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mercredi 14 février 2018

Entrée en Carême


Mes frères, nous commençons aujourd'hui le grand voyage du Carême. Emportons donc dans notre navire toute notre provision de nourriture et de boisson, en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin. Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s'il ne se nourrit pas de bonté, s'il ne se désaltère pas de miséricorde. Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille, si la toison de l'aumône ne le couvre pas, si le vêtement de la compassion ne l'enveloppe pas.
Frères, ce que le printemps est pour les terres, la miséricorde l'est pour le jeûne : le vent doux printanier fait fleurir tous les bourgeons des plaines ; la miséricorde du jeûne fait pousser toutes nos semences jusqu'à la floraison, leur fait porter fruit jusqu'à la récolte céleste. Ce que l'huile est pour la lampe, la bonté l'est pour le jeûne. Comme la matière grasse de l'huile allume la lumière de la lampe et, avec une aussi faible nourriture, la fait luire pour le réconfort de toute une nuit, ainsi la bonté fait resplendir le jeûne : il jette des rayons jusqu'à atteindre le plein éclat de la continence. Ce que le soleil est au jour, l'aumône l'est pour le jeûne : la splendeur du soleil accroît l'éclat du jour, dissipe l'obscurité des nuées ; l'aumône accompagnant le jeûne en sanctifie la sainteté et, grâce à la lumière de la bonté, chasse de nos désirs tout ce qui pourrait être mortifère. Bref, ce que le corps est pour l'âme, la générosité en tient lieu pour le jeûne : quand l'âme se retire du corps, elle lui apporte la mort ; si la générosité s'éloigne du jeûne, c'est sa mort.


Saint Pierre ChrysologueSermon 8 

vendredi 2 février 2018

Siméon... "Celui qui accueille Dieu"

Fra Angelico : Présentation de Jésus au Temple, détail
Nous savons que le parcours dramatique de Job a abouti à une étonnante profession de foi : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu »  Simon atteint le même but lorsqu’il rencontre Jésus au temple et qu’il s’exclame : « mes yeux ont vu ton salut » (Lc 2, 30). Le passage se transforme donc dans l’histoire d’une attente et d’une rencontre surprenante […].
Siméon, comme la figure successive d’Anne, appartient au peuple des anawim, les « pauvres du Seigneur » ; en fait, il est décrit comme « juste et pieux ». Sa caractéristique fondamentale est donc sa foi profonde, sa confiance, son abandon à Dieu. Il est semblable à Joseph d’Arimathie qui est décrit comme « un homme droit et juste »  et qui accueillera entre ses bras le corps mort du Christ. Siméon, lui, prend dans ses bras l’enfant Jésus et l’art des icones le représentera comme le Theodòchos, « celui qui accueille Dieu ». Siméon est aussi l’homme de l’attente, un peu comme tous les personnages de l’évangile de l’enfance : « il attendait la consolation d’Israël »  comme tous les fidèles du Seigneur qui attendaient la délivrance de Jérusalem. On dit aussi de Joseph d’Arimathie qu’il « attendait le Royaume de Dieu » (Lc 23, 50).
[…] Homme « pauvre », homme de l’attente, homme de l’Esprit : c’est en raison de ces dons que Siméon est aussi prophète au sens biblique de connaisseur du mystère de Dieu et révélateur de sa parole. Sa prophétie s’exprime dans un cantique et dans un double oracle. Le cantique est le Nunc dimittis, un hymne très bref, presque jaculatoire, non pas de résignation mais de confiance, prononcé par un homme qui sent arrivé pour lui un déclin qui préludera à une aube à venir et il n’a donc pas peur. C’est pour cette grâce sereine et apaisée que depuis le Vème siècle le psaume de Siméon est devenu la prière du soir, le cantique des Complies. Et même, certains sont allés jusqu’à faire l’hypothèse que c’était le chant funèbre pour un fidèle juste, proclamé par l’assemblée chrétienne dans l’esprit du patriarche Jacob : « Pour lors, je puis mourir, après que j’ai vu ton visage » (Gn 46, 30). […].
Mais le cantique de Siméon n’est pas un adieu mélancolique parce que la charge confiée est désormais conclue, c’est au contraire une salutation joyeuse à la Parole de Dieu qui s’accomplit maintenant. Ses sentiments sont ceux de la béatitude de Luc : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! ». Un chant de foi et d’espérance, certes, non pas un rêve mélancolique et c’est cela le sens de l’existence chrétienne.
[…] Le Nunc dimittis est aussi le chant du salut universel. Dans des phrases telles « salut que tu as préparé à la face de tous les peuples », se concentre tout le cheminement de l’Ancien Testament qui, à partir de l’élection d’Israël, est parvenu à pressentir l’alliance universelle pour laquelle à Jérusalem tous les peuples pourraient se retrouver comme citoyens : « Tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu ». A son serviteur messianique, le Seigneur dit : « Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre » . « Alors la gloire du Seigneur se révélera et toute chair, d’un coup, la verra ». « Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu », « Des nations nombreuses s’attacheront au Seigneur en ce jour-là : elles seront pour lui un peuple » .


