dimanche 26 décembre 2021

La Sainte Famille...

Mais comme c’est aujourd’hui Noël, vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. 
La voici. Voici la Vierge, voici Joseph et voici l’Enfant Jésus. L’artiste a mis tout son amour dans ce dessin, vous le trouverez peut-être naïf, mais écoutez. 
Vous n’avez qu’à fermer les yeux pour m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi.

La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : « Mon petit » !

Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : « Dieu est là », et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères. Mais aucun n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car Il est Dieu et Il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une rude épreuve pour une mère d’avoir crainte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments rapides et glissants où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma chair, Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la forme de la mienne. Il me ressemble, Il est Dieu et Il me ressemble ».
 
Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essaierais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie. "

 

Et Joseph. Joseph? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu a éclaté comme une bombe dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté. Et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter. Joseph ne sait que dire de lui-même : il adore et il est heureux d’adorer. 
Jean-Paul Sartre

samedi 25 décembre 2021

Noël...

 Dans le berceau rose, la petite fille ouvre ses yeux bleus. Elle est grave et son silence semble chargé de pensées. Il y a trois semaines, déjà, qu’elle est entrée dans l’histoire du monde dont sa vie doit être un moment. Le soir descend sur la ville, lentement aspiré par le jour qui meurt. La mère tire les rideaux, gardiens de l’intimité, en éveillant les lampes dont la clarté discrète se confond avec l’ombre qu’elle anime. Le feu se recueille dans l’âtre qui rougeoie, et, sur le manteau de la cheminée, un vieux bréviaire choral offre au regard le vermillon doré de ses lettres capitales.
 
 
Je m’approche et je lis : « Rex pacificus magnificatus est, cujus desiderat universa terra » – « Le Roi qui donne la Paix a manifesté sa gloire, la terre entière désire contempler son Visage. » C’est la première antienne de Noël, qui chante la magnificence divine de la crèche où Marie adore son enfant. Le salut du monde repose dans cet être fragile que ses parents devront bientôt soustraire à la fureur d’Hérode. Car le salut du monde est de retrouver le sens de l’amour et rien ne l’éveille plus sûrement que la majesté sans défense qui cherche un refuge dans notre tendresse.
 
Est-ce vous, Seigneur, dans la vie fragile de ce nouveau-né ?
Je me retourne vers le berceau. La petite fille s’est endormie. Mais son âme nous regarde à travers la chair diaphane, vêtue de la lumière intérieure dont elle est le reposoir. Nous retenons notre souffle pour écouter la voix silencieuse qui nous parle en ce verbe vivant :
 
« Est-ce vous, Seigneur ? »
 
La question se pose à peine, tellement il est clair que le mystère qui nous tient agenouillés devant cette enfant est Dieu même, dont son âme est le sanctuaire. La mère se lève et, sans bruit, prend dans ses bras le petit être qui respire, blotti contre son cœur, la paix divine de son sommeil.
 
C’est son bréviaire de maman, son plus beau livre d’heures, son offrande silencieuse, et son vivant Noël. Le Christ va renaître, cette nuit, dans le mystère toujours nouveau de la divine liturgie. Les cloches et la neige épandent sur les toits, leurs nocturnes sonores et veloutés. Mais quel Te Deum d’action de grâces peut se comparer à cette petite fille que sa mère, à cette heure, devant le vieil antiphonaire, consacre à Dieu, au Roi source de paix, dont la terre entière aspire à contempler le visage.
 
Et je me souviens de la parole qu’elle m’avait dite durant les mois de mon attente, dans la période recluse de son Avent : « J’espère qu’à Noël prochain, Dieu me donnera un petit enfant que je puisse lui offrir pour le remercier de s’être fait enfant ! »
 
Notre vie peut toujours recommencer
Notre vie peut toujours recommencer… Tout est sauvé à chaque instant si Dieu est sauvé. Noël peut encore être notre naissance, car tout ce qu’il y a d’humain dans l’homme, et par suite, d’existence réelle, est générosité, comme le dialogue avec Dieu… est échange de générosité… En Lui, tout se renoue…
 
Noël est, en un sens, l’offertoire de la Croix, puisque c’est Dieu livré dans sa fragilité la plus désarmée. Cela demeure comme l’étoile dans notre nuit. Au-delà de tous nos déchirements et de toutes nos impuissances, il y a cet appel irrésistible à notre générosité. C’est par-là que notre vie peut toujours recommencer et obtenir sa justification. Tout est sauvé à chaque instant si Dieu est sauvé. Sous cet aspect, Noël peut encore être notre naissance, car tout ce qu’il y a d’humain dans l’homme, et, par suite, d’existence réelle, est générosité, comme le dialogue avec Dieu, où l’homme et Dieu se trouvent à la fois, est échange de générosité. Nous pouvons donc encore rendre grâce, sans rien forcer, en nous, pour cette lumière qui est notre unique espérance, comme elle est le seul fondement de notre dignité, ferment du don que nous avons à être. Dieu reste, qui est la respiration de notre âme. En lui, tout se renoue, tous les liens se reforment, et toutes les présences se joignent et deviennent réelles.


