lundi 31 octobre 2016

Concitoyens des saints...

Pourquoi notre louange à l’égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n’ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe, non pour eux. Pour ma part, je l’avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir. Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore, stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d'être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d’être mêlés à l’assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs, au chœur des vierges, bref d’être associés à la joie et à la communion de tous les saints. Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n’en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n’en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions ! Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d’en-haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu’ils comptent sur nous, accourons par nos désirs spirituels. Ce qu’il nous faut souhaiter, ce n’est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu’en désirant leur présence, nous ayons l’ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l’ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n’a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour« une telle gloire. Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, Lui qui est notre vie, et paraître nous aussi avec Lui dans la gloire. Jusque-là, Il ne se présente pas à nous comme Il est en Lui-même, mais tel qu’Il s’est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés. Il serait honteux que, sous cette tête couronnée d’épines, un membre choisisse une vie facile, car toute la pourpre qui le couvre doit être encore non pas tant celle de l’honneur que celle de la dérision. Viendra le jour de l’avènement du Christ : alors on n’annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire et avec elle, les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d’humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c’est lui la Tête. Cette gloire, il nous faut la convoiter d’une absolue et ferme ambition. Et vraiment, pour qu’il nous soit permis de l’espérer, et d’aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher aussi, avec le plus grand soin, l’aide et la prière des saints afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités ».
 Extrait d’un Sermon de Saint Bernard de Clairvaux pour la Solennité de la Toussaint


samedi 15 octobre 2016

Notre Père, Thérèse d'Avila

Toi, tu es notre Père; et toi, Christ, le fils de Dieu. Comment nous fais-tu le don merveilleux de ces premiers mots de notre prière.


Notre Père qui es aux cieux. Ô mon Seigneur, comme on voit bien que vous êtes le Père d'un tel Fils et que votre Fils est bien le fils d'un tel Père ! Soyez-en béni à tout jamais. Une aussi grande faveur ne devrait-elle pas être exprimée plutôt à la fin de notre prière ? Mais c'est dès le début que vous emplissez nos mains et nous accordez une telle grâce ! Notre entendement devrait en être rempli et notre volonté si bien s'en pénétrer qu'il ne soit plus possible d'articuler une seule parole.

Oh mes filles, que la contemplation parfaite viendrait ici bien à propos !

Oh ! Que l'âme aurait raison de rentrer en elle-même afin de pouvoir mieux se dépasser : Ce Fils béni lui ferait alors comprendre ce qu'est ce séjour où réside son Père qui est dans les cieux ! Quittons la terre, mes filles ! Il n'est pas juste qu'après avoir saisi le prix inouï d'une telle faveur, nous en fassions si peu de cas et demeurions sur la terre.
Ô Fils de Dieu, Seigneur de mon âme, pourquoi donnez-vous tout à la fois dès le premier mot. Alors que vous vous humiliez au point de vous unir à nos demandes, de vous faire le frère de si pauvres, si misérables créatures, comment nous donnez-vous, au nom de votre Père, tout ce qui peut se donner, puisque vous voulez qu'il nous considère comme ses enfants ! Et votre parole ne peut rester inefficace. Vous l'obligez donc à accomplir quelque chose qui n'est pas peu : s'il est notre Père, il est obligé de nous supporter, si graves que soient nos offenses. Si, comme l'Enfant Prodigue, nous nous tournons vers lui, il doit nous pardonner, il doit nous consoler dans nos peines, nous nourrir comme il convient à un tel Père, contraint d'être le meilleur de tous les pères puisqu'en lui tout est parfait, et il doit en outre nous rendre avec vous participants de sa vie et héritiers…





