lundi 17 décembre 2018

Avent, temps d'espérance... 3ème dimanche


Espérance… Où sont-ils, les vivants d'espérance, où sont-ils si, au cœur de leur église, ils la pensent au-delà, plus tard, comme un rêve merveilleux qui  n'aurait pas sa place ici; où en sont-ils de leur vie ? De ce qu'ils appellent la foi ? Comment ne pas percevoir cette venue profonde au cœur de chacun, cette poussée de silence : espérer n'est pas un futur, c'est un présent, dans tous les sens du mot. Un chemin d'aujourd'hui, et d'aujourd'hui, et d'aujourd'hui… 
Il n'y a pas de demain. Il y a la beauté, la paix, la joie, qui germe en l'homme à son rythme, se déploie... alors émerge enfin à la lumière d'ici et se révèle un peu plus le Royaume. Il n'est pas de ce monde, bien sûr, mais il habite au cœur du monde comme un secret et une… J'allais écrire victoire, ou gloire peut-être, ou peut-être les deux. Certainement les deux. Il peut y avoir entre ces deux aujourd'hui le temps d'un vie ou d'un sourire, ou le clin d'oeil d'un ange, il peut y avoir un abîme de vertige ou le fragile d'une feuille d'or, il n'y a jamais de demain… Nous n'avons qu'aujourd'hui, infiniment, pour vivre et pour aimer. 

Que cherchent-ils ces voyageurs d'espoirs déçus, tous ceux qui projettent l'espérance comme un moteur pour avancer vers… Tous ceux qui se plongent dans ce qu'ils appellent la réalité et qui n'en voient plus que les troublantes apparences de haines, d'orgueils, de désespoirs, de joies aussi, et de plaisirs… 
Ici, tout est pluriel, la vie se fragmente à l'infini sur nos pauvres miroirs et nous plonge dans un mauvais songe ou une ivresse plus ou moins joyeuse.

Espérer, attendre… Il y a deux façons d'attendre : quelque chose doit venir à quoi on s'accroche au risque de se lasser, car ce quelque chose viendrait de l'extérieur, on ne sait trop quand, on ne sait même pas si c'est vrai, ou attendre comme on attend un enfant... on disait : elle est en espérance d'enfant. Cet enfant, il va naître, il grandit en la femme, grandit sous la main de son père, fruit d'amour…

L'espérance, c'est la certitude de cet amour qui fruite en silence en nos cœurs épousés de l'Esprit, cette attente bénie et agissante qui invente un espace de douceur, nourrit et protège ce fruit sans même que nous en ayons conscience, aujourd'hui, et puis aujourd'hui, et puis aujourd'hui… dans ce présent qui est tout entier porte d'éternité.

L'espérance est au présent. Elle ne peut qu'être au présent. 

Alors le Royaume affleure dans nos vies, alors enfin la joie, la paix, l'amour…
M.F. "Les nuits de feu"


jeudi 6 décembre 2018

Chemin...

Cheminer
Au-delà de soi

Déchiffrer
L'empreinte de ses pas

Contempler
Le mystère de la foi

Marcher
En quête de quoi ?

Ecouter
La réponse viendra

Prier
Le reste attendra


Partir
Vers l'horizon de lumière

Lire
Les messages qui espèrent

Saisir
Ses mots flottants dans les airs

Venir
Au cœur du redoutable hiver

Réfléchir
Dans la quiétude de l'éphémère

Finir
Simplement par une prière





dimanche 2 décembre 2018

Avent... 1er dimanche


"Préparez le chemin du Seigneur." Le chemin du Seigneur, frères, qu'il nous est demandé de préparer se prépare en marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà. 

Voilà comment, à chaque pas que vous faites, le Seigneur à qui vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand.
Aussi est-ce avec raison que le juste prie ainsi : "Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours." On donne à ce chemin le nom de vie éternelle, peut-être parce que bien que la providence ait examiné le chemin de chacun et lui ait fixé un terme jusqu'où il puisse aller, cependant la bonté de celui vers lequel vous vous avancez n'a pas de terme. C'est pourquoi le voyageur sage et décidé pensera commencer lorsqu'il arrivera. Il oubliera alors ce qui est derrière lui pour se dire chaque jour : "Maintenant, je commence."


Mais nous qui parlons d'avancée dans ce chemin, plût au ciel que nous nous soyons mis en route ! A mon sens, quiconque s'est mis en route est déjà sur la bonne voie : il faut toutefois qu'il ait vraiment commencé, qu'il ait trouvé le chemin de la ville habitée, comme dit le psaume. qu'ils sont peu nombreux ceux qui la trouvent, dit la Vérité. Qu'ils sont nombreux ceux qui errent dans les solitudes...
Et toi Seigneur, tu nous as préparé un chemin, si seulement nous consentons à nous y engager. Tu nous as enseigné le chemin de tes volontés en disant : Voici le chemin, suivez-le sans vous égarer à droite ou à gauche. C'est le chemin que le Prophète avait promis : "Il y aura une route droite et les insensés ne s'y égareront pas." J'ai été jeune, maintenant je suis vieux et, si j'ai bonne mémoire, je n'ai jamais vu d'insensés sur ton chemin, Seigneur, c'est tout juste si j'ai vu quelques sages qui aient pu le suivre tout au long. Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux et qui vous dites prudents, votre sagesse vous a éloignés du chemin du salut et ne vous a pas permis de suivre la folie du Sauveur.

Si tu es déjà sur le chemin, ne perds pas ta route ; tu offenserais le Seigneur qui lui-même t'a conduit. Alors il te laisserait errer dans les voies de ton coeur. Si ce chemin te paraît dur, regarde le terme auquel il te conduit. Si tu vois ainsi le bout de toute perfection, tu diras : "Comme ils sont larges tes ordres." Si ton regard ne va pas jusque-là, crois au moins Isaïe le Voyant qui est l'oeil de ton corps. Il voyait bien ce terme lorsqu'il disait : "Ils marcheront par ce chemin, ceux qui ont été libérés et rachetés par le Seigneur, et ils viendront dans Sion avec des cris de joie. Un bonheur éternel transfigurera leur visage, allégresse et joie les accompagneront, douleur et plainte auront pris fin." Celui qui pense à ce terme, non seulement trouve le chemin court, mais encore a des ailes, de sorte qu'il ne marche plus, il vole vers le but. Que par là vous conduise et vous accompagne celui qui est le chemin de ceux qui courent et la récompense de ceux qui arrivent au but : Jésus-Christ."

Sermon du bienheureux Guerric D'Igny