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samedi 25 novembre 2023

Black Friday...

Manger, boire, se marier, acheter et vendre, planter et bâtir, tout cela qui remplit la vie et qui peut être noble, ne doit pas cacher l’avenir que Dieu fera, ni boucher l’horizon du Royaume. Puisque tout cela doit finir, la sagesse de l’Évangile dissuade de s’y attarder au point de perdre toute liberté et toute vigilance. Le chrétien vit les joies saines du monde sans cesser d’attendre celles que Dieu promet, tout comme il vit les détresses du monde sans cesser d’espérer la victoire du Dieu qui est amour. Et nous-mêmes qui essayons de vivre, au nom de l’Église, une existence vouée à la prière, il nous faut renoncer constamment à mettre notre joie et notre sécurité dans l’œuvre de nos mains ou de notre esprit, dans ces idoles qui enchaînent le cœur. Nous ne saurions adhérer aux choses, aux choses à faire et à posséder, alors que Dieu est là, le Maître des choses, qui attend notre amour.

Dieu qui est et qui était, ne cesse pas d’être le Dieu qui vient. Dieu qui s’est donné et se donne demeure toujours le Dieu qui se promet. Car dès maintenant nous sommes fils de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté (1 Jn 3, 2).

Dieu, qui nous a mis en route et qui nous accompagne, reste encore tous les jours, dans le mystère, celui qui vient au-devant de nous.

Jean-Lévêque, O.C.D.


mardi 25 juillet 2023

Le silence devient prière


Seigneur, quand ton Esprit Saint vient habiter dans un homme, cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en lui prie sans cesse. Qu'il dorme, qu'il Veille, dans son cœur la prière est toujours à l'oeuvre. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens de la prière monte spontanément de son cœur. La prière en lui n'est plus liée à un temps déterminé, elle est ininterrompue. Même durant son sommeil, elle se poursuit, bien cachée. Car le silence d'un homme qui est devenu libre est en lui-même déjà prière. Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu. Le moindre mouvement de son cœur est comme une Voix qui, silencieuse et secrète, chante pour Toi l'Invisible. Amen. 

Saint Isaac le Syrien de Ninive

dimanche 8 janvier 2023

Epiphanie...

 


"Jouir de la lumière à l'intime de nous-mêmes, cela ne dépend pas de nos efforts, mais du bon vouloir divin.
Souvent, au travers d'un long silence, de supplications instantes, de gémissements répétés, nous implorons d'entrer dans le resplendissement de la lumière intérieure, et nous n'obtenons pas d'être admis à ses délices.
Souvent nous ne faisons rien de tout cela pour l'obtenir, et tout à coup la grâce divine vient au-devant de nous, elle nous prend au plus profond de notre faiblesse et nous relève, elle nous emporte très haut et, au moment où nous l'attendions le moins, nous fait voir le resplendissement de sa lumière.
Car ce n'est pas par nos propres efforts que nous pouvons accéder à la contemplation des réalités célestes, mais au gré de Dieu, selon qu'il en a disposé pour nous." 
Pierre de Cava

samedi 26 novembre 2022

Avent 2022

Avent…
 
Qu'attends-tu dans le frais de cette nuit… Le vent chante à la lyre, il pleut des perles froides, de clairs nuages voilent la lune.
Qu'attendons-nous ?
La rumeur du monde crie à l'Apocalypse en en perdant le sens. Les mots sans racines flottent comme chimères au gré du net et agglomèrent les peurs. Oublié le Dévoilement, plus de Révélation, juste une survie à tous les prix, pour un an, deux peut-être, et puis… et puis ?
 
Qu'attends-tu…
Que faisons-nous de la promesse…
La vie offerte, la joie profonde, tellement autre, dont toute joie d'ici est l'image, la liberté toute entière née de la vérité, qu'en faisons-nous… ce chemin de tendresse, de partage, "un seul cœur et une seule âme", non pas en rêve mais en vie, non pas envie mais espérance…
Dévoilement… "Nous serons semblable à lui parce que nous le verrons tel qu'il est" (I Jean). Est-ce là ton attente ? Est-ce la mienne ?
En ce temps de Noël, quelle humble splendeur verrons-nous venir à nous ?
Quelqu'enfance renouvelée ? Quelqu'amour plus doux, plus fort ? Un peu plus de confiance offerte par la menotte d'un tout-petit ?
 
