dimanche 1 mars 2020

Assieds-toi...



« Arrête la course, ferme la radio, dépose tes livres, éloigne-toi des bavardages, isole-toi dans le calme. Assieds-toi et laisse venir le silence. S’asseoir pour Dieu, c’est comme si pour Lui tu taillais un morceau dans ton temps… Et quand on aime, on a le temps, n’est-ce pas ? S’asseoir en silence. Pour une fois bâillonne tes soucis et tes envies d’en parler. Assieds-toi pour regarder Dieu. Et quand on aime, on regarde, n’est-ce pas ? S’asseoir avec Dieu, prendre du repos avec Lui, goûter à sa Présence. Celui qui aime s’assied près de son ami ».

Père Charles Singer

Carême, les bienfaits divins...

Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable (Lc 4, 1-2). Il y a lieu ici de se rappeler comment le premier Adam fut chassé du paradis dans le désert pour remarquer comment le second Adam revint du désert au paradis. Voyez comment les dommages se réparent suivant leur enchaînement et comment les bienfaits divins se renouvellent en reprenant leurs propres traces. Une terre vierge a donné Adam, le Christ est né de la Vierge ; celui-là fut fait à l’image de Dieu, celui-ci est l’Image de Dieu ; celui-là fut placé au-dessus de tous les animaux sans raison, celui-ci au-dessus de tous les vivants ; par une femme la folie, par une vierge la sagesse ; la mort par un arbre, la vie par la croix […] Adam est au désert, au désert le Christ ; car il savait où trouver le condamné pour dissiper son égarement et le ramener au paradis. […] Mais du moment qu’au paradis, il avait, faute de guide, perdu la route qu’il suivait, comment, au désert, eût-il pu, sans guide, retrouver la route perdue ?"

Saint Ambroise de Milan "Traité sur l’Evangile de St Luc" 

mercredi 26 février 2020

Le jeûne qui plaît à Dieu... (jour des Cendres)


Je jeûnais assis sur une montagne et je rendais grâces à Dieu de tout ce qu'il avait fait pour moi. (Soudain) j'aperçois le Pasteur assis près de moi qui me dit ceci :
« Pourquoi es-tu venu ici de si grand matin ?
- C'est que, Seigneur, je monte la garde.
- Qu'est-ce que cette garde ? dit-il.
- Je jeûne, Seigneur, dis-je.
- Et quel est, reprend-il, le jeûne que vous observez ?
- Je jeûne comme d'habitude, Seigneur, dis-je.  
- Vous ne savez pas, dit-il, jeûner pour le Seigneur, et ce n'en est pas un, ce jeûne sans valeur que vous observez.
- Pourquoi dites-vous cela, Seigneur ? dis-je.
- Je dis, reprend-il, que ce jeûne que vous vous imaginez observer n'en est pas un ; mais je vais t'enseigner quel est le jeûne agréable parfait aux yeux du Seigneur.
- Oui, dis-je, Seigneur, vous me rendrez heureux si je puis connaître le jeûne agréable à Dieu.
- Ecoute, dit-il, Dieu ne veut pas de ce jeûne vain. Car en jeûnant de cette façon pour Dieu, tu ne fais rien pour la justice. Jeûne pour Dieu de la façon suivante. Ne fais rien de mal dans ta vie et sers le Seigneur avec un cœur pur ; observe ses commandements (Mt 19, 17) en marchant selon ses préceptes et qu'aucun mauvais désir ne monte à ton cœur. Aie confiance en Dieu ; je crois que, si tu agis ainsi en le craignant et en t'abstenant de toute mauvaise action, tu vivras pour Dieu. Et si tu agis ainsi, tu mèneras à bien un jeûne important et agréable à Dieu. »
Le Pasteur d’Hermas

vendredi 21 février 2020

Ce qui est humble, il le regarde...

Saint Augustin

Nous l’avons entendu, et rien n’est plus manifeste ; nous étions allés au dehors, et nous avons été renvoyés à l’intérieur. Oh, se dira quelqu’un, si je trouvais quelque montagne élevée et solitaire ! car je crois que Dieu habite les endroits élevés, et qu’il m’entend mieux du faîte de ces hauteurs. Pour être sur une montagne, tu te crois proche de Dieu ; tu te considères comme plus à portée d’être entendu de lui, vu que tu t’adresses à lui de plus près. A la vérité, il habite les hauteurs, "mais il regarde les humbles. Dieu est proche". De qui ? Peut-être de ceux qui sont élevés ? De ceux qui ont brisé leur coeur (Ps. 33, 19).
Chose merveilleuse ! Il habite les hauteurs, et il est proche des humbles. Ce qui est humble, il le regarde ; ce qui est élevé, il ne le connaît que de loin (Ps 137, 6). Les orgueilleux, il les voit de loin, et ils lui sont d’autant moins proches qu’ils se jugent plus élevés. Tu cherchais donc une montagne ? Descends pour y parvenir. Mais veux-tu monter ? Monte, mais sans chercher une montagne. Il a placé dans son coeur les degrés par lesquels il s’élève (ainsi s’exprime le Psalmiste) au travers de cette vallée de larmes (Ps 83, 6, 7). Toute vallée est basse, c’est dans ton coeur que tout doit se passer. Que s’il te faut quelque lieu élevé, quelque lieu saint, fais de toi-même et intérieurement un temple au Seigneur. Car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple (1 Cor 3, 17). Veux-tu prier dans un temple ? Prie en toi-même ; mais auparavant, sois le temple de Dieu ; car c’est dans son temple qu’il écoute ceux qui le prient.
Saint Augustin, "homélies sur l'Evangile de Jean"