Fra Angelico, "Présentation de Jésus au Temple"
[…] Siméon prononce ensuite un double oracle qui est presque la partie obscure du cantique de salut du Nunc dimittis. Salut et jugement, acceptation et refus, foi et incrédulité sont quasiment un diptyque qui assume les multiples événements de l’histoire. Le Christ est le lien de ce diptyque parce que le choix se porte sur lui. La première prophétie de Siméon est un oracle de « division » : « cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs ». Un jour Jésus dira : « Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division. Désormais en effet, dans une maison de cinq personnes, on sera divisé, trois contre deux et deux contre trois :on sera divisé, père contre fils et fils contre père, mère contre sa fille et fille contre sa mère » (Lc 12, 53). L’oracle de Siméon hérite du symbolisme de la pierre d’achoppement et de la pierre angulaire appliquée, dans l’Ancien Testament, à Dieu lui-même : « il sera… un rocher qui fait tomber, une pierre d’achoppement pour les deux maisons d’Israël »; « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle »...
Gianfranco Rivasi

lundi 8 janvier 2018

Théophanie : l'humilité.

Giotto, le baptême du Christ

1. Le Seigneur, mes frères, vient se faire baptiser avec des esclaves, et le juge avec des criminels. Mais que cette humilité d'un Dieu ne vous trouble point, car c'est dans ses plus grands abaissements, qu'il fait paraître sa plus grande gloire. Vous étonnez-vous que Celui qui a bien voulu être durant plusieurs mois dans le sein d'une vierge, et en sortir revêtu de notre nature, qui a bien voulu depuis souffrir les soufflets, le tourment de la croix, et tant d'autres maux auxquels il s'est soumis pour l'amour de nous, ait voulu aussi recevoir le baptême, et s'humilier devant son serviteur, en se mêlant avec la foule des pécheurs? Ce qui doit nous surprendre, c'est qu'un Dieu n'ait pas dédaigné de se faire homme. Mais après ce premier abaissement, tout le reste n'en est qu'une suite naturelle.