Maurice Zundel
Retranscription d’une page isolée et incomplète sur Noël

dimanche 19 décembre 2021

Les anges de Noël, c'est toi...

 Noël est habituellement une fête bruyante:
un peu de silence nous ferait du bien pour écouter la voix de l'Amour.
Noël c’est toi,
lorsque tu décides de naître à nouveau chaque jour et de laisser entrer Dieu dans ton cœur.
Le sapin de Noël, c’est toi
quand tu résistes vigoureusement aux vents et aux difficultés de la vie.
Les guirlandes de Noël, c’est toi
quand tes vertus sont les couleurs dont tu ornes ta vie.

La cloche qui sonne Noël, c’est toi quand tu appelles et essaies d’unir.
Tu es la lumière de Noël
quand tu illumines avec ta vie le chemin des autres, avec la bonté, la patience,
la joie et la générosité.
Les anges de Noël, c’est toi
quand tu chantes au monde un message de paix, de justice et d’amour.
L’étoile de Noël, c’est toi 
quand tu conduits à la rencontre du Seigneur.
Les rois mages, c’est aussi toi
quand tu donnes le meilleur que tu as sans tenir compte de à qui tu le donnes.
La musique de Noël, c’est toi
quand tu conquiers l’harmonie en dedans de toi.
Le cadeau de Noël, c’est toi
quand tu vois un ami et un frère en tous les êtres humains.
Les vœux de Noël, c’est toi
quand tu pardonnes et rétablis la paix, même si tu souffres.
Le réveillon de Noël, c’est toi
quand tu rassasies de pain et d’espérance le pauvre qui est à tes côtés.
Tu es la nuit de Noël quand,
humble et conscient, tu reçois
dans le silence de la nuit le sauveur du monde, sans bruit ni grandes célébrations.
Tu es le sourire de confiance et de tendresse dans la paix intérieure d’un Noël
qui enracine le Royaume en toi.
Heureux Noël à tous ceux
qui ressemblent à Noël.
 Pape François

dimanche 12 décembre 2021

dimanche 5 décembre 2021

Avent... 2ème dimanche


Voici l'Avent qui vient, sans crier gare, bousculer notre temps, secouer nos torpeurs, tenter, vaille que vaille, de nous remettre en marche sous l'éclat d'une étoile.

dimanche 28 novembre 2021

Avent... 1er dimanche



L'Avent a le tranchant du ciseau à bois qui vient nous creuser l'âme pour en faire un berceau.

dimanche 21 novembre 2021

Mon Royaume n'est pas de ce monde

"La fête la plus élevée et la plus vraie, la fête suprême, est la fête de la vie éternelle, c'est-à-dire de l'éternelle félicité où nous serons vraiment en face de Dieu. Cela, nous ne pouvons pas l'avoir ici-bas ; mais la fête que nous pouvons avoir, c'est un avant-goût de celle-là, une expérience de la présence de Dieu dans l'esprit par la jouissance intérieure que nous en donne un sentiment tout intime. Le temps qui est toujours nôtre, c'est celui de chercher Dieu et de poursuivre le sentiment de sa présence dans toutes nos oeuvres, notre vie, notre vouloir, notre amour. Allons, mettez à profit, employez bien tout ce que vous avez de zèle, à prendre part en vérité, à cet aimable jour de fête, à mériter que Dieu se révèle en vous, que vous goûtiez en vous sa joie, sa paix, que vous ayez et sentiez en vous toute sa fête, chaque fois que vous le voulez et que vous rentrez en vous-mêmes, dans votre prière, dans les oeuvres que vous avez à faire. Car c'est là qu'on éprouve en vérité les joies de la vraie fête de la présence du Dieu d'amour, là, où l'on se sent la propriété de Dieu et de personne d'autre. N'est-ce pas là chose délicieuse : vie de fête, de joie et de bonheur ; nous en Dieu et Dieu en nous, ici dans le temps, là-haut dans l'éternité et dans une indicible béatitude."

 Jean Tauler " Sermons, la fête éternelle"



lundi 1 novembre 2021

Béatitude...