Et peut-être, enfin, comme une réponse à l'ardent désir de nos âmes, l'inestimable présent d'humanité… la nôtre et celle de notre "prochain"… Le Tout autre vient nous révéler toute la beauté de notre humanité en la faisant sienne, et c'est un enfant qui nous tend la main…
 
Où y a-t-il place pour la peur ? 
M.F. Les nuits de feu

dimanche 23 octobre 2022

L'Eglise toute entière...

L'Eglise tout entière, dans la mesure où elle est vraiment le corps du Christ (par l'eucharistie), doit être crucifiée avec sa Tête, et cela d'abord sans considération de la souffrance subjective des chrétiens, mais par le simple fait de son existence et la logique de la foi elle-même. Car le contenu de cette foi est que le pécheur en tant que pécheur est attaché à la croix du Christ, réellement et pas seulement selon une vague représentation, et qu'ainsi le Christ meurt "de ma mort de péché", pendant que moi, au-delà de moi-même, j'obtiens par cette mort la vie de l'amour de Dieu. Paul exprime donc avec la plus grande précision la situation de l'Eglise totale quand il déclare : Je vis, mais ce n'est plus moi [en tant que moi demeurant centré sur lui-même], c'est le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20), ce qui signifie : "Je suis crucifié avec le Christ. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et s'est livré pour moi. Je n'annule pas le don de Dieu." C'est l'expression de la constitution essentielle de l'existence ecclésiale. Devenir chrétien signifie venir à la croix.

Hans Urs von Balthasar, 
"Pâques, le mystère" Foi vivante 

samedi 10 septembre 2022

Regard...



La grande majorité de ceux qui se disent croyants sont pratiquement des agnostiques, (sans qu'ils s'en doutent, d'ailleurs). Ce n'est pas la lumière qui leur manque, mais le regard intérieur qui sert à la capter...
Note de Camille C.
"Camille C. ou l'emprise de Dieu" 

jeudi 16 juin 2022

Que ton nom soit sanctifié...

"Notre Père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié", lui dis-tu.
Soyons nous-mêmes sanctifiés car ton nom est en nous; sanctifie-nous, Seigneur !
Nous sommes appelés par ton nom, qu'il soit sanctifié en nous, pour toi.
Etant toi-même saint, que ton nom soit sanctifié en nous qui sommes faibles.
J'avais ton nom qui est ton icône et il fut souillé; "notre Père qui es aux cieux que ton nom soit sanctifié" pour toi. C'est toi le Seigneur et tu as des serviteurs qui portent ton icône.
"Que ta volonté soit faite" en nous. Incline ta volonté vers notre volonté et qu'elle soit nôtre, afin que ta volonté s'accorde avec notre volonté. Veuille, et nous voudrons par toi; que tout ce que tu veux, nous le voulions nous-mêmes afin que nous ne voulions pas outre mesure, mais que tous nos vouloir se réalisent. 
Jacques de Saroug


dimanche 5 juin 2022

Pentecôte... M. Zundel

 Un vitrail vu dans l’obscurité, ne donne aucune impression de magnificence, même si on en connaît tous les détails. Ce n’est que dans la clarté du jour qu’il prend vie.

Il en est de même de l’enseignement divin.

Les Apôtres ont suivi Jésus, ils l’ont vu mourir sur la Croix et ressusciter trois jours après.

Leurs rêves s’écroulent. Ils n’ont rien compris. Ils voient qu’il n’y aura pas de royaume d’Israël, que toutes les promesses des Prophètes valent aussi bien pour les Gentils que pour eux-mêmes.

Nous avons en nous un trésor immense et nous savons bien qu’en le trahissant, nous éteignons une lumière, nous devenons mur opaque.

Ils sont déçus. Le Maître ne revient pas.

Mais soudain, comme un vitrail qui s’illumine, le vrai visage de Jésus leur apparaît dans toute sa splendeur.