Aussi saint Jean, pour nous préparer à cette humiliation du Fils de Dieu, dit de lui auparavant, qu'il n'est pas digne de délier le cordon de ses souliers; qu'il était le juge universel qu'il rendrait à chacun selon ses oeuvres, et qu'il répandrait les grâces du Saint-Esprit sur tous les hommes, afin qu'en le voyant venir au baptême, vous ne soupçonniez rien de bas sous cette humilité. C'est dans ce même dessein que lorsqu'il le voit présent devant lui, saint Jean lui dit pour l'empêcher: " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par  vous, et vous venez à moi ? " Comme le baptême de Jean était un baptême de pénitence, et qui portait ceux qui le recevaient à s'accuser de leurs péchés, saint Jean pour prévenir les Juifs  et les empêcher de croire que Jésus-Christ venait dans cette disposition à son baptême, l'appelle d'auparavant devant le peuple l'Agneau de Dieu, et le Sauveur qui devait effacer les péchés de tout le monde. Car Celui qui avait le pouvoir d'effacer tous les péchés du genre humain, devait à plus forte raison être lui-même exempt de péché. C'est pourquoi saint Jean ne dit pas: " Voilà celui qui est exempt de péché, " mais ce qui est beaucoup plus: " Voilà celui qui porte sur soi, et qui ôte le péché du monde (Jean, t, 29.); " afin que cette dernière vérité admise fît, à plus forte raison, admettre la première, et qu'on reconnût ainsi que c'était pour d'autres raisons que Jésus-Christ venait à ce baptême.
C'est pour cela que saint Jean dit à Jésus lorsqu'il vient à lui: " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, et vous venez à moi? " Il ne dit pas : Et vous voulez que je vous baptise? Car il n'osait parler de la sorte; mais seulement : " Vous venez à moi? " Que fait donc Jésus-Christ en cette rencontre? " Et Jésus répondant lui dit: Laissez-moi faire pour cette heure: car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice.  " Il agit avec saint Jean comme il agit depuis avec saint Pierre. Cet apôtre refusait de se laisser laver les pieds par son maître. Mais quand il eut entendu cette parole: " Vous ne comprenez pas maintenant ce que je fais, mais vous le comprendrez après. " (Jean, XIII, 7.) Et cette autre : " Vous n'aurez point de part avec moi; " il cessa aussitôt de résister et il s'offrit même à faire plus qu'on ne lui avait demandé. De même lorsque saint Jean eut entendu ces paroles: " Laissez-moi faire maintenant : car c'est ainsi qu'il convient que nous accomplissions toute justice, "il se résolut aussitôt de faire ce que Jésus lui commandait. Ces saints hommes n'étaient point opiniâtres; mais ils montraient autant d'obéissance que d'amour, et ils n'avaient rien plus à coeur que de faire tout ce que leur commandait le maître.

Mais remarquez comment Jésus oblige Jean à le baptiser par les raisons mêmes pour lesquelles celui-ci ne croyait pas devoir le faire. Car il ne dit pas: " Il est juste, " mais, " il convient. " Comme saint Jean croyait qu'il y avait de " l'inconvenance " à un serviteur de baptiser son maître, Jésus-Christ fait voir au contraire qu'il n'y en avait aucune. Vous hésitez, lui dit-il, à me baptiser, parce que vous le croyez contre la bienséance : c'est au contraire, parce que cela est dans la bienséance, que je viens recevoir votre baptême. Et il ne dit pas simplement " Laissez-moi faire, " mais il ajoute : " maintenant. " Comme s'il disait Cela ne durera pas toujours : vous me verrez bientôt dans l'état où vous souhaitez de me voir; mais maintenant, laissez-moi recevoir votre baptême.

Et pour marquer en quoi consistait cette bienséance, il ajoute: " Car c'est ainsi qu'il " faut que nous accomplissions toute justice. "La justice n'est autre chose qu'un parfait accomplissement de tous les commandements de Dieu. Comme nous avons, dit-il, accompli jusqu'ici tous ses ordres, et qu'il ne reste plus que ce dernier à exécuter, il faut nous en acquitter aujourd'hui. Je suis venu pour lever la malédiction où l'homme était tombé par la violation de la loi. Ainsi il faut que je commence par accomplir la loi parfaitement, afin que vous ayant délivrés de la condamnation, j'abolisse ensuite la loi même. C'est aussi pour cette raison que je me suis revêtu de votre chair, et que je suis venu en ce monde.
St Jean Chrysostome
Traduction  : Abbé Bareille

jeudi 2 novembre 2017

Toussaint !

