Affichage des articles dont le libellé est Méditations. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Méditations. Afficher tous les articles

vendredi 22 janvier 2021

Je suis une maisond de prière... Ch. de Chergé

 
Je suis une maison de prière. Saint Paul me désigne comme Temple de l’Esprit. C’est-à-dire que je suis bâti par et pour Dieu. Et c’est la prière qui me le dit, c’est elle qui me construit. Car c’est là que je pressens mes plus grandes dimensions d’homme : longueur, largeur, hauteur, profondeur… et la plus grande dimension des frères qui m’entourent, et de tous ceux que je rencontre, de tout homme. Nous faisons beaucoup de grands mutilés parce que nous oublions que c’est Dieu qui construit toute maison d’homme, souvent à l’insu même de son « locataire ». C’est l’Esprit qui le dit à notre foi. Bien sûr, je suis aussi bâti pour l’amour. Mais le même esprit de Jésus me suggère que c’est tout un, prier et aimer. C’est pour cela qu’il me construit à ciel ouvert, car il ignore les ghettos. Je n’ai pas à lui ouvrir, car c’est de l’intérieur qu’il vient et qu’il opère ; voilà pourquoi on ne sait jamais trop d’où il vient, ni surtout comme s’édifier soi-même dans l’amour.

Christian de Chergé, ocso

dimanche 10 janvier 2021

Tout radieux encore...

 Tout radieux encore de la naissance du Sauveur, nous sommes en fête de sa re-naissance. La célébration de sa Nativité n'est pas encore achevée que déjà nous célébrons la solennité de son baptême. A peine né au milieu des hommes, il renaît dans ses sacrements.

.........................................

Aujourd'hui, Jésus est baptisé dans le Jourdain. Quel est ce baptême, plus pur que la source dans laquelle il est plongé ? L'eau lave moins le Christ qu'elle n'est lavée elle-même !               

En se plongeant dans le Jourdain, le Sauveur a consacré les flots de tous les gouffres, les cours de toutes les sources, dans le sacrement du baptême ; désormais tous ceux qui veulent être baptisés au nom du Christ, sont lavés par l'eau de la terre, purifiés par les flots du Christ. Le Sauveur a voulu être baptisé, mais pour purifier les eaux à notre profit...

St Maxime de Turin

dimanche 3 janvier 2021

Épiphanie : le chercheur de Dieu

 Mes chers frères et sœurs, aujourd’hui l’Église nous propose de célébrer la fête de l’Épiphanie qui est la manifestation de Dieu à tous les peuples du monde. Les lectures de ce dimanche peuvent être organisées autour du thème « le chercheur de Dieu ». Les rois mages cherchent Dieu comme nous aussi nous le cherchons dans le quotidien de nos vies sur des chemins non tracés mais guidés par l’étoile de l’espérance de notre foi.  

Ce chemin non tracé conduit les mages à Jérusalem où les croyants ne savaient plus lire les signes de temps. Le roi Hérode, informé par les païens de la naissance du messie, panique et tout Jérusalem avec lui. La marche des mages ne s’arrête pas dans l’inquiétude du peuple de Jérusalem. Ils doivent continuer leur recherche de Dieu car l’anxiété du roi Hérode et de son peuple n’apaise pas leur profond désir de Dieu. 

Mes frères et sœurs, hier comme aujourd’hui, malgré un monde changeant, le chrétien continue à marcher et à chercher son Seigneur et Dieu, car il est un pèlerin sur terre. Il n’a pas fini avec Dieu, il n’est pas tranquille, intérieurement, tant qu’il n’a pas rencontré son Dieu. Et cette rencontre l’invite toujours et souvent à une adoration et une conversion.  Les mages quand ils arrivent devant le nouveau-né à Bethléem ils lui offrent leurs présents : or car il est roi, l’encens car il est Dieu et la myrrhe car il est un vrai homme mortel. Comme les mages, nous sommes tous appelés à la crèche de Noël pour y rencontrer le Seigneur, nouvellement né en ce monde, et l’adorer.

