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lundi 28 juin 2021

Admonition... St Jean Chrysostome

Personne n'était plus ignorant que Pierre, ni plus expérimenté que Paul. C'est lui-même qui l'avoue, et sans rougir : "A la vérité, je suis inhabile pour là parole, mais non pour la science". Et pourtant cet ignorant et cet inhabile ont vaincu des milliers de philosophes, ont fermé la bouche à une foule de rhéteurs, uniquement. en vertu de leur zèle et de la grâce de Dieu. Quelle excuse aurons-nous donc, nous qui ne pouvons pas même suffire à vingt personnes, qui ne sommes pas même utiles aux membres de notre famille ? Ce sont là d'inutiles objections et de vains prétextes : ce n'est pas le défaut de science ou d'habileté qui empêche d'instruire, mais la paresse et le sommeil de l'indifférence. 

St Jean Chrysostome 
Prologue pour les homélies sur l'Epitre aux Romains,

lundi 4 février 2019

"Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ"

 "Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ"


Voilà la règle du christianisme dans toute sa perfection, voilà la définition la plus exacte, la cime la plus haute, rechercher l'intérêt de tous. Ce que l'apôtre déclare en ajoutant : "comme je le suis moi-même du Christ". En effet rien ne peut nous rendre des imitateurs du Christ comme notre zèle pour le bien du prochain. Vous aurez beau jeûner, coucher par terre, vous étrangler, si vous n'avez pas un regard pour votre prochain, vous n'avez rien fait de grand, et quoi que vous ayez pu faire, vous demeurez encore bien loin de ce modèle... c'est qu'il ne peut pas être de vertu parfaite, si l'on ne recherche pas l'utilité d'autrui ; et c'est ce qui résulte de l'histoire de celui qui rapporta le talent intact et fut livré au supplice, parce qu'il ne l'avait pas fait fructifier. Toi donc, mon frère, même si tu t'abstiens de nourriture, que tu couches par terre, que tu manges de la cendre et ne cesses de gémir, si tu es inutile au prochain, tu n'as rien fait de grand. C'était là en effet autrefois la première préoccupation des hommes grands et généreux. Considérez attentivement leur vie, et vous verrez clairement qu'aucun d'eux ne considérait son intérêt propre, que chacun d'eux au contraire ne voyait que l'intérêt du prochain : ce qui a rehaussé leur gloire.


St Jean Chrysostome  
Homélies sur la 1ère épître aux Corinthiens, 

lundi 8 janvier 2018

Théophanie : l'humilité.

Giotto, le baptême du Christ

1. Le Seigneur, mes frères, vient se faire baptiser avec des esclaves, et le juge avec des criminels. Mais que cette humilité d'un Dieu ne vous trouble point, car c'est dans ses plus grands abaissements, qu'il fait paraître sa plus grande gloire. Vous étonnez-vous que Celui qui a bien voulu être durant plusieurs mois dans le sein d'une vierge, et en sortir revêtu de notre nature, qui a bien voulu depuis souffrir les soufflets, le tourment de la croix, et tant d'autres maux auxquels il s'est soumis pour l'amour de nous, ait voulu aussi recevoir le baptême, et s'humilier devant son serviteur, en se mêlant avec la foule des pécheurs? Ce qui doit nous surprendre, c'est qu'un Dieu n'ait pas dédaigné de se faire homme. Mais après ce premier abaissement, tout le reste n'en est qu'une suite naturelle.