Voici comment le Seigneur me donna à moi, frère François, la grâce de me convertir : au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insupportable.
Mais, le Seigneur lui-même me conduisit au milieux d’eux. Je les soignais de tout mon coeur. Et au retour, ce qui m’avait semblé si amer, fut changé pour moi, en douceur pour l’esprit et pour le corps. Ensuite, j’attendis peu et je dis adieu à la vie mondaine.
du Testament de Saint François


Ainsi, par la fréquentation des lépreux, François polissait aussi son miroir intérieur, comme dit Saint Bonaventure, pour devenir capable de voir le monde autrement.
Ce qu’il exprime avec les mots classiques de la spiritualité de son temps, c’est un passage qui concerne le goût : le passage de l’amer au doux, pour l’âme et le corps. Ce n’est pas pour rien que cette expérience touche son corps : non seulement François n’est pas un intellectuel, mais surtout il n’est pas d’expérience spirituelle qui ne transforme le corps -et l’âme, qui ne rénove les sens extérieurs et intérieurs.
Ainsi François fut libéré du regard d’emprise et de calcul, hérité du marchand, il devint capable d’entendre le chant de la création, il ne cherchait plus à séduire, il n’avait plus rien à perdre, il n’avait plus peur de quiconque, de toucher le lépreux, de serrer la main du brigand, de recevoir l’accolade du sultan d’Égypte, il goûtait la moindre aumône en nourriture comme un festin de roi. Et surtout, il fut rendu capable de reconnaître en toute chose et en tout être, en particulier des plus humbles, l’empreinte de son Créateur, et la présence symbolique, discrète mais vivifiante, du Christ. C’est peut-être la deuxième révélation qu’il reçut chez les lépreux. 
La découverte du Christ pauvre et nu, défiguré et sans attrait et l’union avec Lui
Isaïe 53 « Nous l’avons considéré comme un lépreux, frappé de Dieu et humilié... »
Frère Pascal Aude  

jeudi 7 octobre 2021

Notre Dame de tous les jours...


Il y eut, c’est vrai, Notre Dame, la visite de l’ange, la joie d’Elisabeth, les bergers, les mages et le vin de Cana. Mais il y eut, Notre Dame, et durant tant d’années, la vie de tous les jours, les soucis de toutes les mamans, les travaux de toutes les épouses, dans un petit village méprisé… Mais il y eut, Notre Dame, tant d’amour: en tant d’humbles services, en tant de psaumes sans cesse répétés, en tant de gestes toujours à refaire: la vraie vie, Notre Dame… Une vie qui préparait ton offrande au Calvaire et ta présence à l’Eglise naissante: ces grands moments de ton amour, Notre Dame, avant la gloire et le repos près de ton Fils… Prie pour nous, Notre Dame, au jour le jour de nos petits quotidiens, jusqu’au grand jour de notre rencontre!
Soeur Emmanuelle

lundi 4 octobre 2021

Lettre à tous les fidèles, St François

 
Au nom du Seigneur !

Tous ceux qui aiment le Seigneur de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toute leur force, et qui aiment leur prochain comme eux-mêmes ; [...] Oh ! que tous ces hommes et ces femmes sont heureux et bénis d’agir ainsi et de persévérer, car l’Esprit du Seigneur reposera sur eux et fera en eux son habitation et sa demeure ; et ils sont fils du Père céleste dont ils font les œuvres, et ils sont époux, frères et mères de notre Seigneur Jésus-Christ. Ses époux, lorsque, par l’Esprit-Saint, l’âme fidèle est unie à notre Seigneur Jésus-Christ. Ses frères, lorsque nous faisons la volonté du Père qui est dans les cieux. Ses mères, lorsque nous le portons dans notre cœur et notre corps par l’amour, par la loyauté et la pureté de notre conscience, et que nous l’enfantons par nos bonnes actions qui doivent être pour autrui une lumière et un exemple. Oh! qu’il est glorieux et saint et grand d’avoir un Père dans les cieux ! Oh ! qu’il est saint et beau, magnifique et admirable d’avoir un tel époux ! Oh ! que c’est chose sainte et chère, plaisante et humble, apaisante et douce, aimable et désirable plus que tout d’avoir un tel frère et un tel fils : notre Seigneur Jésus-Christ, qui a donné sa vie pour ses brebis et qui a prié son Père en disant : “Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés dans le monde ; ils étaient à toi et tu me les as donnés. Les paroles que tu m’as données, je les leur ai dites et ils les ont reçues ; ils ont vraiment cru que je suis venu de toi, et ils ont reconnu que c’est toi qui m’as envoyé. Je prie pour eux, non pour le monde. Bénis-les et sanctifie-les, et pour eux moi-même je me sanctifie. Je te le demande, et pas pour eux seulement mais aussi pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi : qu’ils soient sanctifiés tous ensemble, comme nous. Et je veux, Père, que là où je suis, eux aussi soient avec moi pour qu’ils voient ma splendeur dans ton royaume. Amen. “.....

St François d'Assise , 
"Lettre à tous les fidèles,  1 : à ceux qui ont choisi la vie de pénitents"



mardi 14 septembre 2021

La Croix du Christ...



Chaque Messe est, à travers la Croix du Christ, une grande bénédiction, une explosion silencieuse de l’amour, une grande descente de Dieu dans le monde pour empêcher qu’il ne périsse et que le mal en lui ne prévale au total sur le bien. Et, en retour, chaque Messe provoque, dans une partie cachée du monde, une réponse d’amour qui, à travers la Croix du Christ, remonte jusqu’à Dieu.