Fra Angelico, détail du jugement...
Pourquoi notre louange à l'égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n'ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c'est pour nous que cela importe, non pour eux. [...] Pour ma part, je l'avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir [...]

Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d'être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d'être mêlés à l'assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs, au choeur des vierges, bref d'être associés à la joie et à la communion de tous les saints. [...] Cette Eglise des premiers-nés nous attend, et nous n'en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n'en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions !
     
Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d'en haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu'ils comptent sur nous, acourrons avec nos désirs spirituels. {...] Ce qu'il nous faut souhaiter, ce n'est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu'en désirant leur présence, nous ayons l'ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l'ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n'a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire. [...]
     
Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. Jusque-là, il ne se présente pas à nous comme il est en lui-même, mais tel qu'il s'est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés [...] Il serait honteux que, sous cette tête couronnée d'épines, un membre choisisse une vie facile, car toute la pourpre qui le couvre doit être encore non pas tant celle de l'honneur que celle de la dérision. [...] Viendra le jour de l'avènement du Christ : alors on n'annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elle les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d'humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c'est lui la Tête.
     
Cette gloire, il nous faut la convoiter d'une absolue et ferme ambition. [...] Et vraiment, pour qu'il nous soit permis de l'espérer, et d'aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher de tout coeur l'aide et la prière des saints : ce qui est au-dessus de nos forces puisse-t-il nous être donné par leur intercession !
St Bernard 

mercredi 4 octobre 2017

Saint François, l'humble joie...

"Plus il aime et plus il se connaît indigne d'aimer. 
C'est qu'il n'y a pas de progrès en amour, pas de perfection que l'on pourrait un jour atteindre. 
Il n'y a pas d'amour adulte, mûr et raisonnable. 
Il n'y a devant l'amour aucun adulte, que des enfants, que cet esprit d'enfance qui est abandon, insouciance, esprit de la perte d'esprit. L'âge additionne. L'expérience accumule. La raison construit. L'esprit d'enfance est toujours neuf, repart toujours aux débuts du monde, aux premiers pas de l'amour."
..............................
"D'ailleurs il n'y a pas de saints. 
Il n'y a que de la sainteté. 
La sainteté c'est la joie"
Christian Bobin, "Le Très Bas"


Que l'humble joie du Poverello nous accompagne sur le chemin de nos vies...





dimanche 26 mars 2017

Carême : méditation sur la prière...

Dieu a dit par le prophète : «Ceci est mon repos : faites reposer ceux qui sont accablés (Is. 28, 12)».
Fais donc le repos de Dieu, ô homme, et tu n'auras pas besoin du «pardonne-moi». Fais reposer les accablés, visite les malades, occupe-toi des pauvres, et cela est prière. Et je t'assure. mon ami, chaque fois qu'un homme fait ainsi le repos de Dieu, cela est prière. 
[...]
Sois donc attentif, mon ami : s'il se présente à toi quelque chose d'agréable à Dieu ne dis pas : «C'est le temps de la prière. Je vais prier, et je ferai cela après». En attendant que tu aies fait la prière, la chose qui aurait fait plaisir à Dieu t'aura échappé. Tu auras ainsi perdu l'occasion de faire la volonté et le bon plaisir de Dieu. Par ta prière, tu auras commis un péché. Fais ce qui plais à Dieu. C'est cela prier. Ecoute la parole de l'Apôtre : «Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés». (1Cor. 11, 31)