L’Évangile d’aujourd’hui nous montre que c’est par un autre chemin que les mages sont retournés dans leurs pays. Une rencontre vraie avec le Seigneur ne nous laisse pas indifférents ! Elle nous change et nous transforme. Nous ne pouvons plus emprunter le même chemin. La rencontre avec le Seigneur change notre manière d’être et de faire. La rencontre avec Jésus-Christ nous transforme et change notre vision du monde et des choses. La rencontre avec le Seigneur nous conduit sur ses chemins à Lui.

Mes chers frères et sœurs, que la célébration de l’Épiphanie dans le monde d’aujourd’hui en pleine crise sanitaire nous donne le courage de marcher sur le chemin de la foi. Puissions-nous être conduits à une vie pleine d'espoir et de joie en sachant que la puissance de Dieu a fait irruption dans le monde par le Christ notre Seigneur.

Amen


Père Martin Bahati, sources Vatican-news

dimanche 20 décembre 2020

Faire naître la joie...

 Corps très saint qui a abrité le Seigneur ! C'est en Marie qu'a été annulé le constat de notre péché; c'est en elle que Dieu s'est fait homme tout en restant Dieu.

Il a voulu se soumettre à cette grossesse et il s'est abaissé à naître comme nous; sans abandonner le sein du Père, il était comblé par les caresses de sa mère.

Car Dieu ne se divise pas lorsqu'il accomplit sa volonté; c'est même en demeurant chez tous sans division qu'il donne le salut au monde. Gabriel est venu vers la Vierge mère sans quitter le ciel, et le Verbe de Dieu qui embrasse toutes choses, tandis qu'il s'incarne en elle, ne cesse d'être adoré dans le ciel.

Ô virginité par laquelle les anges, d'abord éloignés du genre humain, se réjouissent avec raison d'être mis au service des hommes ! Et Gabriel exulte d'être chargé d'annoncer la conception divine. C'est pourquoi il ouvre son message de salut en invoquant la joie et la grâce : "Réjouis-toi, Comblée de grâce, prends un visage joyeux! Car c'est de toi que va naître la joie de tous".

Basile de Séleucie

dimanche 13 décembre 2020

Visage...

J'écoute… Je laisse le silence s’écrire, tout doucement… le chant du poêle, le pas des chats… la beauté. Ta beauté. 

Vieillard, Rembrandt 
Ineffable. 

Simple... 

Il n’y a aucun apprêt dans Ta beauté. Tous les visages, tous les corps, jeunes, épuisés, agonisants, sont habités de Ta beauté ; ça se passe au-dedans, à fleur de peau… 

Je pense à M, cet homme au visage perdu, béant, qui resplendit de Toi sans que personne ne le remarque. C’est Ta main qui passe, qui touche ce visage, me touche le cœur. En même temps. Et se dévoile une beauté insoupçonnée, insoupçonnable peut-être… la sienne propre… Unique.

Irremplaçable.

Je ne sais pas qui il est : il ne peut plus me le dire, Tu ne peux pas le dévoiler, c’est un secret entre Toi et lui. Votre secret. Infiniment précieux, infiniment parfait…

Les mots ne servent qu’à tracer une fine ligne sur le sable blanc de la page. Une ligne à suivre. Il est inutile de comprendre, il faut juste regarder cette faible trace et la garder dans notre cœur. Et puis un jour, devant un visage défait, elle le griffera, ce cœur, et Ta beauté se révèlera…


dimanche 31 mai 2020

Pentecôte... notes de Maurice Zundel

Un vitrail, vu dans l’obscurité, ne donne aucune impression de magnificence, même si on en connaît tous les détails. Ce n’est que dans la clarté du jour qu’il prend vie.

Il en est de même de l’enseignement divin. Les Apôtres ont suivi Jésus, ils l’ont vu mourir sur la Croix et ressusciter trois jours après. Leurs rêves s’écroulent. Ils n’ont rien compris. Ils voient qu’il n’y aura pas de royaume d’Israël, que toutes les promesses des prophètes valent aussi bien pour les gentils que pour eux-mêmes. Ils sont déçus. Le Maître ne revient pas.

