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dimanche 8 mars 2020

Carême, nous serons transfigurés...


"C'est vers la montagne qu'il faut nous hâter, j'ose le dire, comme l'a fait Jésus qui, là comme dans le ciel, est notre guide et notre avant-coureur. Avec lui nous brillerons pour les regards spirituels, nous serons renouvelés et divinisés dans les structures de notre âme et, avec lui, comme lui, nous serons transfigurés, divinisés pour toujours et transférés dans les hauteurs..." 
Anastase du Sinaï, homélie sur la Transfiguration.

dimanche 1 mars 2020

Assieds-toi...



« Arrête la course, ferme la radio, dépose tes livres, éloigne-toi des bavardages, isole-toi dans le calme. Assieds-toi et laisse venir le silence. S’asseoir pour Dieu, c’est comme si pour Lui tu taillais un morceau dans ton temps… Et quand on aime, on a le temps, n’est-ce pas ? S’asseoir en silence. Pour une fois bâillonne tes soucis et tes envies d’en parler. Assieds-toi pour regarder Dieu. Et quand on aime, on regarde, n’est-ce pas ? S’asseoir avec Dieu, prendre du repos avec Lui, goûter à sa Présence. Celui qui aime s’assied près de son ami ».

Père Charles Singer

Carême, les bienfaits divins...

Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable (Lc 4, 1-2). Il y a lieu ici de se rappeler comment le premier Adam fut chassé du paradis dans le désert pour remarquer comment le second Adam revint du désert au paradis. Voyez comment les dommages se réparent suivant leur enchaînement et comment les bienfaits divins se renouvellent en reprenant leurs propres traces. Une terre vierge a donné Adam, le Christ est né de la Vierge ; celui-là fut fait à l’image de Dieu, celui-ci est l’Image de Dieu ; celui-là fut placé au-dessus de tous les animaux sans raison, celui-ci au-dessus de tous les vivants ; par une femme la folie, par une vierge la sagesse ; la mort par un arbre, la vie par la croix […] Adam est au désert, au désert le Christ ; car il savait où trouver le condamné pour dissiper son égarement et le ramener au paradis. […] Mais du moment qu’au paradis, il avait, faute de guide, perdu la route qu’il suivait, comment, au désert, eût-il pu, sans guide, retrouver la route perdue ?"

Saint Ambroise de Milan "Traité sur l’Evangile de St Luc" 

mercredi 26 février 2020

Le jeûne qui plaît à Dieu... (jour des Cendres)


Je jeûnais assis sur une montagne et je rendais grâces à Dieu de tout ce qu'il avait fait pour moi. (Soudain) j'aperçois le Pasteur assis près de moi qui me dit ceci :
« Pourquoi es-tu venu ici de si grand matin ?
- C'est que, Seigneur, je monte la garde.
- Qu'est-ce que cette garde ? dit-il.
- Je jeûne, Seigneur, dis-je.
- Et quel est, reprend-il, le jeûne que vous observez ?
- Je jeûne comme d'habitude, Seigneur, dis-je.  
- Vous ne savez pas, dit-il, jeûner pour le Seigneur, et ce n'en est pas un, ce jeûne sans valeur que vous observez.
- Pourquoi dites-vous cela, Seigneur ? dis-je.
- Je dis, reprend-il, que ce jeûne que vous vous imaginez observer n'en est pas un ; mais je vais t'enseigner quel est le jeûne agréable parfait aux yeux du Seigneur.
- Oui, dis-je, Seigneur, vous me rendrez heureux si je puis connaître le jeûne agréable à Dieu.
- Ecoute, dit-il, Dieu ne veut pas de ce jeûne vain. Car en jeûnant de cette façon pour Dieu, tu ne fais rien pour la justice. Jeûne pour Dieu de la façon suivante. Ne fais rien de mal dans ta vie et sers le Seigneur avec un cœur pur ; observe ses commandements (Mt 19, 17) en marchant selon ses préceptes et qu'aucun mauvais désir ne monte à ton cœur. Aie confiance en Dieu ; je crois que, si tu agis ainsi en le craignant et en t'abstenant de toute mauvaise action, tu vivras pour Dieu. Et si tu agis ainsi, tu mèneras à bien un jeûne important et agréable à Dieu. »
Le Pasteur d’Hermas

dimanche 25 août 2019

Si tu es tombé...