Charles Journet, "La Messe – Présence du sacrifice de la Croix" 

lundi 13 septembre 2021

Les pieds nus du Christ...

Quiconque n'est pas disposé à accueillir le pauvre n'accueille pas pleinement le Christ qui s'est identifié à lui. Si quelqu'un, au moment de la communion, avance plein de ferveur pour recevoir le Christ, mais le coeur fermé aux pauvres, il ressemble, dirait St Augustin, à celui qui voit de loin venir un ami perdu de vue depuis des années. Plein de joie, il court à sa rencontre, se hisse sur la pointe des pieds pour lui embrasser le front sans s'apercevoir que de ce fait il lui écrase les pieds avec ses chaussures cloutées. Les pauvres sont en effet les pieds nus du Christ encore posés sur cette terre. 

Père Raniero Cantalamessa 
"Amoureux du Christ, le secret de François d'Assise"

lundi 23 août 2021

Réflexions : femmes dans l'Eglise...

"...Une Femme enfante…

La vie jaillissante, qui peut l’arrêter…

L’Église est en douleur d’enfantement, submergée par ce qui la dépasse humainement, mais en espérance. On dit en espérance d’enfant… Pour l’instant, ce sont des hommes qui en sont broyés. Alors peut-être que oui, le temps des femmes est venu, celui du féminin, en tout cas. Que l’Église puisse mettre au monde tout le Vivant qu’elle porte… malgré la fureur de « l’antique Serpent ».
 Je vois combien l’échange avec le père A. disait déjà cela. Ce qu’en tant qu’hommes, ils ne sauront jamais, ils le vivent pourtant. Ils le subissent, c’est peut-être plus juste. Eux qui fécondent tout en élan, qui se donnent en donnant, qui offrent la vie mais ne peuvent pas la mettre au monde, ils doivent maintenant la mettre au monde seuls, d’une certaine façon… Le Serpent se réjouit… mais ne gagnera pas !
 
Quand le père A m’a demandé ce que vivaient les femmes en mettant au monde, je lui ai répondu : c’est le corps qui prend la main.
C’est le Corps qui prend la main… cela est. On ne peut rien entraver, rien contrôler. Même au prix de la vie, et ça me parle de l’Église.

De ce qui s’écrit, nous n’en connaissons pas l’expression matérielle mais nous en pressentons la vérité, l’inéluctable, qui échappera à toute entrave : sinon, il sera question de mort. 
Ce que certains prêtres essayent de faire entendre, comme si à regarder de façon trop vaste, à prendre trop de distance, d’autres étaient moins saisis de cette profonde convulsion, cette pulsation de vie qui appelle : ça n’est pas abstrait, c’est poignant, brûlant, bouleversante houle qui saisit et broie en même temps, terrible effort aussi, la vie lutte pour s’incarner, et chaque peur, chaque refus, chaque raideur, et même chaque tergiversation, complique sa lutte…
 Le combat des femmes, un combat pour la vie qui peut coûter la vie.
 
Ici, on l’oublie, nos sociétés permettent ou imposent le contrôle, la mort s’éloigne en apparence, il ne resterait que la joie : la péridurale a mangé la douleur… On choisit son moment, on rêve un enfant qui devient projet, mais au-delà tous ces masques, pour la moitié de la planète cela reste la passion des femmes, et elles en meurent encore.
 
L’Eglise en espérance d’enfant approche de son terme.
Crûment.
Nous pouvons lire ces mots au sens le plus brutal.
Crûment...

On ne sait pas encore. Un enfant va naître, peut-être. L’Église Épouse se tord dans les douleur de son enfantement. Il n’y a pas de péridurale pour elle… L’enfant n’est plus un rêve, il est là et il est inconnu.
Elle le croyait un projet dessiné depuis le fond des âges, blotti depuis deux mille ans dans un nid rassurant et bien construit, il est une réalité divine qui vient et déchire toutes les certitudes et tous les rêves…
L’Eglise a peur. Elle sent que tout lui échappe, elle doit devenir Corps en vérité, Corps du Ressuscité… mais pour cela, la Passion. La guerre des femmes pour la vie…
 
Alors mes sœurs religieuses, vierges, épouses, veuves et femmes sages, veillons avec Marie au chevet des hommes qui peinent à ce qui leur est demandé… 

MF  " Méditation sur la consécration des veuves, extraits"


 

dimanche 22 août 2021

Sur les routes de l'Hérault... Notre Dame de Capimont

Notre Dame de Capimont... une chapelle romane noyée dans les chênes verts, une vue qui s'étire sur la vallée de l'Orb... 

       

Un sanctuaire simple et silencieux où l'on prie depuis mille ans et un ermitage qui demanderait un peu de présence...

Une association : Les amis de Notre Dame de Capimont






dimanche 15 août 2021

Assomption...

