lundi 9 avril 2018

La Vierge à midi, P. Claudel



Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer. 

Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n’ai rien à offrir et rien à demander. 

Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela 

Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête. 

Midi ! 
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.

Ne rien dire, regarder votre visage, 

Laisser le cœur chanter dans son propre langage,
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein, 

Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée, 

La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final, 

Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ, 

Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l’Eden de l’ancienne tendresse oubliée, 

Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées,
[...]

Parce que vous êtes là pour toujours, simplement parce que vous êtes Marie, simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
Paul Claudel "Poèmes de guerre"

dimanche 8 avril 2018

Apparition à Thomas...

"Apparition à Thomas", M. Chmakoff




"Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas"…



"Porte ton doigt ici : voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant."







L'attouchement comme forme d'expérience : En commentant l'histoire de Thomas, saint Cyrille d'Alexandrie qui a témoigné d'une pénétration profonde de l'esprit du Quatrième Évangile, pensait à l'attouchement qui s'effectue dans « l'Eulogie » et qui est rendu possible par le don du Saint-Esprit. 

L'Eulogie est le terme que saint Cyrille emploie pour désigner l'Eucharistie. Par conséquent, c'est l'Eucharistie qu'il interprète comme un attouchement du Seigneur, en la rapprochant de l'expérience de Thomas.

Nous retrouvons ce rapprochement dans la vie liturgique de l'Église orthodoxe. Dans les prières qui sont récitées par les croyants quand ils s'approchent de la Communion, il est dit : 
« ... Étant herbe, je communie au feu et, ô terrible miracle, je suis arrosé sans être brûlé, de même qu'anciennement le Buisson Ardent était enflammé sans être brûlé » (saint Siméon le Nouveau Théologien). 

Or, dans l'Office dédié à la mémoire de saint Thomas, l'Église chante : « Ô nouveau miracle, ô glorieuse image, comment se fait-il que la main de l'apôtre n'avait pas été brûlée comme l'herbe par le feu de la Divinité ? »
 P. Georges Leroy

dimanche 25 mars 2018

Bénissez !

Fraternité de Jérusalem

Au réveil, bénissez votre journée 
car elle déborde déjà d'une abondance de biens 
que vos bénédictions font apparaître. 

Car bénir signifie reconnaître le bien infini 
qui fait partie intégrante de la trame même de l'univers. 
Il n'attend qu'un signe de nous pour se manifester.

En croisant les gens dans la rue, dans le bus, 
sur votre lieu de travail, bénissez-les tous. 
La paix de votre bénédiction sera la compagne de leur chemin, 
et l'aura de son discret parfum une lumière sur leur route.

Bénissez ceux que vous rencontrez dans leur santé, 
dans leur travail, leur joie, leur relation au divin, 
à eux-mêmes et aux autres. 
Bénissez-les dans leur abondance et dans leurs finances. 

Bénissez-les de toutes les façons concevables, 
car de telles bénédictions ne sèment pas seulement 
les semences de la guérison mais, un jour, 
jailliront comme autant de fleurs de joie 
dans les espaces arides de votre propre vie.

En vous promenant, bénissez votre village ou votre cité, 
ceux qui la gouvernent et ses enseignants, 
ses infirmières et ses balayeurs, ses prêtres et ses prostituées. 
A l'instant même où quelqu'un exprime 
la moindre agressivité, colère 
ou manque de bonté à votre égard, 
répondez avec une bénédiction silencieuse. 
Bénissez-les totalement, sincèrement, joyeusement, 
car de telles bénédictions sont un bouclier 
qui les protège de l'ignorance de leurs méfaits, 
et détourne la flèche qui vous est adressée.

Bénir signifie désirer et vouloir inconditionnellement, 
totalement et sans réserve aucune le bien illimité 
pour les autres et les évènements de la vie
en puisant aux sources les plus profondes 
et les plus intimes de votre être. 
Cela signifie révérer et considérer 
avec un émerveillement total 
ce qui est toujours un don du Créateur 
et cela quelles que soient les apparences. 
Celui qui est porté par votre bénédiction est mis à part, consacré. 

Bénir signifie invoquer la protection divine 
sur quelqu'un ou quelque chose, 
penser avec une reconnaissance profonde à elle, 
l'évoquer avec gratitude. 
Cela signifie encore appeler le bonheur sur quelqu'un
encore que nous ne soyons jamais la source de la bénédiction, 
mais simplement le témoin joyeux de l'abondance de la vie.

Bénir tout et tous, sans discrimination aucune, 
constitue la forme ultime du don, 
car ceux que vous bénissez ne sauront jamais 
d'où vient ce rayon de soleil 
qui soudain perça les nuages de leur ciel, 
et vous serez rarement témoins 
de cette lumière dans leur vie.

Quand dans votre journée, quelque événement inattendu 
vous bouleverse vous autant que vos plans, 
éclatez en bénédictions, 
car la vie est en train de vous apprendre une leçon, 
même si sa coupe peut vous sembler amère. 
Car cet événement que vous pensez être si indésirable, 
vous l'avez en fait suscité, 
afin d'apprendre la leçon qui vous échapperait 
si vous hésitiez à le bénir. 
Les épreuves sont des bénédictions cachées, 
et des cohortes d'anges suivent leurs traces.

Bénir signifie reconnaître une beauté omniprésente 
cachée aux yeux matériels. 
C'est activer la loi universelle de l'attraction 
qui, du fond de l'univers, 
amènera dans votre vie exactement 
ce dont vous avez besoin dans le moment présent 
pour grandir, progresser, et remplir la coupe de votre joie.

Quand vous passez devant une prison, bénissez ses habitants 
dans leur innocence et leur liberté, leur bonté, 
la pureté de leur essence et leur pardon inconditionnel. 
Car on ne peut qu'être prisonnier de l'image 
qu'on a de soi-même, 
et un homme libre peut marcher sans chaînes dans la cour 
d'une prison, tout comme les citoyens d'un pays libre 
peuvent être prisonniers 
quand la peur se tapit dans leur pensée.

Quand vous passez devant un hôpital, bénissez ses patients 
dans la plénitude de leur santé, 
car même dans leur souffrance et leur maladie, 
cette plénitude attend simplement d'être découverte. 
Et quand vous voyez une personne en pleurs 
ou apparemment brisée par la vie, 
bénissez-la dans sa vitalité et sa joie : 
car les sens ne présentent que l'inverse de la splendeur 
et de la perfection ultimes que seul l'œil intérieur peut percevoir.

Il est impossible de bénir et de juger en même temps. 
Alors maintenez en vous ce désir de bénir 
comme une incessante résonance intérieure 
et comme une perpétuelle prière silencieuse, 
car ainsi vous serez de ceux qui procurent la paix, 
et, un jour, vous découvrirez partout la face même de Dieu.

P.S. :
Et par-dessus tout, 
n'oubliez pas de bénir cette personne merveilleuse, 
totalement belle dans sa vraie nature, 
et si digne d'amour que VOUS êtes.

Pierre Padervand