Je jeûnais assis sur une montagne et je rendais grâces à
Dieu de tout ce qu'il avait fait pour moi. (Soudain) j'aperçois le Pasteur
assis près de moi qui me dit ceci :
« Pourquoi es-tu venu ici de si grand matin ?
- C'est que, Seigneur, je monte la garde.
- Qu'est-ce que cette garde ? dit-il.
- Je jeûne, Seigneur, dis-je.
- Et quel est, reprend-il, le jeûne que vous observez ?
- Je jeûne comme d'habitude, Seigneur, dis-je.
- Vous ne savez pas, dit-il, jeûner pour le Seigneur, et ce
n'en est pas un, ce jeûne sans valeur que vous observez.
- Pourquoi dites-vous cela, Seigneur ? dis-je.
- Je dis, reprend-il, que ce jeûne que vous vous imaginez
observer n'en est pas un ; mais je vais t'enseigner quel est le jeûne agréable
parfait aux yeux du Seigneur.
- Oui, dis-je, Seigneur, vous me rendrez heureux si je puis
connaître le jeûne agréable à Dieu.
- Ecoute, dit-il, Dieu ne veut pas de ce jeûne vain. Car en
jeûnant de cette façon pour Dieu, tu ne fais rien pour la justice. Jeûne pour
Dieu de la façon suivante. Ne fais rien de mal dans ta vie et sers le Seigneur
avec un cœur pur ; observe ses commandements (Mt 19, 17) en marchant selon ses
préceptes et qu'aucun mauvais désir ne monte à ton cœur. Aie confiance en Dieu
; je crois que, si tu agis ainsi en le craignant et en t'abstenant de toute
mauvaise action, tu vivras pour Dieu. Et si tu agis ainsi, tu mèneras à bien un
jeûne important et agréable à Dieu. »
Le Pasteur d’Hermas