Mais soudain, comme un vitrail qui s’illumine, le vrai visage de Jésus leur apparaît dans toute sa splendeur. Le jour de la Pentecôte, ils sentent la brûlure d’un feu mystérieux, et leurs intelligences s’éclairent, leurs cœurs s’ouvrent à l’Amour. Au-dedans d’eux-mêmes, ils découvrent Jésus. Ils comprennent le sens des Paroles qui leur ont été dites. Et Pierre se souvient… « Lorsque tu étais jeune, tu allais où tu voulais, mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra et tu iras où tu ne veux pas aller. » (Jn. 21:18)

Il faut en effet, se laisser faire, laisser Dieu agir en nous. Et Pierre découvre le vrai Dieu ! Le Dieu vivant qui est au plus intime de son cœur, le Dieu qui a tout fait par Amour, le Dieu qui appelle sa créature, le Dieu qui meurt pour la sauver, pour briser la carapace de son cœur qui s’est trop longtemps refusé.

Et Pierre comprend le mystère de la Croix, le mystère de l’Amour d’un Dieu. La rencontre est consommée. Le disciple devient cri d’amour, il lâche ses espérances de chair pour se donner à Dieu et au prochain. Il est au cœur du premier Amour. Il partira à la conquête du monde. Tel est le Dieu que nous avons à retrouver au plus intime de nous-même, dans le feu de la Pentecôte. Quelle est en nous la naissance de la religion ? C’est une voix que nous percevons au-dedans de nous, une voix qui est l’Amour et qui nous demande l’amour. Qu’admirons-nous dans les Saints ? Ce que nous admirons, c’est une Présence que nous portons en nous et qui s’incarne en eux avec une beauté particulière.

Pour être assuré de l’existence de Dieu, il suffit d’écouter en notre âme cet appel incessant à la beauté, à l’Amour. Il y a en effet en nous Quelqu’un qui n’est pas nous, Quelqu’un qui demande à se réaliser en nous, mais qui ne peut le faire sans nous.

Nous avons en nous un trésor immense et nous savons bien qu’en le trahissant, nous éteignons une lumière, nous devenons mur opaque. La valeur infinie, vivante en nous, valeur qui couronne de splendeur tous nos sacrifices, ne peut régner, à travers nous, sans le consentement de notre cœur.
Maurice Zundel (notes de Pentecôte 1936) 


dimanche 19 avril 2020

Dieu seul peut...


Dieu seul peut créer, mais tu peux valoriser ce qu'il a créé,
Dieu seul peut donner la vie, mais tu peux la transmettre et la respecter.
Dieu seul peut donner la santé, mais tu peux orienter, guider, soigner.
Dieu seul peut donner la Foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut infuser l’Espérance, mais tu peux rendre la confiance à ton frère.
Dieu seul peut donner l’Amour, mais toi tu peux apprendre à l'autre à aimer.
Dieu seul peut donner la joie, mais tu peux sourire à tous.
Dieu seul peut donner la force, mais toi tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l'indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux des autres.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire des miracles, mais tu peux être celui qui apporte les cinq pains et les deux poissons.
Dieu seul pourra faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui même mais il a préféré compter sur toi !
Père Guy Gilbert

dimanche 12 avril 2020

La Pâque du Seigneur...


Bien des choses ont été annoncées par de nombreux prophètes en vue du mystère de Pâques qui est le Christ : A lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

C'est lui qui est venu des cieux sur la terre en faveur de l'homme qui souffre ; il a revêtu cette nature dans le sein de la Vierge et, quand il en est sorti, il était devenu homme ; il a pris sur lui les souffrances de l'homme qui souffre, avec un corps capable de souffrir, et il a détruit les souffrances de la chair ; par l'esprit incapable de mourir, il a tué la mort homicide.

Conduit comme un agneau et immolé comme une brebis, il nous a délivrés de l'idolâtrie du monde comme de la terre d'Egypte ; il nous a libérés de l'esclavage du démon comme de la puissance de Pharaon ; il a marqué nos âmes de son propre Esprit, et de son sang les membres de notre corps.

C'est lui qui a plongé la mort dans la honte et qui a mis le démon dans le deuil, comme Moïse a vaincu Pharaon. C'est lui qui a frappé le péché et a condamné l'injustice à la stérilité, comme Moïse a condamné l'Egypte.

C'est lui qui nous a fait passer de l'esclavage à la liberté, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, de la tyrannie à la royauté éternelle, lui qui a fait de nous un sacerdoce nouveau, un peuple choisi, pour toujours. C'est lui qui est la Pâque de notre salut.