Juge toi-même ce que je vais te dire. Si tu pars pour un long voyage, et qu'à cause de la grande chaleur il t'arrive d'avoir soif, si tu rencontres alors un frère et que tu lui dises : «Soulage-moi de la soif qui m'accable», et qu'alors il te réponde : «C'est l'heure de la prière. Je vais prier, et ensuite je me rendrai chez toi», en attendant qu'il ait pitié et revienne à toi, tu mourras de soif.
Que t'en semble ? Qu'y a-t-il de meilleur pour toi, qu'il aille prier, ou qu'il apaise ton tourment ?
Quelle utilité aura la prière de celui qui ne soulage pas la souffrance du prochain ? Le Seigneur n'a-t-il pas déclaré que nous serions jugés sur nos oeuvres ?
[...] 
Ce que je t'ai écrit : «Quand on fait la volonté de Dieu, cela est prière», cela me semble beau.
Mais parce que je te l'ai dit, ne va pas te relâcher de la prière, et ne cède pas à l'ennui - selon qu'il est écrit que Notre-Seigneur a dit : «Priez et ne vous lassez pas». Applique-toi à la veille, chasse de toi la somnolence et la pesanteur. Sois en éveil jour et nuit. et ne te laisse pas aller au découragement.

Aphraat le Persan, "Une nuée de témoins"

dimanche 19 mars 2017

Carême : la nostalgie de Dieu


Mon âme languit après le Seigneur, et je Le cherche avec des larmes.

Comment pourrais-je ne pas Te chercher ? Toi le premier, Tu m'as trouvé. Tu m'as donné de vivre la douceur de ton Saint-Esprit, et mon âme T'a aimé.

Tu vois, Seigneur, ma peine et mes larmes... Si Tu ne m'avais pas attiré par ton amour, je ne Te chercherais pas, comme Je Te cherche. Mais ton Esprit m'a donné de Te connaître, et mon âme se réjouit que, Toi, Tu sois mon Dieu et mon Seigneur, et, jusqu'aux larmes, je languis après Toi.

Mon âme languit après Dieu, et elle Le cherche avec des larmes.
Seigneur miséricordieux, Tu vois ma chute et ma douleur ; mais, humblement, j'implore ta clémence : répands sur le pécheur que je suis la grâce de ton Saint-Esprit, Son souvenir porte mon esprit à trouver de nouveau ta miséricorde.
Seigneur, donne-moi ton humble Esprit pour que je ne perde pas à nouveau ta grâce, et que je ne me lamente pas comme Adam qui pleurait Dieu et le Paradis perdu.

Saint Silouane de l'Athos

dimanche 5 mars 2017

Carême : prière

Seigneur Jésus-Christ, mon Dieu, donne-moi le repentir, mon cœur est en peine, pour que de toute mon âme j'aille à ta recherche, car sans toi je suis privé de tout bien. O Dieu bon, donne-moi ta grâce.

Je t'ai abandonné, ne m'abandonne pas; je me suis éloigné de toi, sors à ma recherche. Conduis-moi dans ton pâturage, parmi les brebis de ton troupeau.

Nourris-moi de l'herbe fraîche de tes mystères dont tout cœur pur est la demeure, ce cœur qui porte en lui la splendeur de tes révélations...

Puissions-nous être dignes d'une telle splendeur, par ta grâce et ton amour de l'homme, ô Jésus-Christ, notre Sauveur, dans les siècles des siècles.

Isaac le Syrien (VII° siècle)


mardi 7 février 2017

Ceux qui ont soif, qu'ils boivent !

Supposons quelqu'un qui, par la pleine chaleur de midi, chemine, la tête brûlée des rayons du soleil, toute l'humidité de son corps aspirée par cette flamme, le sol est rude que foulent ses pieds, la route est rocailleuse, aride. Mais voici tout à coup qu'il rencontre une fontaine dont les eaux sont limpides et coulent transparentes; ses flots en abondance lui offrent doucement d'étancher sa soif. Va-t-il s'asseoir près de cette source et se mettre à philosopher sur sa nature, à en scruter l'origine, le comment et le pourquoi, examinant avec soin les questions que se posent les faiseurs de vains discours, à savoir qu'une vapeur venue d'en haut, dans les profondeurs de la terre bondit et devient un filet d'eau, ou que les veines de la terre, débordant des profondeurs d'en bas, s'écoulent pour jaillir en source ? Ou plutôt, congédiant tout cela, ne se penchera-t-il pas pour approcher ses lèvres des eaux vives, rafraîchir sa bouche, combler son désir et remercier celui qui lui a fait ce don ?
Imite donc, à ton tour, cet assoiffé. Rappelle-toi ce qui a été dit et comme on l'a dit : Heureux ceux qui ont soif … 