« Si tu te trouves blessé pour être tombé en quelque défaut lié à ta faiblesse, ou même parce ce que tu auras commis volontairement quelque chose de mal, ne perds pas courage et ne te trouble pas ; au contraire, tourne-toi aussitôt vers Dieu et parle-lui ainsi : « Et voilà, Seigneur ! Je me suis comporté pour ce que je suis ! Et à part des chutes, que pouvait-on attendre de moi ? » Et là, humilie-toi un instant à tes propres yeux, regrette l’offense faite au Seigneur, et sans t'accabler, manifeste ton dédain pour tes passions vicieuses, principalement pour celle qui t'a été occasion de chute.
Continue ensuite de cette façon : « Et je n'en serais pas resté là, Seigneur, si par ta bonté tu ne m'avais retenu ! » Et rends-lui grâce, l'aimant plus que jamais dans son incroyable clémence, lui qui te tend la main droite pour que tu ne retombes pas, alors même que tu viens de l'offenser. Ceci fait, ne cherche pas davantage si Dieu t'a pardonné ou non : ce ne serait qu'orgueil, inquiétude d'esprit, perte de temps et tromperie du démon sous l'apparence de quelque bon prétexte. T'abandonnant délibérément entre les mains miséricordieuses de Dieu, continue plutôt ce que tu faisais comme si rien n'était arrivé. 
Et si bien des fois, chaque jour, tu retombais et restais blessé, il te faudrait répéter avec la même confiance ce que je viens de dire, une deuxième fois, une troisième fois et ainsi de suite, et encore plus la dernière fois que la première.»
Lorenzo Scupoli, Le Combat spirituel, 26.
Traduction M de Longchamp pour Magnificat

dimanche 24 mars 2019

Pax Christi...

Si tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme,
Si tu crois à la puissance d’une main offerte…
Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour,
Si tu sais préférer l’espérance au soupçon…
Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas, plutôt qu’à l’autre,
Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin…

Si l’injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis,
Si pour toi l’étranger est un frère qui t’est proposé.
Si tu sais donner un peu de ton temps par amour,
Si tu sais accepter qu’un autre te rende service,
Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton cœur,
Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance…

Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre ton temps et lui garder ton sourire,
Si tu sais accueillir et adopter un avis différent du tien,
Si tu refuses de battre ta coulpe sur la poitrine des autres,
Si, pour toi, l’autre est d’abord un frère…

Si tu préfères être lésé que de faire du tort à quelqu’un,
Si tu te ranges du côté du pauvre et de l’opprime sans te prendre pour un héros,
Si tu crois que l’amour est la seule force de dissuasion
Si tu croix que la paix est possible,
… alors viendra la Paix
P. Guilbert, « Pax Christi »





dimanche 17 mars 2019

Pardon... J. Brel

Pardon pour cette fille que l'on a fait pleurer
Pardon pour ce regard que l'on quitte en riant
Pardon pour ce visage qu'une larme a changé
Pardon pour ces maisons où quelqu'un nous attend
Et puis pour tous ces mots que l'on dit mots d'amour
Et que nous employons en guise de monnaie
Et pour tous les serments qui meurent au petit jour
Pardon pour les jamais
Pardon pour les toujours.


Pardon de ne plus voir les choses comme elles sont
Pardon d'avoir voulu oublier nos vingt ans
Pardon d'avoir laissé s'oublier nos leçons
Pardon de renoncer à nos renoncements
Et puis de se terrer au milieu de sa vie
Et puis de préférer le salaire de Judas
Pardon pour l'amitié
Pardon pour les amis.





Pardon pour ces hameaux qui ne chantent jamais
Pardon pour les villages que l'on a oubliés
Pardon pour les cités où nul ne se connaît
Pardons d'être de ceux qui se foutent de tout
Et de ne pas avoir chaque jour essayé
Et puis pardon encore
Et puis pardon surtout
De ne jamais savoir
Qui doit nous pardonner.
                            Jacques Brel 











dimanche 10 mars 2019

Ascèse... Maurice Béjart


Je crois que l'ascèse est une des choses principales pour le développement de l'être humain et que l'ascèse est nécessaire à la construction d'un art quel qu'il soit. L'ascèse consiste à choisir perpétuellement l'essentiel.
C'est en ne gardant que l'essentiel et le nécessaire que l'on trouve tout à coup les forces de la vitalité et de la vérité.

