dimanche 4 décembre 2016

Avent : Homme, éveille-toi...

"Homme éveille-toi: pour toi, Dieu s'est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors..." Dans un vibrant sermon de Noël, saint Augustin invite son auditoire à sortir du sommeil. La vie chrétienne, en effet, est une longue et patiente marche vers l'éveil. C'est au cours d'une mauvaise "nuit" de plein jour que, sur la Croix, le Christ aux outrages rend son dernier souffle. C'est de nuit que l'Enfant de la Promesse offre son premier souffle à l'humanité. Entre l'aube de la Nativité et l'aurore du matin de Pâques, une vie est à mener sur des sentiers de clair-obscur.

Quelques éblouissements, peut-être, une bonne brassée de doute sûrement, et un patient dialogue, sans cesse à reprendre, avec l'Éternel: voici l'humaine traversée spirituelle qui s'offre à tant et tant de chercheurs de Dieu

"La foi? C'est 24 heures de doute moins une minute d'espérance", disait Bernanos.

L'Avent qui s'offre à nous est ce temps béni où il nous faut mettre au monde - souvent malgré le monde - cette toute petite minute d'espérance. Car, c'est la nuit qu'il est bel et bon de croire à la lumière.

L'Avent a le tranchant du ciseau à bois qui vient nous creuser l'âme pour en faire un berceau.

L'Avent donne soudain à l'attente ce doux goût de miel de la naissance annoncée.

Voici l'Avent qui vient, sans crier gare, bousculer notre temps, secouer nos torpeurs, tenter, vaille que vaille, de nous remettre en marche sous l'éclat d'une étoile.

Voici déjà que se profile la grande nuit de Noël, "l'immense nuit des origines" où Dieu, descendu de son ciel, vient, à ras de terre, dans une mauvaise étable, prendre chair et respirer du souffle d'un nourrisson fragile.

Voici la grande nuit qui, de son incomparable éclat, va chasser toutes nos obscurités. Lumineuse nuit de l'Incarnation, de la "mise en chair" du Fils de l'Homme qui, sous nos yeux ébahis, "s'envisage", prend mystérieusement figure humaine, devient "Sainte Face" pour poser son regard de tendresse sur nos failles et toutes nos misérables "pailles". Vertigineuse minute où, dans le corps et le cœur d'une femme, l'espérance prend naissance. Marie prend sur son sein son tout-petit, mais c'est Dieu le "Tout-Aimant" qui prend l'humanité dans ses bras.

Cette douce nuit de Noël, effraction de l'Esprit dans nos horizontalités embourbées, il nous faut la préparer. Oh!, il ne s'agit pas de se lancer dans une activité fébrile, serait-elle "spirituelle", mais plutôt de se "laisser faire", de laisser l'Esprit nous indiquer le sens de notre existence en nous murmurant à l'oreille:" Que fais-tu de ta vie?"

Noël sera Noël si chacune et chacun de nous osons enfin prendre le temps de l'agenouillement devant le Fils de Dieu qui, en nous, tente de naître.

Noël sera Noël s'il y a en notre étable intérieure un peu de place pour que vienne y accoucher la divine Espérance.


Bertrand Révillion: revue Panorama, déc. 2008.

dimanche 20 novembre 2016

Fête du Christ Roi...

Le Christ règne-t-il sur nos vies en vérité ? 

Alors, peut-être, pour répondre honnêtement à cette question, pourrons-nous prendre un temps de silence en nous laissant porter par les choeurs de l'abbaye de Solesmes ? 

dimanche 13 novembre 2016

L'espérance... A. Chédid


J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie

Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits


                               
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir







J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.


Andrée Chedid "Une salve d'avenir"

dimanche 6 novembre 2016

La culture de la vigne spirituelle


Le vigneron s'en ira tailler dans sa vigne les pousses folles. S'il ne le faisait pas et s'il les laissait sur le bon bois, sa vigne ne donnerait qu'un vin aigre et mauvais. Ainsi doit faire l'homme noble : il doit s'émonder lui-même de tout ce qui est désordre, déraciner à fond toutes ses manières d'être et ses inclinations, qu'il s'agisse de joie ou de souffrance, c’est-à-dire tailler les mauvais défauts, et cela ne brise ni la tête, ni le bras, ni la jambe. Mais retiens le couteau jusqu'à ce que tu aies vu ce que tu dois couper. Si le vigneron ne connaissait pas l'art de la taille, il couperait tout, aussi bien le bois noble qui doit bientôt donner du raisin que le mauvais bois, et il ruinerait le vignoble. Ainsi font certaines gens. Ils ne connaissent pas le métier. Ils laissent les vices, les mauvaises inclinations dans le fond de la nature, taillant et rognant la pauvre nature elle-même. 

La nature en elle-même est bonne et noble : que veux-tu y couper ? Au temps de la venue des fruits, c’est-à-dire de la vie divine, tu n'aurais plus qu'une nature ruinée…
Jean Tauler, sermon 7