C'est lui qui endura bien des épreuves en un grand nombre de personnages qui le préfiguraient ; en Abel il a été tué ; en Isaac il a été lié sur le bois ; en Jacob il a été exilé ; en Joseph il a été vendu ; en Moïse il a été exposé à la mort ; dans l'agneau il a été égorgé ; en David il a été en butte aux persécutions ; dans les prophètes il a été méprisé.

C'est lui qui s'est incarné dans une vierge, a été suspendu au bois, enseveli dans la terre, ressuscité d'entre les morts, élevé dans les hauteurs des cieux.

C'est lui, l'agneau muet ; c'est lui l'agneau égorgé ; c'est lui qui est né de Marie, la brebis sans tache ; c'est lui qui a été pris du troupeau, traîné à la boucherie, immolé sur le soir, mis au tombeau vers la nuit. Sur le bois, ses os n'ont pas été brisés ; dans la terre, il n'a pas connu la corruption ; il est ressuscité d'entre les morts et il a ressuscité l'humanité gisant au fond du tombeau.
Sermon de Méliton de Sardes sur la Pâque

jeudi 9 avril 2020

Le lavement des pieds...

"L'homme est au centre des préoccupations de Jésus. La religion de Jésus, c'est la religion de l'homme parce que justement, le royaume de Dieu est au-dedans de nous et jamais cette religion de l'homme n'éclate de manière plus émouvante et plus tragique qu'au lavement des pieds. C'est un des derniers gestes de Jésus et c'est là que nous pouvons lire l'éternel et nouveau Testament: Jésus est à genoux devant ses disciples, à genoux devant Judas qui l'a vendu, à genoux devant Pierre qui va le trahir, à genoux devant Jean qui va s'endormir au jardin de l'Agonie, à genoux devant tous les autres qui vont s'enfuir quand ils verront la partie perdue.
Pourquoi est-il à genoux ? Justement parce qu'il veut dans un dernier élan d'amour, il veut mettre ses disciples du côté de l'amour, du côté de la rédemption. Il veut les associer au mystère qui va s'accomplir et où il va s'enfoncer tout seul dans la nuit effroyable qui fera jaillir de ses lèvres un cri de désespoir. Il tente une dernière fois de bousculer les idoles et de les mettre en face d'un Dieu intérieur à eux-mêmes - il n'y en a pas d'autre -, un Dieu au-dedans de nous, un Dieu dont la caractéristique est justement d'être un pur dedans. Il n'a pas de dehors. Il est là, comme une musique silencieuse, au plus profond de nos coeurs. Il ne cesse de nous attendre pour nous transformer en lui.

C'est à ce Dieu-là que Jésus veut conduire l'homme mais, pour que l'homme découvre ce Dieu, il faut que l'homme se transforme, qu'il naisse de nouveau, qu'il consente à l'amour, qu'il se donne à dieu comme Dieu se donne à lui."
Maurice Zundel

dimanche 22 mars 2020

Carême, la lumière du monde...