 L'Assomption est la fête, non seulement de Marie, mais de toute la nature humaine. Car, en Marie, la nature humaine a atteint sa fin. Une semaine après le début de l'année liturgique nous célébrons la naissance de la très Sainte Vierge. Deux semaines avant la fin de l'année liturgique, nous célébrons la mort et la glorification de Marie. Ainsi, associé et subordonné au cycle de la vie de Jésus, le cycle de la vie de Marie manifeste le destin et le développement d'une nature humaine entièrement fidèle à Dieu. Avec Marie, c'est le genre humain qui est emporté et reçu au ciel. Marie a des privilèges qui ne peuvent pas être les nôtres. Mais ce parfait épanouissement de la grâce en Marie, que nous admirons le 15 août, nous suggère quelle pourrait être la ligne de développement d'une âme qui s' appliquerait à faire fructifier en elle-même les grands dons reçus au cours de l'année liturgique, - le don de Noël, le don de Pâques et le don de la Pentecôte.

Père Lev Gillet

lundi 9 août 2021

Adore et confie-toi...

 "Je t’en prie, quand tu te sentiras triste, paralysée, adore et confie-toi. Adore, en offrant à Dieu ton existence qui te paraît abîmée par les circonstances: quel hommage plus beau que ce renoncement amoureux à ce qu’on aurait pu être ! Confie-toi. Perds-toi aveuglément dans la confiance en Notre-Seigneur qui veut te rendre digne de Lui et y arrivera, même si tu restes dans le noir jusqu’au bout, pourvu que tu tiennes sa main toujours d’autant plus serrée que tu es déçue, plus attristée. Sois heureuse fondamentalement, je te le dis. Sois en paix. Sois inlassablement douce. Ne t’étonne de rien, ni de ta fatigue physique, ni de tes faiblesses morales. Fais naître et garde toujours sur ton visage le sourire, reflet de celui de Notre-Seigneur qui veut agir par toi et, pour cela, te substituer toujours plus à toi. Au fond de ton âme, place avant tout, immuable, comme base de toute activité, comme critère de la valeur et de la vérité des pensées qui t’envahissent, la paix de Dieu. Tout ce qui te rétrécit et t’agite est faux, au nom des lois de la vie, au nom des promesses de Dieu… Parce que ton action doit porter loin, elle doit émaner d’un cœur qui a souffert : c’est la loi, douce en somme… Quand tu te sentiras triste…, adore et confie-toi. Amen. »

                                 Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955)





samedi 7 août 2021

Sagesse... St François d'Assise

Nous ne devons pas être sages et prudents selon la chair, mais bien plutôt simples, humbles et purs.
 
Nous ne devons jamais désirer dominer les autres, mais bien plutôt nous devons être les serviteurs et les sujets de toute créature humaine pour l'amour de Dieu. Et sur tous ceux qui auront agi ainsi et persévéré jusqu'à la fin, "l'Esprit du Seigneur se reposera et il fera en eux son habitation et sa demeure", et ils seront les fils du Père céleste dont ils accomplissent les oeuvres; ils sont les époux, les frères et les mères de notre Seigneur Jésus Christ.
 
Nous sommes ses époux quand par l'Esprit Saint l'âme fidèle est unie à Jésus Christ ; nous sommes ses frères quand nous faisons la volonté de son Père qui est dans les cieux ; nous sommes ses mères quand nous le portons dans notre coeur et dans notre corps, par l'amour et par une conscience pure et sincère, et quand nous l'enfantons par nos oeuvres saintes, dont l'exemple doit éclairer le prochain. 

St François d'Assise

jeudi 5 août 2021

Sur les routes de l'Aveyron, la chapelle Saint Martial...


La chapelle Saint Martial de Nadaillac, édifiée au IXème ou Xème siècle... 

Située sur la commune de Coubisou, elle est restaurée et entretenue par les habitants. Ouverte pour les journées du patrimoine, il est peut-être possible de la visiter en s'adressant aux "amis de Nadaillac" ou à la mairie de Coubisou...  




mardi 3 août 2021

Sur les routes du Lot, la chapelle St Médard Lagarénie...

 

Par PatPat46 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=61750047


Construite vraisemblablement au xie siècle, sur une terre donnée en 982 par Ranulphe, comte d'Aubusson, au monastère Notre Dame des Artels de Fons, monastère qui dépendait de l'abbaye Saint sauveur de Figeac, au xiie  siècle la chapelle fait partie d'un prieuré.
La façade a été modifiée au xviiie siècle.  Elle est alors décorée de deux pilastres et terminée en pignon à degrés qui forme un clocher-mur. Le portail date de 1833. 
Elle  est située sur la commune d'Issepts.
Source : Wikipédia







dimanche 25 juillet 2021

Sur les routes du Lot... la chapelle Notre Dame de Verdale

Elle est accrochée à mi-pente nord-est d’une profonde gorge où gronde le Tolerme, à trois kilomètres de Latouille-Lentillac. En partant du moulin d'Aubié, montez à pied jusqu'à la chapelle.
Plusieurs légendes complètent l’histoire de ce lieu de culte ancestral. L'une parle d'un berger qui découvrit là une statue de la Vierge à l'enfant, et des habitants des alentours qui décidèrent d'y élever un oratoire. Une autre raconte une apparition de la Vierge à une bergère, lors de la peste de 1349. Dans le même temps un bûcheron trouvait une statue de la Madone à l'endroit où l’on devait élever une chapelle.... La fondation de celle-ci est très ancienne. Au XIIIe siècle elle a été donnée en même temps que l'église de Gorses, dont elle dépendait, aux Hospitaliers de Latronquière.