Je crois que la mortification est nuisible parce qu'elle a toujours un côté de répression et qu'elle a toujours un côté qui facilite la débauche inverse... L'épanouissement doit être une ascèse, un dépouillement qui n'est pas une contrainte négative comme la mortification. Les ascètes peuvent vivre d'une façon encore plus frugale qu'une personne qui se mortifie, mais les ascètes le prennent comme une espèce de décontraction totale, alors que la mortification implique toujours l'obligation.

L'ascèse, c'est se contenter du verre d'eau et du morceau de pain, et c'est la savourer avec délice, parce qu'au fond vous avez l'essence de la vie qui est l'eau et le pain et que vous n'avez pas besoin d'autre chose. Mais si l'eau et le pain sont une mortification, vous êtes condamnés au pain sec et à l'eau : c'est une punition. Au fond l'ascèse, c'est la joie, c'est une chose qu'on découvre petit à petit.

Le corps doit être profondément travaillé pour trouver sa liberté. Cette liberté est au-delà de la discipline. Pour que le corps participe à cette joie et à cette liberté totale, il doit passer à travers différentes étapes purificatrices.

Pour parler simplement du métier de danseur, un danseur est un être qui a commencé entre dix et quatorze ans à faire une série d'exercices chaque matin, et il les fait toute sa vie, sans aucun jour d'interruption, tous les matins. Il s'impose une espèce de discipline au départ, qui lui permet de trouver sa plus grande liberté.

Finalement, quand on me dit: "Qu'est-ce que la danse ?", je réponds: à l'échelon des gens qui ne savent pas, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi ; à l'échelon des très bons danseurs, c'est avoir une discipline de dix ans ou de quinze ans et faire des choses très codifiées ; à l'échelon du véritable danseur, c'est se mettre debout et faire n'importe quoi, mais après avoir passé vingt ans d'ascèse... C'est retrouver l'innocence et la liberté, mais avec un travail préliminaire.

Le danseur idéal, ce serait un être libéré loin de notre civilisation. Je crois qu'actuellement le drame de l'époque consiste à faire croire aux gens qu'en multipliant leurs besoins on augmente leur joie. En réalité, on augmente alors leurs attaches... La seule issue pour le monde actuel, c'est non la privation, je n'aime pas ce mot là, mais c'est la joie dans le dépouillement.
Maurice Béjart
L'Art sacré n°1, 1er trim. 1969.





mercredi 6 mars 2019

Cendres : il est temps d'aimer...


La terre se racornit. Notre terre se dessèche.
Non pas à cause de l'ozone, non pas à cause des déchets qui s'accumulent,
mais à cause de nous qui, par fragments entiers détruisons notre face d'humanité !

Ne le voyez-vous pas, gens de mon peuple ?
La tristesse nous enterre car nos rêves s'éteignent dans les objets.
Les plaisirs individuels deviennent les seuls pivots de nos existences.
La graisse de la consommation enveloppe nos cœurs.
Aux objets perdus nous avons remisé l'Évangile.

Ne dites pas, gens de mon peuple, qu'il faut regarder le bon côté des choses et que cela s'arrangera ! Parler est inutile.
Prier ne suffit pas. Prêcher ne sert plus.

     Il faut renaître ! Il faut retourner à notre Humanité.
     Il faut renouveler notre cœur, l'intérieur de notre cœur,
     Puisque de l'intérieur de notre cœur naissent les décisions et les actions
     Qui mettent notre Humanité au monde !

C'est l'amour qui nous manque !
Il est temps d'aimer, gens de mon peuple, car seul l'amour porte en lui
La démesurée puissance de féconder notre terre et de susciter notre Humanité !