Au début de son évangile Saint Jean nous dit dans le prologue: “Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme; il venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu”...  
 ...Jésus vit un homme qui n’a pas de nom, qui ne demande rien et qui était aveugle depuis sa naissance. Dieu ne passe pas outre la misère de ses enfants: ”J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris; je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer, dit Dieu à Moise dans le livre de l'Exode. Nous sommes bien la seule religion qui ose prétendre que ce n’est pas l’homme qui cherche Dieu, mais Dieu qui inlassablement vient à la recherche de l’homme qui erre en exil loin de sa Terre Promise. Impossible d’imputer à ce malheureux aveugle la responsabilité de sa maladie: elle est de naissance. Cet homme ne fait que manifester dans sa chair l’état de cécité de notre humanité tout entière depuis qu’elle est privée de la grâce divine. En voyant l’aveugle, Jésus reconnaît pourtant celui en qui l’œuvre de Dieu devait se manifester. 
Quelle est cette œuvre de Dieu, cette œuvre du Père? Dans le discours du pain de Vie, Jésus nous donne la réponse: “L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qu’il a envoyé”. Son œuvre est de nous éclairer de la lumière de la foi. L’œuvre que Jésus réalise, et à laquelle il associe ses disciples quand il dit: “il nous faut réaliser”, c'est de manifester l’action de Dieu et révéler ainsi sa bienveillance paternelle envers les hommes. C’est bien le même Père qui aux origines façonna l’homme avec la glaise prise du sol, qui maintenant avec la salive et les mains de son Fils, fait  de la boue qu’il applique sur les yeux de l’aveugle. Autrement dit, en guérissant l’aveugle-né, Jésus pose un acte de révélation de sa vraie nature, il est l’Envoyé du Père, venu libérer les hommes de la nuit du péché et faire briller sur eux la lumière de Dieu. 
Lors de la fête des Tentes, on lavait l’autel du Temple avec de l’eau de Siloé pour signifier la purification du peuple et obtenir de Dieu la fécondité des terres. En demandant à l’aveugle-né de s’y laver: ”Va te laver à la piscine de Siloé”, Jésus l’introduit dans une vie nouvelle qui va se révéler féconde pour cet homme. Et soulignant la signification du nom de la source, Siloé, c’est-à-dire l'“Envoyé”, saint Jean affirme que par cette eau, d’une part, Jésus se révèle comme l”Envoyé” du Père, et, d’autre part, l’aveugle est constitué “envoyé” de Jésus, témoin fidèle de celui qui l’a guéri... ...Plongé avec le Christ dans les ténèbres de la mort, enseveli avec lui en terre, l’aveugle va être illuminé par l’Esprit, qui l’introduira dans la vie même du Christ ressuscité. 
Le contraste est impressionnant: celui qui ne voit pas au commencement croit en Jésus, et ceux qui voient ne croient pas. C’est tout un chemin de foi que parcourt l’aveugle et il est nous donné comme exemple et modèle. L’aveugle-né, en effet croit immédiatement à la parole de Jésus, avant même d’être guéri. Il connaît le nom de Jésus, mais ne sait rien de plus. Il lui faut passer de la lumière des yeux à la lumière de la foi. Autour de lui, la division apparaît et s’installe. 
Peut-être, pour l’aveugle comme pour nous, la foi doit-elle encore être éprouvée par la contradiction, purifiée par l’épreuve, fortifiée par le témoignage, jusqu’à ce qu’enfin le Seigneur se révèle dans une seconde rencontre qui nous conduise, lui comme nous, à choisir résolument et définitivement Jésus comme notre Seigneur et Sauveur adoré. “Je crois Seigneur”, et il se prosterne devant la divinité du Fils de Dieu. La guérison de l’aveugle-né l’a conduit à la plénitude de la foi en Jésus. L’ancien aveugle est ainsi la figure de l’illumination baptismale dans laquelle nous recevons Jésus, lumière du monde, qui vient conduire chaque homme vers le Père. 
Au commencement de notre évangile Jésus a dit: ”Il nous faut réaliser l’œuvre de Dieu”. Nous qui sommes devenus par le baptême “enfants de lumière”, nous devons transmettre aux autres cette lumière de la foi par le témoignage de notre vie...
P. Philippe Vanderheyden Monastère de Chevetogne




dimanche 15 mars 2020

Carême, rencontre...


"Jésus donc, fatigué par la route, s'était assis au bord du puits. C'était environ la sixième heure. Déjà commencent les mystères. Car ce n'est pas sans raison que Jésus est fatigué ; car ce n'est pas sans raison qu'est fatiguée la Force de Dieu : car ce n'est pas sans raison qu'est fatigué celui qui refait les forces des fatigués ; car ce n'est pas sans raison qu'est fatigué celui dont l'abandon cause nos fatigues, dont la présence nous réconforte. Jésus cependant est fatigué, et il est fatigué par la route ; il s'assied, et il s'assied au bord du puits, et c'est à la sixième heure qu'il s'assied, fatigué. Tous ces détails signifient quelque chose, ils veulent indiquer quelque chose ; ils nous rendent attentifs, ils nous exhortent à frapper. Qu'il nous ouvre donc lui-même, et à nous comme à vous, celui qui a daigné nous exhorter en disant : Frappez et l'on vous ouvrira. C'est pour toi que Jésus est fatigué par la route. Nous trouvons Jésus qui est la Force même, et nous trouvons Jésus qui est faible. Jésus fort et faible, fort car au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ; il était au commencement auprès de Dieu. Veux-tu voir à quel point ce Fils de Dieu est fort ? Tout par lui a été fait et sans lui rien n'a été fait, et sans peine il a tout fait. Qu'y a-t-il donc de plus fort que celui par qui, sans peine, tout a été fait ? Veux-tu connaître sa faiblesse ? Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. La force du Christ t'a créé, la faiblesse du Christ t'a recréé. La force du Christ a donné l'existence à ce qui n'était pas, la faiblesse du Christ a préservé de la mort ce qui était. Il nous a créés par sa force, il nous a recherchés par sa faiblesse.