Détruite par les protestants, reconstruite en 1615, en 1636 Urbain VIII accordait une indulgence plénière aux pèlerins qui visiteraient N.-D. de Verdale le jour de la Conception de la Vierge.
En 1793 le sanctuaire est incendié. Un habitant de Gorses sauve la statue et la cache dans les bois, au creux d'un châtaignier. En 1800 elle fut déposée dans l'église de Gorses. La chapelle est reconstruite en 1847. Les pèlerins affluèrent de nouveau. Il n'était pas rare d'en compter un millier le jour de la fête, venant du Lot mais aussi de l'Aveyron, du Cantal ou de la Corrèze.
Le pèlerinage connut une éclipse si l'on en croit le maire de Latouille qui, en 1903, répondait au Préfet « depuis dix ans environ on n'y fait plus de retraites annuelles qui avaient lieu en septembre et pendant huit jours ». Mais la dévotion n'était pas éteinte puisqu'en 1898 le curé de Lacamdourcet disait une messe à Verdale tous les vendredis.
Le pèlerinage devait reprendre avant la guerre de 1914, il se célèbre du 11 au 18 août.

mercredi 21 juillet 2021

Sur les routes du Lot... Notre Dame des Voyageurs

Un oratoire discret, sur la route de la très célèbre grotte de Pech Merle, à Cabrerets... Une pause sereine pour être accompagner dans ce voyage hors du temps, sur les pas d'un enfant de 12 millénaires, au moins ?





mercredi 14 juillet 2021

Sur les routes du Lot... la Chapelle St André.

Seule, silencieuse, elle arrête le temps.

La chapelle St André, aux Arques, à 3km du musée Zadkine, édifiée entre le Xème et XIIème siècle, ornée fin XVème... 
                   

        






lundi 28 juin 2021

Admonition... St Jean Chrysostome

Personne n'était plus ignorant que Pierre, ni plus expérimenté que Paul. C'est lui-même qui l'avoue, et sans rougir : "A la vérité, je suis inhabile pour là parole, mais non pour la science". Et pourtant cet ignorant et cet inhabile ont vaincu des milliers de philosophes, ont fermé la bouche à une foule de rhéteurs, uniquement. en vertu de leur zèle et de la grâce de Dieu. Quelle excuse aurons-nous donc, nous qui ne pouvons pas même suffire à vingt personnes, qui ne sommes pas même utiles aux membres de notre famille ? Ce sont là d'inutiles objections et de vains prétextes : ce n'est pas le défaut de science ou d'habileté qui empêche d'instruire, mais la paresse et le sommeil de l'indifférence. 

St Jean Chrysostome 
Prologue pour les homélies sur l'Epitre aux Romains,

lundi 31 mai 2021

Visitation... Ch. de Foucauld

 Ô ma Mère, c'est à la fois une de vos fêtes, et une des fêtes de Jésus, aujourd'hui. Mais c'est plus encore la fête de Notre Seigneur, car c'est Lui qui agit en vous et par vous.

La Visitation, c'est la charité du Christ vous pressant. C'est Jésus qui, à peine est-Il entré en vous, a soif de faire d'autres saints et d'autres heureux... 
Par l'Annonciation, II S'est manifesté et donné à vous. Il vous a sanctifiée merveilleusement.
 
Cela ne Lui suffit pas ; dans son amour pour les hommes, II veut tout de suite Se manifester, et Se donner par vous à d'autres.

Il veut en sanctifier d'autres. Et il se fait porter par vous chez Jean. C'est donc votre fête, ô ma Mère... la fête des communautés contemplatives et silencieuses (...).
 
Ce que va faire, en effet, la Vierge dans sa Visitation, ce n'est pas une visite à sa cousine pour se consoler mutuellement par le récit des merveilles de Dieu en elles. C'est encore moins une visite de charité matérielle pour aider sa cousine dans les derniers mois de sa grossesse et dans ses couches. C'est bien plus que cela. Marie part pour sanctifier saint Jean, pour lui annoncer  la Bonne Nouvelle, pour l'évangéliser et le sanctifier, non par ses paroles, mais en portant Jésus en silence, auprès de lui, au milieu de sa demeure. Ainsi font les religieux qui sont voués à la contemplation...
 
Sans paroles, ils portent Jésus, au milieu des hommes, en silence.
 
En Le portant parmi eux dans la sainte Eucharistie, en Le portant dans leur vie, dans la vie évangélique dont ils donnent l'exemple, dont ils sont les vivantes images.
 
