du tombeau, comme dans celui de sa présence dans le pain et le vin.
Frère Jean Alexandre de l'Agneau OCD

dimanche 26 mars 2023

Présence de Dieu...



La présence de Dieu qui sanctifie nos âmes est cette habitation de la Trinité qui s'écoule au fond de nos cœurs, lorsqu'ils se soumettent à la divine volonté... 
Jeanne Marie Guyon, L'abandon à la divine providence, 
(longtemps attribué au père J.P. de Caussade) 

dimanche 19 mars 2023

De la braise sous nos cendres...


L'estime de nous-mêmes vient à manquer ? Plutôt que de nous lamenter et de nous enrouler dans la culpabilité ou le sentiment stérile d'être des pécheurs incorrigibles, repérer les petits pas que nous pourrions faire pour mieux habiter avec nous-mêmes et laisser le Seigneur nous dire : "Je t'aime tel que tu es : quand tu l'auras compris, tente d'accorder ta vie à l'amour que j'ai pour toi." C'est de la braise sous nos cendres...

Raphaël Buyse La Chronique, la Vie 16/02/2023

dimanche 12 mars 2023

Cendres... De la braise sous nos cendres...


Nos relations sont compliquées ? Plutôt que de nous lamenter de ne pas savoir aimer le monde entier, de ne plus supporter untel, descendre vers ce qui nous est possible, écouter notre désir d'aller plus loin dans la rencontre des autres, et entendre les voix silencieuses qui nous disent : "Tu sais, je ne suis pas tout à fait celui que tu crois : viens donc me rencontrer." C'est de la braise sous nos cendres...

Raphaël Buyse La Chronique,
la Vie 16/02/2023

dimanche 5 mars 2023

Cendres... descendre, suite.

Le carême n'a rien d'un ramonage de cheminée. C'est un temps pour descendre sous la cendre et y trouver l'incandescence enfouie en nous. Alors, dans la nuit de Pâques qui ne se réduit jamais à la case d'un calendrier, un feu nouveau naîtra au cœur de ces ténèbres que nous appelons communément la mort. Le Christ ne nous laissera jamais nous éteindre : sous la cendre, sa promesse...  

Alors ? Changer de vie en décidant à la force des poignets de prendre de bonnes résolutions ? Nous ne saurions les tenir ! Plus simplement, repérer les désirs enfouis et demander au grand Vivant de souffler sur eux pour les remettre en vie et nous donner au monde. Notre Prière est difficile ? Plutôt que de nous lamenter de ne pas savoir tenir, descendre vers ce qui est possible, écouter notre désir et la voix du Seigneur qui -doucement- murmure en nous :"Reviens !" C'est de la braise sous nos cendres...


Raphaël Buyse La Chronique, (la Vie, 16 février 2023)
 

dimanche 26 février 2023

Cendres... Il faut descendre


Il va falloir descendre ! Lorsque le bois semble avoir tout donné, quand nos foyers semblent s'éteindre, subsistent, mais en dessous, quelques braises ardentes. Sous la cendre elles rougeoient encore, bien plus longtemps qu'on ne le pense ! Quand la nuit et le froid semblent gagner la partie, il est toujours possible, à partir d'elles, d'allumer un feu nouveau qui réchauffera toute la maison. Les cœurs aussi y prendront leur lumière. 
Magnifique symbolique : sous la cendre qui marque nos fronts sommeille le feu qui n'attend qu'à reprendre. C'est l'heure de repérer le charbon incandescent qui dort en nous, de veiller sur lui et de le maintenir au chaud en nous. Et d'appeler sur nous le grand Souffle : pendant 40 jours, il fera son oeuvre. 

Cendres en nous, les vieux pastiches sur Dieu, les expressions désuètes de la foi, nos regards jaunis sur les autres et sur nous-mêmes. Cendres en nous, notre désespérance et nos tristesses. Il faut descendre. Là-dessous, quelques braises n'attendent qu'à faire renaître le feu d'une joie simple et profonde. 
Raphaël Byuse (la Vie 16 février 2023)

mercredi 22 février 2023

Cendres...


C'est l'hiver. Les vignerons sont déjà dans les vignes à retailler les ceps. Il fait froid. La terre est verglacée. Ici et là, des petits tas de cendres attendent que la nature refasse son oeuvre... 
Le mystère de Pâques commence par le Carême et conduit à la Pentecôte : quelques cendres nous préparent à des langues de feu! 
[...] 
Parce que c'est vrai que notre monde et nos vies ressemblent souvent à de vieux cendriers refroidis qui sentent la solitude et le tabac froid... Le carême est ce temps pour réactiver le feu... 
Raphaël Buyse 
Chronique, (la Vie 16 février 2023) 

jeudi 2 février 2023

Simeon...

Tu es la porte fermée, ô Mère de Dieu
Car par toi le maître est entré et sorti, 
Et la porte de la chasteté n'a été ni ouverte ni ébranlée. Seul, il l'a franchie en la gardant intacte, 
Lui, le seul ami de l'homme.

Je vais désormais tout t'expliquer et prophétiser, 
À toi, très sainte et immaculée. Car c'est à la chute et à la résurrection que ton fils est appelé, lui, la vie, la rédemption et la résurrection de tous. 
Ce n'est pas pour la chute des uns et le relèvement des autres que le Seigneur est venu, 
Car le Dieu de miséricorde ne peut se réjouir de la chute des hommes. 
Il n'est pas venu non plus pour faire tomber ceux qui sont debout, 
Mais c'est plutôt pour relever ceux qui sont tombés qu'il est venu parmi nous, 
Rachetant de la mort sa propre créature, 
Lui, le seul ami de l'homme.

Chute et relèvement : tel est le paradoxe
Institué pour les justes à la lumière de la grâce.
Par le péché, ceux qui sont debout tombent et gisent comme des morts,
Par la justice et la foi, ils se relèvent et revivent en communion avec la grâce. 
[...]
Il éteint alors le mal et restaure le bien, 
Lui, le seul ami de l'homme.
Romanos le Mélode, Hymne de la présentation au Temple

dimanche 8 janvier 2023

Epiphanie...

 


"Jouir de la lumière à l'intime de nous-mêmes, cela ne dépend pas de nos efforts, mais du bon vouloir divin.
Souvent, au travers d'un long silence, de supplications instantes, de gémissements répétés, nous implorons d'entrer dans le resplendissement de la lumière intérieure, et nous n'obtenons pas d'être admis à ses délices.
Souvent nous ne faisons rien de tout cela pour l'obtenir, et tout à coup la grâce divine vient au-devant de nous, elle nous prend au plus profond de notre faiblesse et nous relève, elle nous emporte très haut et, au moment où nous l'attendions le moins, nous fait voir le resplendissement de sa lumière.
Car ce n'est pas par nos propres efforts que nous pouvons accéder à la contemplation des réalités célestes, mais au gré de Dieu, selon qu'il en a disposé pour nous." 
Pierre de Cava