Le jour de la Pentecôte, ils sentent la brûlure d’un feu mystérieux et leurs intelligences s’éclairent, leurs cœurs s’ouvrent à l’Amour. Au-dedans d’eux-mêmes, ils découvrent Jésus. Ils comprennent le sens des Paroles qui leur ont été dites.

Et Pierre se souvient : «Lorsque tu étais jeune, tu allais où tu voulais, mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra et tu iras où tu ne veux pas aller». (Jn 21, 18)

Il faut, en effet, se laisser faire, laisser Dieu agir en nous.

 Et Pierre découvre le vrai Dieu ! Le Dieu vivant qui est au plus intime de son cœur, le Dieu qui a tout fait par Amour, le Dieu qui appelle sa créature, le Dieu qui meurt pour la sauver, pour briser la carapace de son cœur qui s’est trop longtemps refusé. Et Pierre comprend le mystère de la Croix, le mystère de l’Amour d’un Dieu. La rencontre est consommée.

Le disciple devient cri d’amour, il lâche ses espérances de chair pour se donner à Dieu et au prochain. Il est au cœur du premier Amour. Il partira à la conquête du monde.

 Tel est le Dieu que nous avons à retrouver au plus intime de nous-même, dans le feu de la Pentecôte.

Quelle est en nous la naissance de la religion ?

C’est une voix que nous percevons au-dedans de nous, une voix qui est l’Amour et qui nous demande l’amour.

Qu’admirons-nous dans les Saints ? Ce que nous admirons, c’est une Présence que nous portons en nous et qui s’incarne en eux avec une beauté particulière. Pour être assuré de l’existence de Dieu, il suffit d’écouter en notre âme cet appel incessant à la Beauté, à l’Amour.

Il y a en effet en nous Quelqu’un qui n’est pas nous, Quelqu’un qui demande à se réaliser en nous, mais qui ne peut le faire sans nous.

Nous avons en nous un trésor immense et nous savons bien qu’en le trahissant, nous éteignons une lumière, nous devenons mur opaque.

La valeur infinie, vivante en nous, valeur qui couronne de splendeur tous nos sacrifices, ne peut régner, à travers nous, sans le consentement de notre cœur.
 Maurice Zundel, recollection 1936

samedi 29 janvier 2022

Epître aux Corinthiens... Maurice Zundel

Cette admirable épître nous rend certains que la charité est le miracle des miracles et il faut dire tout de suite qu'elle est impossible, radicalement impossible si l'on n'y voit pas -ce qu'elle est d'ailleurs- une vertu théologale. Ce mot théologale est ici décisif, et il est admirable car il veut dire que la charité, au sens évangélique, a pour objet et pour mesure et pour motif Dieu lui-même. C'est à dire que la charité n'a qu'un seul prochain, qui est Dieu. Notre véritable prochain, c'est Dieu, si proche qu'il est infiniment plus près de nous-mêmes que nous-mêmes. Et c'est à travers ce prochain divin que nous avons un prochain humain. 
Si donc la charité est au coeur de l'Evangile, c'est parce qu'au coeur de la vie, il y a une présence de Dieu. Dieu est la vie de notre vie. Dieu est confié à chacun de nous. Dieu circule en nous et nous en lui et toutes les vertus ne sont pas autre chose que le rayonnement de la présence de Dieu dans notre corps ou dans notre esprit, dans notre conduite et dans notre action.

Maurice Zundel 

jeudi 20 janvier 2022

Heureux les coeurs purs... St Isaac le Syrien

Quand l'homme reconnaît-il que son cœur atteint la pureté ? Lorsqu'il considère tous les hommes comme bons sans qu'aucun lui apparaisse impur et souillé. Alors en vérité il est pur de cœur… 
Qu'est-ce que cette pureté ? En peu de mots, c'est la miséricorde du cœur à l'égard de l'univers entier. Et qu'est-ce que la miséricorde du cœur ? C'est la flamme qui l'embrase pour toute la création, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les bêtes... pour tout être créé. Quand il songe à eux ou quand il les regarde, l'homme sent ses yeux s'emplir des larmes d'une profonde, d'une intense pitié qui lui étreint le cœur et le rend incapable de tolérer, d'entendre, de voir le moindre tort ou la moindre affliction endurée par une créature. C'est pourquoi la prière accompagnée de larmes s'étend à toute heure aussi bien sur les êtres dépourvus de parole que sur les ennemis de la vérité, ou sur ceux qui lui nuisent, pour qu'ils soient gardés et purifiés. Une compassion immense et sans mesure naît dans le cœur de l’homme, à l'image de Dieu. 
                                                                        St Isaac le Syrien , 
Discours ascétique, § 81

samedi 25 décembre 2021

Noël...