St Grégoire de Nysse

dimanche 8 janvier 2017

Sermon pour le jour de l'Epiphanie, St Bernard

Masaccio, prédelle du polyptyque de Pise

1. Nous lisons que le Seigneur s'est manifesté trois fois le même jour, sinon à la même époque. La seconde et la troisième fois il le fit d'une manière admirable, mais sa première manifestation est la plus admirable de toutes. Je trouve admirable le changement de l'eau en vin, admirable encore le témoignage de Jean, de la colombe et du Père; mais ce qui m'inspire plus d'admiration encore, c'est qu'il fut reconnu par les Mages. Or, ils l'ont reconnu, la preuve en est qu'ils l’adorèrent et lui offrirent de l’encens. Non-seulement ils reconnurent en lui un Dieu, mais aussi un roi, comme le prouve for qu'ils lui présentèrent. Toutes ces offrandes cachent pour eux un grand mystère de charité, aussi lui offrent-ils de la myrrhe pour indiquer sa mort. Les Mages adorent donc un enfant à la mamelle et lui offrent des présents. Mais, ô Mages, où donc voyez-vous la pourpre royale autour de cet enfant ? Est-ce dans ces pauvres langes dont il est enveloppé ? Si cet enfant est roi, où donc est son diadème? Pour vous, vous le voyez effectivement avec le diadème dont sa mère l'a couronné, je veux parler de cette- enveloppe mortelle dont il dit lui-même en ressuscitant : « Vous avez déchiré le sac dont j'étais vêtu, et vous m'avez environné de joie (Psal. XXIX, 12). » Sortez donc de vos demeures, filles de Jérusalem, et venez voir le roi Salomon qui parait avec le diadème dont sa mère l'a couronné, etc. (Cant. III, 10). » Oui sortez, vertus angéliques, habitants de la Jérusalem céleste, voici votre roi, mais paré de notre couronne, du diadème dont sa mère lui a ceint le front. Mais vous avez jusqu'à ce jour ignoré ces délices, jusqu'à ce jour vous n'avez point goûté ce bonheur. Vous connaissez bien sa grandeur, vous avez maintenant son abaissement sous les yeux; sortez donc de vos demeures et venez voir votre roi Salomon qui paraît avec, le diadème .dont sa mère l'a couronné.
2. Mais il n'est pas nécessaire que nous les y invitions , ils ressentent eux-mêmes le désir de le contempler. Car plus sa grandeur leur est connue, plus son abaissement leur semble aimable et précieux; voilà pourquoi, bien que nous ayons encore plus de sujets qu'eux de nous réjouir,puisque c'est pour nous qu'il est né, et à nous qu'il est donné, ce sont eux cependant nous préviennent et nous exhortent à le voir. J'en vois la preuve dans le fait de l'ange qui annonce la bonne et grande nouvelle aux bergers, et dans les chants de l'armée céleste qui était avec lui (Luc. III, 16). C'est: donc à vous, âmes mondaines, que je m'adresse quand je dis filles de Sion; 'est,à vous qui êtes des filles délicates et faibles plutôt que des fils, car la force vous manque et vous n'avez rien de viril en vous, que je dis : « Sortez de votre demeure, filles de Sion. » Sortez de vos sentiments charnels pour vous élever vers l'intelligence de l’esprit, de la servitude, de la concupiscence de la chair, pour rester dans la liberté de l'intelligence de l'esprit. Sortez de votre pays, de votre parenté et de la demeure de votre père « et venez voir votre roi Salomon. »D'ailleurs il ne serait pas sûr pour vous de voir en lui l'Ecclésiaste, car qui dit Salomon, dit pacifique. Or il est Salomon dans l'exil (a); mais qui dit Ecclésiaste dit harangueur de la foule, or il le sera au jugement dernier; qui dit Idite, dit ami du Seigneur, il ne le sera que dans son royaume. Dans l'exil il est doux et aimable; au jugement dernier il sera juste et terrible, et dans le royaume, il sera glorieux et admirable. Sortez donc de vos demeures, et venez voir votre roi Salomon,,car partout il porte sa royauté. Son royaume n'est pas de ce, monde, il est vrai, mais il n'en est pas moins roi dans ce monde. En effet, quand on lui dit : «Vous êtes donc roi? Je le suis, répondit-il, et c'est- pour cela que je suis né et que je suis venu dans le monde (Joan. XVIII, 37). » Maintenant donc il règle nos moeurs, au jugement dernier il discernera nos mérites, et dans son royaume il les récompensera.