vendredi 14 octobre 2016

Homélie du père Patrice Gourrier, 9 octobre 2016

Cette semaine, quelqu’un m’a demandé : « Mais à la messe, dois-je être triste ou joyeux ? ». C’est une excellente question. On voit bien qu’elle détermine toute une pastorale : la messe doit-elle être conçue comme une grande fête ? Un repas partagé où tous nous sommes joyeux ? Ou bien au contraire doit-elle être appréhendée avec une certaine austérité, voire gravité, favorisant dans le meilleur des cas de la profondeur ? En lisant quelques textes et notamment ceux de l’évêque de Mende au XVIIe siècle, je répondrai : « les deux ».
En effet, en l’espace de soixante minutes, nous éprouvons des émotions bien différentes et la liturgie nous invite, nous oriente dans nos émotions : nous arrivons en reconnaissant que nous sommes pécheurs. Peut-on être joyeux en reconnaissant au plus profond de son cœur que nous avons manqué d’amour, que nous n’avons pas partagé avec ceux qui ont besoin, que nous avons été médisants, succombant à la critique continuelle des uns et des autres ? Non, notre péché doit nous faire horreur. Que dirait un médecin s’il voyait un malade arriver avec un plaie béante en déclarant : « Mais c’est merveilleux, je saigne, j’ai mal, mais c’est fantastique, ne faites rien, laissez comme cela ! ». Le médecin dirait : « Cette personne ne va pas très bien dans sa tête, elle est blessée, elle saigne, elle a mal, elle a besoin d’être soignée. ». C’est pourquoi, lorsque nous allons chez le médecin avec une plaie béante, saignante, nous pleurons de douleur et nous demandons au médecin de nous soulager. Par analogie, il en est de même au début de la célébration : Notre péché nous fait mal, nous souffrons. C’est pourquoi nous arrivons tristes, le cœur chargé face à cette blancheur immaculée de Dieu représentée ici par une nappe. Oui, c’est pourquoi nous devrions aller même jusqu’à pleurer. Mais nous ne pleurons plus face à notre péché et d’ailleurs tout à l’heure lorsque nous avons chanté « 
Kyrie Eleison, Christe Eleison », étions-nous dans le chant, les paroles du chant ou dans notre péché ?
Oui, au début de la célébration, nous sommes appelés à être tristes et je crois qu’il est important que nous puissions retrouver cette notion fondamentale en spiritualité, sur laquelle le pape François insiste si souvent : les larmes. « J’ai manqué d’amour, cela me fait pleurer face à la bonté de Dieu. J’ai été médisant, cela me fait pleurer face à la bonté de Dieu ». Certains diront : « Tout cela c’est du sentiment, de la sensiblerie », mais les larmes sont symboliques de l’état de notre cœur. Si nous ne pleurons plus face à notre péché, c’est que nous sommes habitués au péché : « Oh, bien sûr, j’ai été médisant, et bien, j’irai me confesser, le curé me pardonnera. Dieu pardonne toujours, ce n’est pas bien grave ! ».
Si nous souhaitons réellement devenir des saints, et c’est pourquoi nous sommes ici, si nous souhaitons emprunter ce chemin, nous devons avoir horreur de notre péché.
C’est la première partie de la célébration : une tristesse intérieure, une pesanteur. Les Pères n’hésitaient pas à parler, lorsqu’ils abordaient le péché, de graisse spirituelle qui nous appesantit. Mais alors commence le miracle : la Parole de Dieu se donne et cette Parole nous relève, nous élève. Au lieu de regarder le sol du fait de notre péché, nous nous mettons à regarder le ciel avec espérance, parce que la Parole de Dieu est une parole d’amour. Parce que Dieu nous prend dans ses mains, avec une délicatesse infinie. Il prend nos blessures, nos péchés et nous amène plus haut, toujours plus haut. Un peu comme ce lépreux de la première lecture ou les dix lépreux de l’Évangile : « Jésus, Maître, prends pitié de nous », c’est ce qu’ils lui ont crié et alors Jésus les a guéris. Il nous guérit par sa Parole, Il nous guérit par son Eucharistie, par la communion. Alors, de la tristesse nous passons à la joie, parce que, quand nous entendons la Parole de Dieu, il n’y a plus de place à la tristesse, Dieu ne condamne pas, Dieu relève. Lorsque nous communions, nous sommes éblouis intérieurement, illuminés : Dieu se donne à moi ! Mais oui, Dieu se donne à moi parce qu’Il veut que je devienne comme Lui, Il veut que je m’élève, et c’est pourquoi, à la fin de la célébration, nous partons avec cette parole ultime : « Allez dans la paix du Christ ».
Nous sommes passés de la tristesse de notre péché à la joie par la Parole et par l’Eucharistie et nous repartons en paix.
Ainsi, à la messe, nous sommes appelés à passer de la tristesse à la joie et les deux sont fondamentaux. Nous ne pouvons pas seulement durant la messe taper des mains et être dans la joie, ce serait oublier que nous ne sommes pas encore comme Dieu. Nous ne pouvons pas, non plus, avoir des faces de carême durant toute la célébration, cela signifierait que la Parole de Dieu glisse sur nous, que l’Eucharistie glisse sur nous et que nous restons enfoncés dans notre péché, ça en deviendrait pathologique. Oui, à la messe, nous passons de la tristesse à la joie.
Intervient un dernier élément fondamental aujourd’hui, inspiré par la lecture : c’est l’action de grâce. C’est être capable de dire à Dieu : « Mon Dieu, merci. Merci pour tout ce que Tu me donnes », « Oui, j’étais pécheur, oui, je n’ai pas été toujours aimable, et malgré tout, Dieu se donne et m’élève, alors pour ça, je Lui dis merci ».
C’est ce qui se passe dans cette lecture très instructive de l’Évangile : dix lépreux ont été purifiés, ils ont été guéris, mais il n’y en a qu’un seul, en plus un étranger, même pas un juif, qui vient voir le Christ pour lui dire : « Merci », et Celui-ci lui déclare : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé ». On a l’habitude d’interpréter ce texte en disant que dix lépreux ont été guéris physiquement mais qu’un seul a été sauvé intérieurement parce qu’il a su rendre grâce.
Alors, vous le voyez, une célébration comme la nôtre se termine par un bouquet de fleurs, par un bouquet de joies. Nous repartons réellement illuminés, non pas seulement pour nous-mêmes, mais pour être capables, de par la lumière de nos yeux, de la clarté de nos paroles, d’aider ceux et celles dont nous croiserons la route cette semaine, parce que la joie, le bonheur n’ont de valeur que s’ils sont partagés.
Amen.

samedi 1 octobre 2016

Thérèse, docteur de l'Eglise







Depuis cet heureux jour,
que l'Amour me pénètre et m'environne, 
il me semble qu'à chaque instant
cet Amour Miséricordieux me renouvelle.

S Thérèse de l'Enfant Jésus et de la St Face