 Dans le berceau rose, la petite fille ouvre ses yeux bleus. Elle est grave et son silence semble chargé de pensées. Il y a trois semaines, déjà, qu’elle est entrée dans l’histoire du monde dont sa vie doit être un moment. Le soir descend sur la ville, lentement aspiré par le jour qui meurt. La mère tire les rideaux, gardiens de l’intimité, en éveillant les lampes dont la clarté discrète se confond avec l’ombre qu’elle anime. Le feu se recueille dans l’âtre qui rougeoie, et, sur le manteau de la cheminée, un vieux bréviaire choral offre au regard le vermillon doré de ses lettres capitales.
 
 
Je m’approche et je lis : « Rex pacificus magnificatus est, cujus desiderat universa terra » – « Le Roi qui donne la Paix a manifesté sa gloire, la terre entière désire contempler son Visage. » C’est la première antienne de Noël, qui chante la magnificence divine de la crèche où Marie adore son enfant. Le salut du monde repose dans cet être fragile que ses parents devront bientôt soustraire à la fureur d’Hérode. Car le salut du monde est de retrouver le sens de l’amour et rien ne l’éveille plus sûrement que la majesté sans défense qui cherche un refuge dans notre tendresse.
 
Est-ce vous, Seigneur, dans la vie fragile de ce nouveau-né ?
Je me retourne vers le berceau. La petite fille s’est endormie. Mais son âme nous regarde à travers la chair diaphane, vêtue de la lumière intérieure dont elle est le reposoir. Nous retenons notre souffle pour écouter la voix silencieuse qui nous parle en ce verbe vivant :
 
« Est-ce vous, Seigneur ? »
 
La question se pose à peine, tellement il est clair que le mystère qui nous tient agenouillés devant cette enfant est Dieu même, dont son âme est le sanctuaire. La mère se lève et, sans bruit, prend dans ses bras le petit être qui respire, blotti contre son cœur, la paix divine de son sommeil.
 
C’est son bréviaire de maman, son plus beau livre d’heures, son offrande silencieuse, et son vivant Noël. Le Christ va renaître, cette nuit, dans le mystère toujours nouveau de la divine liturgie. Les cloches et la neige épandent sur les toits, leurs nocturnes sonores et veloutés. Mais quel Te Deum d’action de grâces peut se comparer à cette petite fille que sa mère, à cette heure, devant le vieil antiphonaire, consacre à Dieu, au Roi source de paix, dont la terre entière aspire à contempler le visage.
 
Et je me souviens de la parole qu’elle m’avait dite durant les mois de mon attente, dans la période recluse de son Avent : « J’espère qu’à Noël prochain, Dieu me donnera un petit enfant que je puisse lui offrir pour le remercier de s’être fait enfant ! »
 
Notre vie peut toujours recommencer
Notre vie peut toujours recommencer… Tout est sauvé à chaque instant si Dieu est sauvé. Noël peut encore être notre naissance, car tout ce qu’il y a d’humain dans l’homme, et par suite, d’existence réelle, est générosité, comme le dialogue avec Dieu… est échange de générosité… En Lui, tout se renoue…
 
Noël est, en un sens, l’offertoire de la Croix, puisque c’est Dieu livré dans sa fragilité la plus désarmée. Cela demeure comme l’étoile dans notre nuit. Au-delà de tous nos déchirements et de toutes nos impuissances, il y a cet appel irrésistible à notre générosité. C’est par-là que notre vie peut toujours recommencer et obtenir sa justification. Tout est sauvé à chaque instant si Dieu est sauvé. Sous cet aspect, Noël peut encore être notre naissance, car tout ce qu’il y a d’humain dans l’homme, et, par suite, d’existence réelle, est générosité, comme le dialogue avec Dieu, où l’homme et Dieu se trouvent à la fois, est échange de générosité. Nous pouvons donc encore rendre grâce, sans rien forcer, en nous, pour cette lumière qui est notre unique espérance, comme elle est le seul fondement de notre dignité, ferment du don que nous avons à être. Dieu reste, qui est la respiration de notre âme. En lui, tout se renoue, tous les liens se reforment, et toutes les présences se joignent et deviennent réelles.