3. Sortez donc de vos demeures, filles de Sion, et venez voir votre roi Salomon qui parait avec le diadème dont sa mère l'a couronné, le diadème de la pauvreté, la couronne de la misère. Car il a reçu de sa marâtre une couronne d'épines, une couronne de misère. Mais il en recevra une de justice de la main des siens, le jour où les anges iront arracher tous les scandales du milieu de son royaume, alors qu'il viendra pour juger avec les anciens de son peuple, et que l'univers entier se déclarera pour lui contre les insensés. Son Père le gratifie d'une couronne de gloire, selon ce mot du Psalmiste : « Vous lui avez donné une couronne de gloire et d'honneur (Psal. VIII, 6). » Venez donc le contempler, filles de Sion, sous le diadème dont l'a couronné sa mère. Prenez la couronne de votre roi devenu petit enfant pour vous, et, avec les Mages, adorez son abaissement; car leur foi et leur dévotion vous sont aujourd'hui proposées en exemple. A qui, en effet, comparerons-nous, à qui assimilerons-nous ces hommes aujourd'hui? Si je considère la foi du bon larron et la confession du centurion, il me semble que les Mages l'emportent sur tous les deux, attendu que pour ceux-ci déjà il avait fait bien des miracles, déjà il avait été annoncé par bien des bouches, déjà même il avait reçu les adorations de bien des gens. Remarquons néanmoins quel fut le langage de ces deux hommes. Le bon larron s'écriait du haut de la croix : « Seigneur, souvenez-vous de moi, lorsque vous serez arrivé dans votre royaume (Luc. XXII, 42). » Le supplice de la, croix serait-il la voie qui le conduit à son royaume? Qui donc t'a appris qu'il fallait que le Christ souffrit pour entrer dans sa gloire? Et toi, centurion, où as-tu appris à le connaître? L'Évangéliste nous dit que : « En voyant qu'il avait expiré en jetant ce grand cri, il s'écria : certainement cet homme était le Fils de Dieu (Marc, XV, 39). » Chose étrange et bien digne d'admiration!
4. Aussi vous dirai-je, voyez et remarquez quels yeux perçants, quels yeux de lynx a la foi. Elle voit le Fils de Dieu dans un enfant à la mamelle, elle le voit dans un homme attaché à la croix, enfin elle le voit dans un mourant En preuve, c'est que le centurion le reconnut sur la croix et les mages dans une étable: l'un le reconnaît malgré ses clous; les autres, malgré ses langes; celui-là reconnaît la Vie dans la mort, ceux-ci la vertu de Dieu dans le faible corps d'un nouveau-né; le premier, l'Esprit suprême dans un dernier soupir; les seconds, le Verbe de Dieu dans un muet enfant; car ce que l'un confesse par ses paroles, les autres le confessent par leurs présents. Le bon larron confesse le roi, et le centurion, le Fils de Dieu et de l'homme en même temps. Mais que signifient les trois présents des Mages? Leur encens ne montre-t-il point qu'ils reconnaissent en Jésus non moins un Dieu que le fils de Dieu? Aussi, mes frères bien-aimés, je demande à Dieu que l'immense charité que le Dieu de toute majesté nous a témoignée, vous profite, ainsi que le profond abaissement auquel il s'est soumis, et l'immense bonté que le Christ nous a montrée par son abaissement. Rendons grâce au Rédempteur, notre médiateur, qui nous a fait connaître l'extrême bonne volonté de Dieu le Père à notre égard; car nous savons si bien quelles sont ses dispositions à notre égard, que nous pouvons dire avec raison : « Nous courrons, mais non pas au hasard (I Cor. IX, 26). » Nous ne pouvons douter, en effet, que le coeur de Dieu le Père ne soit à notre égard dans les dispositions où nous l'a montré celui même qui est sorti de son coeur.