     L'amour, toujours agit pour ensemencer la terre de fraternité.
     L'amour, toujours, donne sans calcul et sans condition.
     L'amour toujours cherche la vérité enfouie et la beauté ensevelie.
     L'amour, toujours, croit à la miséricorde multipliée pour tous.
     L'amour, toujours, vit, obstiné et patient, à travers de longues nuits.
     L'amour, toujours, se dépouille, se vidant jusqu'à l'ultime déchirure.
     L'amour, toujours, espère ! Il chante l'aurore. Il repousse les pierres de mort.
     L'amour, toujours, ressuscite la jubilation de la vie !

Qui nous donnera l'amour ?
Qui nous déposera dans l'amour ?
Qui nous sauvera d'amour ?
Qui nous donnera l'amour qui sauve ?

      Voici 40 jours, gens de mon peuple, pour apprendre à aimer !
      Voici 40 jours pour nous tenir auprès de Celui qui, en prenant face humaine,
      A libéré en notre Humanité la source ruisselante de l'amour
     Que rien ne peut ralentir avant qu'il n'ait abouti à la crucifiante joie du don
     Qui relève et redresse pour la pleine vie !  
 Recueilli sur le site Prier.be

dimanche 4 mars 2018

Aujourd'hui...

David s'écriait : "Je l'ai dit, maintenant je commence (Ps 76.11) ". Et saint Charles Borromée allait répétant : " Aujourd'hui je commence à servir Dieu ". Il nous faut agir de même, comme si jusqu'ici nous n'avions fait aucun bien. En effet, quoi que nous fassions pour Dieu, ce tout n'est rien, et ce tout n'est que notre devoir. Renouvelons donc chaque jour la résolution d'appartenir entièrement à Dieu.


Saint Alphonse de Liguori, L'art d'aimer Jésus-Christ



samedi 24 février 2018

Tout sous les yeux de Dieu...

Abbaye de Pradines

Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu. Allons mon âme, tu vas converser avec le bon Dieu, travailler avec lui, marcher avec lui, combattre et souffrir avec lui. Tu travailleras, mais il bénira ton travail; tu marcheras, mais il bénira tes pas; tu souffriras, mais il bénira tes larmes. Qu'il est grand, qu'il est noble, qu'il est consolant de tout faire en la compagnie et sous les yeux du bon Dieu, de penser qu'il voit tout, qu'il compte tout !
Disons donc chaque matin : "Tout pour vous plaire, ô mon Dieu : toutes mes actions avec vous ". Que la pensée de la sainte présence de Dieu est douce et consolante ! Jamais on ne se lasse, les heures coulent comme des minutes. Enfin, c'est un avant-goût du ciel.

Saint Curé d'Ars

dimanche 18 février 2018

Prière de Carême...

St Seraphim de Sarov




Seigneur et Maître de ma vie, ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse, de découragement, de domination et de vains bavardages, mais fais-moi la grâce, à moi ton serviteur, de l'esprit de chasteté, d'humilité, de patience et de charité.
Oui, Seigneur Roi, accorde-moi de voir mes fautes et de ne pas condamner mon frère, ô Toi qui es béni dans les siècles des siècles.
Amen.

Saint Ephrem le Syrien

mercredi 14 février 2018

Entrée en Carême


Mes frères, nous commençons aujourd'hui le grand voyage du Carême. Emportons donc dans notre navire toute notre provision de nourriture et de boisson, en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin. Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s'il ne se nourrit pas de bonté, s'il ne se désaltère pas de miséricorde. Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille, si la toison de l'aumône ne le couvre pas, si le vêtement de la compassion ne l'enveloppe pas.
Frères, ce que le printemps est pour les terres, la miséricorde l'est pour le jeûne : le vent doux printanier fait fleurir tous les bourgeons des plaines ; la miséricorde du jeûne fait pousser toutes nos semences jusqu'à la floraison, leur fait porter fruit jusqu'à la récolte céleste. Ce que l'huile est pour la lampe, la bonté l'est pour le jeûne. Comme la matière grasse de l'huile allume la lumière de la lampe et, avec une aussi faible nourriture, la fait luire pour le réconfort de toute une nuit, ainsi la bonté fait resplendir le jeûne : il jette des rayons jusqu'à atteindre le plein éclat de la continence. Ce que le soleil est au jour, l'aumône l'est pour le jeûne : la splendeur du soleil accroît l'éclat du jour, dissipe l'obscurité des nuées ; l'aumône accompagnant le jeûne en sanctifie la sainteté et, grâce à la lumière de la bonté, chasse de nos désirs tout ce qui pourrait être mortifère. Bref, ce que le corps est pour l'âme, la générosité en tient lieu pour le jeûne : quand l'âme se retire du corps, elle lui apporte la mort ; si la générosité s'éloigne du jeûne, c'est sa mort.