Maurice Zundel
Retranscription d’une page isolée et incomplète sur Noël

dimanche 21 novembre 2021

Mon Royaume n'est pas de ce monde

"La fête la plus élevée et la plus vraie, la fête suprême, est la fête de la vie éternelle, c'est-à-dire de l'éternelle félicité où nous serons vraiment en face de Dieu. Cela, nous ne pouvons pas l'avoir ici-bas ; mais la fête que nous pouvons avoir, c'est un avant-goût de celle-là, une expérience de la présence de Dieu dans l'esprit par la jouissance intérieure que nous en donne un sentiment tout intime. Le temps qui est toujours nôtre, c'est celui de chercher Dieu et de poursuivre le sentiment de sa présence dans toutes nos oeuvres, notre vie, notre vouloir, notre amour. Allons, mettez à profit, employez bien tout ce que vous avez de zèle, à prendre part en vérité, à cet aimable jour de fête, à mériter que Dieu se révèle en vous, que vous goûtiez en vous sa joie, sa paix, que vous ayez et sentiez en vous toute sa fête, chaque fois que vous le voulez et que vous rentrez en vous-mêmes, dans votre prière, dans les oeuvres que vous avez à faire. Car c'est là qu'on éprouve en vérité les joies de la vraie fête de la présence du Dieu d'amour, là, où l'on se sent la propriété de Dieu et de personne d'autre. N'est-ce pas là chose délicieuse : vie de fête, de joie et de bonheur ; nous en Dieu et Dieu en nous, ici dans le temps, là-haut dans l'éternité et dans une indicible béatitude."

 Jean Tauler " Sermons, la fête éternelle"



lundi 13 septembre 2021

Les pieds nus du Christ...

Quiconque n'est pas disposé à accueillir le pauvre n'accueille pas pleinement le Christ qui s'est identifié à lui. Si quelqu'un, au moment de la communion, avance plein de ferveur pour recevoir le Christ, mais le coeur fermé aux pauvres, il ressemble, dirait St Augustin, à celui qui voit de loin venir un ami perdu de vue depuis des années. Plein de joie, il court à sa rencontre, se hisse sur la pointe des pieds pour lui embrasser le front sans s'apercevoir que de ce fait il lui écrase les pieds avec ses chaussures cloutées. Les pauvres sont en effet les pieds nus du Christ encore posés sur cette terre. 

Père Raniero Cantalamessa 
"Amoureux du Christ, le secret de François d'Assise"

lundi 23 août 2021

Réflexions : femmes dans l'Eglise...

"...Une Femme enfante…

La vie jaillissante, qui peut l’arrêter…

L’Église est en douleur d’enfantement, submergée par ce qui la dépasse humainement, mais en espérance. On dit en espérance d’enfant… Pour l’instant, ce sont des hommes qui en sont broyés. Alors peut-être que oui, le temps des femmes est venu, celui du féminin, en tout cas. Que l’Église puisse mettre au monde tout le Vivant qu’elle porte… malgré la fureur de « l’antique Serpent ».
 Je vois combien l’échange avec le père A. disait déjà cela. Ce qu’en tant qu’hommes, ils ne sauront jamais, ils le vivent pourtant. Ils le subissent, c’est peut-être plus juste. Eux qui fécondent tout en élan, qui se donnent en donnant, qui offrent la vie mais ne peuvent pas la mettre au monde, ils doivent maintenant la mettre au monde seuls, d’une certaine façon… Le Serpent se réjouit… mais ne gagnera pas !
 