[...] Vient une femme. Figure de l'Eglise qui n'était pas encore justifiée, mais qui allait bientôt le devenir, car telle sera l'œuvre de la parole. Elle vient sans rien savoir, elle le rencontre, et il s'entretient avec elle. [...] Ecoutons-nous donc en elle, reconnaissons-nous en elle et en elle rendons grâce à Dieu pour nous. Elle était une figure en effet, et non pas la réalité ; et parce qu'elle-même offrait par avance une figure, elle est aussi devenue réalité. Car elle a cru en celui qui nous la proposait comme figure. Elle vient donc puiser de l'eau. Elle était venue simplement puiser de l'eau, comme les hommes ou les femmes ont coutume de le faire...."

Saint Augustin, Homélie XV sur l'Evangile de Jean

mardi 10 mars 2020

Rameaux...


Jésus trouve beaucoup d'amateurs de son royaume céleste, mais peu de porteurs de sa croix.
Il trouve beaucoup de compagnons de sa table, mais peu de son abstinence.
Tous veulent la joie avec le Christ, mais peu veulent supporter quelque chose pour lui.
Beaucoup suivent Jésus jusqu'à la fraction du pain, mais peu jusqu'à boire le calice de la Passion.
Beaucoup vénèrent ses miracles, mais peu le suivent jusqu'à l'ignominie de la croix.
Beaucoup aiment Jésus tant qu'il ne leur arrive aucune adversité.
Beaucoup le louent et le bénissent tant qu'ils reçoivent de lui quelque consolation ; mais dès qu'il se cache et les laisse un peu à eux-mêmes, voilà qu'ils tombent dans les revendications et un excessif abattement.
Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus et non pour quelque consolation personnelle, le louent et le bénissent dans la tribulation et l'angoisse du cœur, autant que dans la plus grande consolation. 

Imitation de Jésus-Christ, II, 11.

dimanche 8 mars 2020

Carême, nous serons transfigurés...


"C'est vers la montagne qu'il faut nous hâter, j'ose le dire, comme l'a fait Jésus qui, là comme dans le ciel, est notre guide et notre avant-coureur. Avec lui nous brillerons pour les regards spirituels, nous serons renouvelés et divinisés dans les structures de notre âme et, avec lui, comme lui, nous serons transfigurés, divinisés pour toujours et transférés dans les hauteurs..." 
Anastase du Sinaï, homélie sur la Transfiguration.

dimanche 2 février 2020

La Sainte Rencontre... Chandeleur


On nomme aussi la fête la Sainte Rencontre ou hypapanthe, du grec "aller au-devant". La fête est appelée également la chandeleur car elle se fêtait à la lumière des chandelles pour exprimer le témoignage de Siméon sur Jésus-Christ : "lumière pour la révélation aux nations".

On la nomme aussi la fête de la Purification parce que, quarante jours après la naissance du Seigneur, la Vierge vint au Temple se purifier, selon la loi de Moïse.

Jésus fut présenté au Temple par Marie et Joseph, il rencontra le vieillard Siméon et la prophétesse Anne qui se trouvaient alors dans le Temple. La Sainte Rencontre est celle de Dieu et de son peuple, elle préfigure la rencontre liturgique.

Chaque âme devrait être un Temple de Dieu, où Marie apporte Jésus. Et chacun de nous, comme Siméon, devrait prendre l'enfant dans ses bras et dire au Père: "Mes yeux ont vu ton salut".

La prière de Siméon, "laisse ton serviteur s'en aller en paix", ne signifie pas seulement que celui qui a vu Jésus et l'a tenu dans ses bras peut maintenant quitter cette vie, mourir en paix. Elle signifie encore pour nous que, ayant vu et touché le Sauveur, nous sommes délivrés de la servitude du péché et nous pou­vons nous éloigner en paix du royaume du mal.