Ô ma Mère, faites que nous soyons fidèles, comme vous, à notre mission !
Charles de Foucauld "Nouveaux écrits spirituels"
 

dimanche 23 mai 2021

Pentecôte...

 

«Quand, tout à coup, vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent... ».

Le Saint-Esprit est un souffle, un vent. Ce qui importe pour nous, ce n'est pas de nous émerveiller devant la puissance de ce souffle, mais de nous soumettre entièrement à lui et de nous laisser «pousser» par l'Esprit comme Jésus aux jours de sa vie terrestre.

Que ce souffle nous dirige où il veut.

Rappelons-nous aussi que ce souffle est lui-même "dirigé". Il n'est pas une force indépendante et incohérente. Jésus a soufflé le Saint-Esprit sur ses disciples. Mais ce souffle procède d'abord de la bouche du Père. Il est une obéissance à Dieu.

En obéissant aux impulsions de l'Esprit (le vent bruyant n'est qu'un symbole extérieur et rare, l'impulsion intérieure est la réalité), nous participons à l'obéissance de l'Esprit lui-même, procédant du Père, envoyé par le Fils.

Père Lev Gillet

jeudi 13 mai 2021

Ascension...


Il est significatif et efficace, le texte qui dit que tandis qu'il les bénissait, il fut séparé d'eux et fut enlevé au ciel. (Luc 24,51). Nous ne pouvons, mes frères, entrer dans cette attitude d'ascension spirituelle, ni même la goûter, si ce n'est en bénissant. Il nous est indispensable de prier pour tout homme, de les bénir tous, même ceux qui nous persécutent, nous offensent, nous maudissent, nous humilient ou disent faussement toute sorte de mal de nous. Notre coeur doit demeurer plein de pardon, de paix et d'affection sincère pour tout homme, afin que nous puissions nous libérer de la pesanteur terrestre et goûter l'Ascension, la vivre en esprit et en vérité. 

Père Matta el Maskîne, la communion d'amour.  

mercredi 28 avril 2021

Le Fils, Prêtre éternel...

La réciprocité d'amour du Père et du Fils fait que le Fils, se recevant tout entier du Père, se rend tout entier au Père, s'offre tout entier au Père. C'est son offrande éternelle au Père dans l'amour, son action de grâce éternelle, ce qu'on peut appeler l'eucharistie éternelle du Fils dans la Sainte Trinité. En tant qu'il l'offre, le Fils exerce dans la Trinité un sacerdoce éternel. Le Fils éternel est éternellement prêtre. Tel est l’archétype de tout sacerdoce.
Ce qui précède signifie que créer un être, pour le Père, c’est identiquement le donner au Fils. Cela n’aurait aucun sens pour le Père de créer quelque chose à côté de son Fils.
Créer, pour le Père, c’est créer en son Fils, donner à son Fils, destiner à son Fils, unir à son Fils.
Créer, pour le Fils (car les trois personnes participent à l’acte de création), c’est rendre au Père en action de grâce, dans le même instant éternel, ce que le Père crée, c’est l’offrir au Père.
Créer, pour L’Esprit, c’est faire de toute chose créée, dans le même instant, un lien d’amour entre le Père et le Fils.

Jean Marie Hennaux, S.J.



lundi 5 avril 2021

Resucito !



Comme le coquelicot déchire l'étoffe trop riche des blés, 
 tu brûles le linge, brodé à nos initiales, de notre trépas.

Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

vendredi 2 avril 2021

Vendredi saint...

 
Silence. Silence de ma terre.
Mes épines ont percé sa chair, vos refus son amour.
Silence. 
 
Mes pierres ont crié l’écho de vos errements.
Vos voix sur ma voix lui ont scandé la croix.

Sa voix sur ma voix disait sa Royauté. 
Mes pierres en vos murs l’ont proclamée.
 
Silence.
 
Il est là, il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, et parce que vous croyiez la mort, il est venu l’habiter,
Homme né de l’homme en Marie, il est venu la traverser.
 
Vos douleurs l’écrasent et vos doutes le flagellent…
 
Regardez-le, je vous en prie,
Vous qui avez des yeux, regardez-le.
Il vous regarde.
Il  vous aime.
A chaque pas, il vous aime, il tombe comme tombe mon arbre, d’un coup, de toute sa Face il tombe, il vous aime, la douleur vole son souffle et broie sa chair, il vous aime, son sang tache ma pierre, il vous aime.
 
Mon Bien-Aimé est à vous et vous êtes à mon Bien-Aimé.
Parce qu’il vous aime, je vous aime.
 
 
Je suis le bois qui l’écrase, je suis le fer qui le troue,
Je suis la mort que vous croyez.
Il me met au-dessous de vous et je vous porte.
Bien-aimés, éveillez-vous ! Vous êtes les rois de mon royaume. Conduisez-moi à mon Aimé.
 
 
La nuit enclot ma terre.
Pendant trois heures.
 