Quand le père A m’a demandé ce que vivaient les femmes en mettant au monde, je lui ai répondu : c’est le corps qui prend la main.
C’est le Corps qui prend la main… cela est. On ne peut rien entraver, rien contrôler. Même au prix de la vie, et ça me parle de l’Église.

De ce qui s’écrit, nous n’en connaissons pas l’expression matérielle mais nous en pressentons la vérité, l’inéluctable, qui échappera à toute entrave : sinon, il sera question de mort. 
Ce que certains prêtres essayent de faire entendre, comme si à regarder de façon trop vaste, à prendre trop de distance, d’autres étaient moins saisis de cette profonde convulsion, cette pulsation de vie qui appelle : ça n’est pas abstrait, c’est poignant, brûlant, bouleversante houle qui saisit et broie en même temps, terrible effort aussi, la vie lutte pour s’incarner, et chaque peur, chaque refus, chaque raideur, et même chaque tergiversation, complique sa lutte…
 Le combat des femmes, un combat pour la vie qui peut coûter la vie.
 
Ici, on l’oublie, nos sociétés permettent ou imposent le contrôle, la mort s’éloigne en apparence, il ne resterait que la joie : la péridurale a mangé la douleur… On choisit son moment, on rêve un enfant qui devient projet, mais au-delà tous ces masques, pour la moitié de la planète cela reste la passion des femmes, et elles en meurent encore.
 
L’Eglise en espérance d’enfant approche de son terme.
Crûment.
Nous pouvons lire ces mots au sens le plus brutal.
Crûment...

On ne sait pas encore. Un enfant va naître, peut-être. L’Église Épouse se tord dans les douleur de son enfantement. Il n’y a pas de péridurale pour elle… L’enfant n’est plus un rêve, il est là et il est inconnu.
Elle le croyait un projet dessiné depuis le fond des âges, blotti depuis deux mille ans dans un nid rassurant et bien construit, il est une réalité divine qui vient et déchire toutes les certitudes et tous les rêves…
L’Eglise a peur. Elle sent que tout lui échappe, elle doit devenir Corps en vérité, Corps du Ressuscité… mais pour cela, la Passion. La guerre des femmes pour la vie…
 
Alors mes sœurs religieuses, vierges, épouses, veuves et femmes sages, veillons avec Marie au chevet des hommes qui peinent à ce qui leur est demandé… 

MF  " Méditation sur la consécration des veuves, extraits"


 

dimanche 15 août 2021

Assomption...

 L'Assomption est la fête, non seulement de Marie, mais de toute la nature humaine. Car, en Marie, la nature humaine a atteint sa fin. Une semaine après le début de l'année liturgique nous célébrons la naissance de la très Sainte Vierge. Deux semaines avant la fin de l'année liturgique, nous célébrons la mort et la glorification de Marie. Ainsi, associé et subordonné au cycle de la vie de Jésus, le cycle de la vie de Marie manifeste le destin et le développement d'une nature humaine entièrement fidèle à Dieu. Avec Marie, c'est le genre humain qui est emporté et reçu au ciel. Marie a des privilèges qui ne peuvent pas être les nôtres. Mais ce parfait épanouissement de la grâce en Marie, que nous admirons le 15 août, nous suggère quelle pourrait être la ligne de développement d'une âme qui s' appliquerait à faire fructifier en elle-même les grands dons reçus au cours de l'année liturgique, - le don de Noël, le don de Pâques et le don de la Pentecôte.

Père Lev Gillet

samedi 7 août 2021

Sagesse... St François d'Assise

Nous ne devons pas être sages et prudents selon la chair, mais bien plutôt simples, humbles et purs.
 
Nous ne devons jamais désirer dominer les autres, mais bien plutôt nous devons être les serviteurs et les sujets de toute créature humaine pour l'amour de Dieu. Et sur tous ceux qui auront agi ainsi et persévéré jusqu'à la fin, "l'Esprit du Seigneur se reposera et il fera en eux son habitation et sa demeure", et ils seront les fils du Père céleste dont ils accomplissent les oeuvres; ils sont les époux, les frères et les mères de notre Seigneur Jésus Christ.
 