Père Lev Gillet "L'An de grâce du Seigneur"  


mardi 7 janvier 2020

Epiphanie 2020...



Noël nous a placés devant un événement tout pauvre survenu un jour à Bethléem. L’Epiphanie révèle que cet événement a une dimension universelle et même cosmique. Les mages sont guidés par une étoile et représentent tous les peuples, toutes les cultures.
Aujourd’hui, nous voudrions comprendre comment la lumière du Christ peut illuminer tous les hommes. Pour y parvenir, comme les mages nous devons quitter nos habitudes, certaines de nos croyances, nous quitter nous-mêmes, nous courber et entrer dans l’étable. Toute autre attitude passerait à coté de ce Dieu qui s’est abaissé jusqu’à naître dans un lieu caché.
Arrêtons-nous avec eux. Que notre prière, avant d’être demande, soit, comme la leur, adoration. Quand nous regardons vers la lumière du Christ, elle nous devient peu à peu intérieure et le mystère du Christ devient aussi le mystère de notre vie.
L’esprit d’adoration n’est pas facile dans un monde où l’efficacité immédiate compte tellement, où la seule pensée des longues maturations suscite l’impatience. A l’instar des mages, il y a un chemin à faire pour arriver à nous tenir simplement en présence de Dieu. Dans de longs silences où apparemment rien ne se passe, Dieu est à l’œuvre en nous, sans que nous sachions comment.
Les images de l’Epiphanie montrent les mages adorant l’Enfant. Regardons cet enfant pour comprendre qui est Dieu. Voyons l’extrême humilité de Dieu. Voyons que, comme un enfant pauvre, il vient mendier notre amour ! Et voyons aussi qu’il rend la dignité d’êtres humains à ceux qui l’ont perdue.
Adorer signifie discerner la présence de Dieu. Il est là dans sa Parole (lors du récent synode des évêques à Rome, le caractère « sacramentel » de la Bible a été rappelé). Il est là dans l’eucharistie. Les chrétiens d’Orient savent que les icônes elles aussi introduisent dans une communion avec Dieu. Il est là dans les événements humbles de notre vie. Et l’Evangile insiste : Dieu se laisse trouver chez les plus pauvres.
Adorer signifie nous détourner de nous-mêmes pour regarder vers Dieu. Si nos soucis prennent toute la place, comment désensabler la source de vie que Dieu a déposée en nous ?
Frère Alois (Taizé)

dimanche 25 août 2019

Si tu es tombé...

« Si tu te trouves blessé pour être tombé en quelque défaut lié à ta faiblesse, ou même parce ce que tu auras commis volontairement quelque chose de mal, ne perds pas courage et ne te trouble pas ; au contraire, tourne-toi aussitôt vers Dieu et parle-lui ainsi : « Et voilà, Seigneur ! Je me suis comporté pour ce que je suis ! Et à part des chutes, que pouvait-on attendre de moi ? » Et là, humilie-toi un instant à tes propres yeux, regrette l’offense faite au Seigneur, et sans t'accabler, manifeste ton dédain pour tes passions vicieuses, principalement pour celle qui t'a été occasion de chute.
Continue ensuite de cette façon : « Et je n'en serais pas resté là, Seigneur, si par ta bonté tu ne m'avais retenu ! » Et rends-lui grâce, l'aimant plus que jamais dans son incroyable clémence, lui qui te tend la main droite pour que tu ne retombes pas, alors même que tu viens de l'offenser. Ceci fait, ne cherche pas davantage si Dieu t'a pardonné ou non : ce ne serait qu'orgueil, inquiétude d'esprit, perte de temps et tromperie du démon sous l'apparence de quelque bon prétexte. T'abandonnant délibérément entre les mains miséricordieuses de Dieu, continue plutôt ce que tu faisais comme si rien n'était arrivé. 
Et si bien des fois, chaque jour, tu retombais et restais blessé, il te faudrait répéter avec la même confiance ce que je viens de dire, une deuxième fois, une troisième fois et ainsi de suite, et encore plus la dernière fois que la première.»
Lorenzo Scupoli, Le Combat spirituel, 26.
Traduction M de Longchamp pour Magnificat