Saint Bernard

"Deuxième sermon pour le jour de l'Epiphanie de notre Seigneur. Sur les Mages, à l'occasion de ce passage du Cantique des cantiques : Sortez de vos demeures, filles de Sion, et voyez le roi Salomon (Cant. III, 10)." 



samedi 15 octobre 2016

Notre Père, Thérèse d'Avila

Toi, tu es notre Père; et toi, Christ, le fils de Dieu. Comment nous fais-tu le don merveilleux de ces premiers mots de notre prière.


Notre Père qui es aux cieux. Ô mon Seigneur, comme on voit bien que vous êtes le Père d'un tel Fils et que votre Fils est bien le fils d'un tel Père ! Soyez-en béni à tout jamais. Une aussi grande faveur ne devrait-elle pas être exprimée plutôt à la fin de notre prière ? Mais c'est dès le début que vous emplissez nos mains et nous accordez une telle grâce ! Notre entendement devrait en être rempli et notre volonté si bien s'en pénétrer qu'il ne soit plus possible d'articuler une seule parole.

Oh mes filles, que la contemplation parfaite viendrait ici bien à propos !

Oh ! Que l'âme aurait raison de rentrer en elle-même afin de pouvoir mieux se dépasser : Ce Fils béni lui ferait alors comprendre ce qu'est ce séjour où réside son Père qui est dans les cieux ! Quittons la terre, mes filles ! Il n'est pas juste qu'après avoir saisi le prix inouï d'une telle faveur, nous en fassions si peu de cas et demeurions sur la terre.
Ô Fils de Dieu, Seigneur de mon âme, pourquoi donnez-vous tout à la fois dès le premier mot. Alors que vous vous humiliez au point de vous unir à nos demandes, de vous faire le frère de si pauvres, si misérables créatures, comment nous donnez-vous, au nom de votre Père, tout ce qui peut se donner, puisque vous voulez qu'il nous considère comme ses enfants ! Et votre parole ne peut rester inefficace. Vous l'obligez donc à accomplir quelque chose qui n'est pas peu : s'il est notre Père, il est obligé de nous supporter, si graves que soient nos offenses. Si, comme l'Enfant Prodigue, nous nous tournons vers lui, il doit nous pardonner, il doit nous consoler dans nos peines, nous nourrir comme il convient à un tel Père, contraint d'être le meilleur de tous les pères puisqu'en lui tout est parfait, et il doit en outre nous rendre avec vous participants de sa vie et héritiers…





samedi 1 octobre 2016

Thérèse, docteur de l'Eglise







Depuis cet heureux jour,
que l'Amour me pénètre et m'environne, 
il me semble qu'à chaque instant
cet Amour Miséricordieux me renouvelle.

S Thérèse de l'Enfant Jésus et de la St Face