Nous sommes ses époux quand par l'Esprit Saint l'âme fidèle est unie à Jésus Christ ; nous sommes ses frères quand nous faisons la volonté de son Père qui est dans les cieux ; nous sommes ses mères quand nous le portons dans notre coeur et dans notre corps, par l'amour et par une conscience pure et sincère, et quand nous l'enfantons par nos oeuvres saintes, dont l'exemple doit éclairer le prochain. 

St François d'Assise

lundi 31 mai 2021

Visitation... Ch. de Foucauld

 Ô ma Mère, c'est à la fois une de vos fêtes, et une des fêtes de Jésus, aujourd'hui. Mais c'est plus encore la fête de Notre Seigneur, car c'est Lui qui agit en vous et par vous.

La Visitation, c'est la charité du Christ vous pressant. C'est Jésus qui, à peine est-Il entré en vous, a soif de faire d'autres saints et d'autres heureux... 
Par l'Annonciation, II S'est manifesté et donné à vous. Il vous a sanctifiée merveilleusement.
 
Cela ne Lui suffit pas ; dans son amour pour les hommes, II veut tout de suite Se manifester, et Se donner par vous à d'autres.

Il veut en sanctifier d'autres. Et il se fait porter par vous chez Jean. C'est donc votre fête, ô ma Mère... la fête des communautés contemplatives et silencieuses (...).
 
Ce que va faire, en effet, la Vierge dans sa Visitation, ce n'est pas une visite à sa cousine pour se consoler mutuellement par le récit des merveilles de Dieu en elles. C'est encore moins une visite de charité matérielle pour aider sa cousine dans les derniers mois de sa grossesse et dans ses couches. C'est bien plus que cela. Marie part pour sanctifier saint Jean, pour lui annoncer  la Bonne Nouvelle, pour l'évangéliser et le sanctifier, non par ses paroles, mais en portant Jésus en silence, auprès de lui, au milieu de sa demeure. Ainsi font les religieux qui sont voués à la contemplation...
 
Sans paroles, ils portent Jésus, au milieu des hommes, en silence.
 
En Le portant parmi eux dans la sainte Eucharistie, en Le portant dans leur vie, dans la vie évangélique dont ils donnent l'exemple, dont ils sont les vivantes images.
 
Ô ma Mère, faites que nous soyons fidèles, comme vous, à notre mission !
Charles de Foucauld "Nouveaux écrits spirituels"
 

dimanche 23 mai 2021

Pentecôte...

 

«Quand, tout à coup, vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent... ».

Le Saint-Esprit est un souffle, un vent. Ce qui importe pour nous, ce n'est pas de nous émerveiller devant la puissance de ce souffle, mais de nous soumettre entièrement à lui et de nous laisser «pousser» par l'Esprit comme Jésus aux jours de sa vie terrestre.

Que ce souffle nous dirige où il veut.

Rappelons-nous aussi que ce souffle est lui-même "dirigé". Il n'est pas une force indépendante et incohérente. Jésus a soufflé le Saint-Esprit sur ses disciples. Mais ce souffle procède d'abord de la bouche du Père. Il est une obéissance à Dieu.

En obéissant aux impulsions de l'Esprit (le vent bruyant n'est qu'un symbole extérieur et rare, l'impulsion intérieure est la réalité), nous participons à l'obéissance de l'Esprit lui-même, procédant du Père, envoyé par le Fils.

Père Lev Gillet

mercredi 28 avril 2021

Le Fils, Prêtre éternel...

La réciprocité d'amour du Père et du Fils fait que le Fils, se recevant tout entier du Père, se rend tout entier au Père, s'offre tout entier au Père. C'est son offrande éternelle au Père dans l'amour, son action de grâce éternelle, ce qu'on peut appeler l'eucharistie éternelle du Fils dans la Sainte Trinité. En tant qu'il l'offre, le Fils exerce dans la Trinité un sacerdoce éternel. Le Fils éternel est éternellement prêtre. Tel est l’archétype de tout sacerdoce.
Ce qui précède signifie que créer un être, pour le Père, c’est identiquement le donner au Fils. Cela n’aurait aucun sens pour le Père de créer quelque chose à côté de son Fils.
Créer, pour le Père, c’est créer en son Fils, donner à son Fils, destiner à son Fils, unir à son Fils.
Créer, pour le Fils (car les trois personnes participent à l’acte de création), c’est rendre au Père en action de grâce, dans le même instant éternel, ce que le Père crée, c’est l’offrir au Père.
Créer, pour L’Esprit, c’est faire de toute chose créée, dans le même instant, un lien d’amour entre le Père et le Fils.

