Manger, boire, se
marier, acheter et vendre, planter et bâtir, tout cela qui remplit la
vie et qui peut être noble, ne doit pas cacher l’avenir que Dieu fera, ni
boucher l’horizon du Royaume. Puisque tout cela doit finir, la sagesse de l’Évangile
dissuade de s’y attarder au point de perdre toute liberté et toute vigilance.
Le chrétien vit les joies saines du monde sans cesser d’attendre celles que
Dieu promet, tout comme il vit les détresses du monde sans cesser d’espérer la
victoire du Dieu qui est amour. Et nous-mêmes qui essayons de vivre, au nom de
l’Église, une existence vouée à la prière, il nous faut renoncer constamment à
mettre notre joie et notre sécurité dans l’œuvre de nos mains ou de notre
esprit, dans ces idoles qui enchaînent le cœur. Nous ne saurions adhérer aux
choses, aux choses à faire et à posséder, alors que Dieu est là, le Maître des
choses, qui attend notre amour.
Dieu qui est et qui était, ne cesse pas d’être le Dieu qui vient.
Dieu qui s’est donné et se donne demeure toujours le Dieu qui se promet. Car
dès maintenant nous sommes fils de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore
été manifesté (1 Jn 3, 2).
Dieu, qui nous a mis en route et qui nous accompagne, reste encore
tous les jours, dans le mystère, celui qui vient au-devant de nous.
Jean-Lévêque, O.C.D.