J’entends son souffle. Je l’entends entrer et sortir en crépitant. Son dos se déchire à mon arbre. L’eau dans son corps le noie.
Je me tais. J’appelle la nuit plus près. 
 
C’est une neuvième heure.
Vous avez entendu la plainte dans son cri.
 
Le fruit était mûr. Pour vous il a bu le vinaigre,
Il s’est offert tout au bout, tout confiant,
Tout entier Fils il s’est donné au Père.
 
La ténèbre en moi s’est fendue.
 
Vous avez entendu la plainte, vous avez vu la mort, hommes, quand verrez-vous la vie ?
 
Je suis la vie au creux de la mort, lumière en germe au cœur de la ténèbre, quand me verrez-vous ?
Parce qu’il vous aime je vous aime.
Il me met au-dessous de vous et je vous porte.
Je suis la terre, l’humble terre de son désir, Jardin en germe, poussière du monde au vent de son Esprit.
Je suis la pluie qui peint l’arc au ciel de sa Résurrection.
 
Il m’a confiée à vos mains et moi, je me confie.
Je suis à vous et vous êtes à mon Bien-Aimé.
Conduisez-moi à lui.
 
Chant X, Psaumes de la terre, M. F.
 

mardi 23 mars 2021

Passion...


Livré… Quelles sont vos réactions en découvrant ce mot au fil de la passion ?  Vous laisse-t-il saisis devant ce qu’il évoque : Un homme trimbalé d’une instance à une autre comme une marchandise ? « Livré », ce mot ne dit-il pas l’essentiel de ce qui vit le Christ sur le chemin de Pâques ? Jésus en est conscient : il va être livré ! En pleine connaissance, il va se laisser faire sans jamais regimber. Voilà ce qui m’étonne !  Jusqu’au repas d’adieux, il s’était réservé. Certes, on le pourchassait, mais il savait s’esquiver. Maintenant, il n’en est plus question, c’est que le temps est proche, que l’heure est arrivée. Le moment est venu de se laisser livrer aux délires des pécheurs.

 « Livré » exprime-t-il le sens du don de soi ?

N’être plus rien d’autre que ce que veulent les autres sans perdre pour autant sa propre identité ? En effet, Jésus se laisse faire, mais il sait qui il est. Mais pour être tout lui-même, doit-il en même temps s’en aller jusque là, jusqu’à se laisser livrer ?  Ils veulent l’arrêter. Chefs et prêtres l’ont ainsi décidé. Pourquoi ? Ils peinent à trouver le motif. Depuis que Judas leur a livré Jésus pour trente pièces d’argent, il cherche sur quoi le condamner. Quoiqu’il en soit, il est entre leurs mains. Il n’en sortira pas, du moins pas physiquement. Mais en le condamnant, n’est-ce pas plutôt eux qui se ferment à la vie ? Il est là devant eux. Que vont-ils lui trouver ? Ah voici : qu’il est selon ses dires, le Christ, le Fils de Dieu. Enfin un bon motif puisqu’il a blasphémé…(Matthieu 26, 65)

 Livré… Jésus de Nazareth… En fait le Fils de Dieu !

Judas vient de comprendre. Celui qu’il a livré, il le sait innocent. Avant de disparaître, il en fait part à ses commanditaires. (Matthieu 27, 3) mais rien n’y fait, Jésus sera livré. Pilate le reçoit (Matthieu 27, 2) Il prend donc livraison du condamné à mort, lâché par tous les siens et qui se laisse livrer non sans avoir évoqué déjà auparavant la possibilité d’éloigner cette coupe. (Matthieu 26, 39 et 26, 42) Mais maintenant, au point où il en est dans se « laisser livrer », son seul attachement : La volonté du Père ! Il avance ainsi, conscient de ce qu’il est, condamné faussement, mais se voulant accordé à la volonté du Père, qui se tait.

Livré…Voilà le maître mot…

 Abandonné de tous, haï et diffamé et sans aucun autre recours. Car Pilate, un tantinet lucide (il savait que c’était par jalousie qu’on le lui avait livré ) (Matthieu 27, 17), s’inscrira à son tour dans la chaîne des « livreurs ». Il relâche Barabbas, fait flageller Jésus et, cette fois pour de bon, le livre à ses bourreaux. (Matthieu 27, 26) Jésus se laisse faire, vraiment totalement livré…Un dernière fois du fond de l’abandon, il dit : « Pourquoi mon Dieu… ».

Car Dieu se tait. Dieu ne l’a pas délivré !

 Livré… Abandonné… Est-ce cela le Don ?

 

Suis-je vraiment disciple de cet homme (mon Dieu !) livré ?

Est-ce le seul chemin qui engendre l’amour ?

Livré comme le Christ, nous est-il proposé ?

Et comment concilier être pleinement soi et dégagé de soi ?

 

Autrement dit : Livré !

 

P. Christian Blanc, assomptionniste « pour la Croix, Croire »