Jean Marie Hennaux, S.J.



mardi 23 mars 2021

Passion...


Livré… Quelles sont vos réactions en découvrant ce mot au fil de la passion ?  Vous laisse-t-il saisis devant ce qu’il évoque : Un homme trimbalé d’une instance à une autre comme une marchandise ? « Livré », ce mot ne dit-il pas l’essentiel de ce qui vit le Christ sur le chemin de Pâques ? Jésus en est conscient : il va être livré ! En pleine connaissance, il va se laisser faire sans jamais regimber. Voilà ce qui m’étonne !  Jusqu’au repas d’adieux, il s’était réservé. Certes, on le pourchassait, mais il savait s’esquiver. Maintenant, il n’en est plus question, c’est que le temps est proche, que l’heure est arrivée. Le moment est venu de se laisser livrer aux délires des pécheurs.

 « Livré » exprime-t-il le sens du don de soi ?

N’être plus rien d’autre que ce que veulent les autres sans perdre pour autant sa propre identité ? En effet, Jésus se laisse faire, mais il sait qui il est. Mais pour être tout lui-même, doit-il en même temps s’en aller jusque là, jusqu’à se laisser livrer ?  Ils veulent l’arrêter. Chefs et prêtres l’ont ainsi décidé. Pourquoi ? Ils peinent à trouver le motif. Depuis que Judas leur a livré Jésus pour trente pièces d’argent, il cherche sur quoi le condamner. Quoiqu’il en soit, il est entre leurs mains. Il n’en sortira pas, du moins pas physiquement. Mais en le condamnant, n’est-ce pas plutôt eux qui se ferment à la vie ? Il est là devant eux. Que vont-ils lui trouver ? Ah voici : qu’il est selon ses dires, le Christ, le Fils de Dieu. Enfin un bon motif puisqu’il a blasphémé…(Matthieu 26, 65)

 Livré… Jésus de Nazareth… En fait le Fils de Dieu !

Judas vient de comprendre. Celui qu’il a livré, il le sait innocent. Avant de disparaître, il en fait part à ses commanditaires. (Matthieu 27, 3) mais rien n’y fait, Jésus sera livré. Pilate le reçoit (Matthieu 27, 2) Il prend donc livraison du condamné à mort, lâché par tous les siens et qui se laisse livrer non sans avoir évoqué déjà auparavant la possibilité d’éloigner cette coupe. (Matthieu 26, 39 et 26, 42) Mais maintenant, au point où il en est dans se « laisser livrer », son seul attachement : La volonté du Père ! Il avance ainsi, conscient de ce qu’il est, condamné faussement, mais se voulant accordé à la volonté du Père, qui se tait.

Livré…Voilà le maître mot…

 Abandonné de tous, haï et diffamé et sans aucun autre recours. Car Pilate, un tantinet lucide (il savait que c’était par jalousie qu’on le lui avait livré ) (Matthieu 27, 17), s’inscrira à son tour dans la chaîne des « livreurs ». Il relâche Barabbas, fait flageller Jésus et, cette fois pour de bon, le livre à ses bourreaux. (Matthieu 27, 26) Jésus se laisse faire, vraiment totalement livré…Un dernière fois du fond de l’abandon, il dit : « Pourquoi mon Dieu… ».

Car Dieu se tait. Dieu ne l’a pas délivré !

 Livré… Abandonné… Est-ce cela le Don ?

 

Suis-je vraiment disciple de cet homme (mon Dieu !) livré ?

Est-ce le seul chemin qui engendre l’amour ?

Livré comme le Christ, nous est-il proposé ?

Et comment concilier être pleinement soi et dégagé de soi ?

 

Autrement dit : Livré !

 

P. Christian Blanc, assomptionniste « pour la Croix, Croire »