Aussi saint Jean, pour nous préparer à cette humiliation du Fils de Dieu, dit de lui auparavant, qu'il n'est pas digne de délier le cordon de ses souliers; qu'il était le juge universel qu'il rendrait à chacun selon ses oeuvres, et qu'il répandrait les grâces du Saint-Esprit sur tous les hommes, afin qu'en le voyant venir au baptême, vous ne soupçonniez rien de bas sous cette humilité. C'est dans ce même dessein que lorsqu'il le voit présent devant lui, saint Jean lui dit pour l'empêcher: " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par  vous, et vous venez à moi ? " Comme le baptême de Jean était un baptême de pénitence, et qui portait ceux qui le recevaient à s'accuser de leurs péchés, saint Jean pour prévenir les Juifs  et les empêcher de croire que Jésus-Christ venait dans cette disposition à son baptême, l'appelle d'auparavant devant le peuple l'Agneau de Dieu, et le Sauveur qui devait effacer les péchés de tout le monde. Car Celui qui avait le pouvoir d'effacer tous les péchés du genre humain, devait à plus forte raison être lui-même exempt de péché. C'est pourquoi saint Jean ne dit pas: " Voilà celui qui est exempt de péché, " mais ce qui est beaucoup plus: " Voilà celui qui porte sur soi, et qui ôte le péché du monde (Jean, t, 29.); " afin que cette dernière vérité admise fît, à plus forte raison, admettre la première, et qu'on reconnût ainsi que c'était pour d'autres raisons que Jésus-Christ venait à ce baptême.
C'est pour cela que saint Jean dit à Jésus lorsqu'il vient à lui: " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, et vous venez à moi? " Il ne dit pas : Et vous voulez que je vous baptise? Car il n'osait parler de la sorte; mais seulement : " Vous venez à moi? " Que fait donc Jésus-Christ en cette rencontre? " Et Jésus répondant lui dit: Laissez-moi faire pour cette heure: car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice.  " Il agit avec saint Jean comme il agit depuis avec saint Pierre. Cet apôtre refusait de se laisser laver les pieds par son maître. Mais quand il eut entendu cette parole: " Vous ne comprenez pas maintenant ce que je fais, mais vous le comprendrez après. " (Jean, XIII, 7.) Et cette autre : " Vous n'aurez point de part avec moi; " il cessa aussitôt de résister et il s'offrit même à faire plus qu'on ne lui avait demandé. De même lorsque saint Jean eut entendu ces paroles: " Laissez-moi faire maintenant : car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice, "il se résolut aussitôt de faire ce que Jésus lui commandait. Ces saints hommes n'étaient point opiniâtres; mais ils montraient autant d'obéissance que d'amour, et ils n'avaient rien plus à coeur que de faire tout ce que leur commandait le maître.

Mais remarquez comment Jésus oblige Jean à le baptiser par les raisons mêmes pour lesquelles celui-ci ne croyait pas devoir le faire. Car il ne dit pas: " Il est juste, " mais, " il convient. " Comme saint Jean croyait qu'il y avait de " l'inconvenance " à un serviteur de baptiser son maître, Jésus-Christ fait voir au contraire qu'il n'y en avait aucune. Vous hésitez, lui dit-il, à me baptiser, parce que vous le croyez contre la bienséance : c'est au contraire, parce que cela est dans la bienséance, que je viens recevoir votre baptême. Et il ne dit pas simplement " Laissez-moi faire, " mais il ajoute : " maintenant. " Comme s'il disait Cela ne durera pas toujours : vous me verrez bientôt dans l'état où vous souhaitez de me voir; mais maintenant, laissez-moi recevoir votre baptême.

Et pour marquer en quoi consistait cette bienséance, il ajoute: " Car c'est ainsi qu'il " faut que nous accomplissions toute justice. "La justice n'est autre chose qu'un parfait accomplissement de tous les commandements de Dieu. Comme nous avons, dit-il, accompli jusqu'ici tous ses ordres, et qu'il ne reste plus que ce dernier à exécuter, il faut nous en acquitter aujourd'hui. Je suis venu pour lever la malédiction où l'homme était tombé par la violation de la loi. Ainsi il faut que je commence par accomplir la loi parfaitement, afin que vous ayant délivrés de la condamnation, j'abolisse ensuite la loi même. C'est aussi pour cette raison que je me suis revêtu de votre chair, et que je suis venu en ce monde.
St Jean Chrysostome
Traduction  : Abbé Bareille