Saint Pierre ChrysologueSermon 8 

dimanche 2 avril 2017

Carême : Le respect...

Rembrandt
Jamais homme n'a respecté les autres comme cet homme.



Pour lui, l'autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des sages et des docteurs de la Loi, tendent à le réduire.

Il voit toujours en celui ou celle qu'il rencontre un lieu d'espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par delà ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf.

Il lui arrive même d'y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l'action de grâce !

Il ne dit pas : "Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l'atavisme moral et religieux de son milieu, ce n'est qu'une femme". Il lui demande un verre d'eau et il engage la conversation.

Il ne dit pas : "Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlise dans son vice". Il dit: "Elle a plus de chance pour le Royaume des Cieux que ceux qui tiennent à leurs richesses ou se drapent dans leurs vertus et leur savoir".

Il ne dit pas : "Celle-ci n'est qu'une adultère". Il dit : "Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus".

Il ne dit pas : "Cette vieille qui met son obole ans le tronc sur les œuvres du Temple est une superstitieuse". Il dit qu'elle est extraordinaire et qu'on ferait bien d'imiter son désintéressement.

Il ne dit pas : "Ces enfants ne sont que des gosses". Il dit : "Laissez-les venir à moi, et tâchez de leur ressembler".

Il ne dit pas : "Cet homme n'est qu'un fonctionnaire véreux qui s'enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres". Il s'invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.

Il ne dit pas, comme son entourage : "Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres". Il dit que l'on se trompe à son sujet et il stupéfie en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : "Il faut que l'action de Dieu soit manifestée en lui".

Il ne dit pas : "Le centurion n'est qu'un occupant". Il dit : "Je n'ai jamais vu pareille foi en Israël".

Il ne dit pas : "Ce savant n'est qu'un intellectuel". Il lui ouvre la voie vers la renaissance spirituelle.

Il ne dit pas : "Cet individu est un hors-la-loi". Il lui dit : "Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis".

Il ne dit pas : "Ce Judas ne sera jamais qu'un traître". Il accepte son baiser et lui dit : "Mon ami".

Jésus n'a jamais dit : "Il n'y a rien de bon dans celui-ci, dans celle-là, dans ce milieu-ci…". De nos jours, il n'aurait jamais dit : "Ce n'est qu'un intégriste, un moderniste, un gauchiste, un fasciste, un mécréant, un bigot". Pour lui, les autres, quels qu'ils soient, quels que soient leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n'a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique, de celui qui fait briller le soleil sur les bons et sur les méchants.

Seigneur Jésus, fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs !

Mgr Albert Decourtray

Rembrant

dimanche 26 mars 2017

Carême : méditation sur la prière...

Dieu a dit par le prophète : «Ceci est mon repos : faites reposer ceux qui sont accablés (Is. 28, 12)».
Fais donc le repos de Dieu, ô homme, et tu n'auras pas besoin du «pardonne-moi». Fais reposer les accablés, visite les malades, occupe-toi des pauvres, et cela est prière. Et je t'assure. mon ami, chaque fois qu'un homme fait ainsi le repos de Dieu, cela est prière. 
[...]
Sois donc attentif, mon ami : s'il se présente à toi quelque chose d'agréable à Dieu ne dis pas : «C'est le temps de la prière. Je vais prier, et je ferai cela après». En attendant que tu aies fait la prière, la chose qui aurait fait plaisir à Dieu t'aura échappé. Tu auras ainsi perdu l'occasion de faire la volonté et le bon plaisir de Dieu. Par ta prière, tu auras commis un péché. Fais ce qui plais à Dieu. C'est cela prier. Ecoute la parole de l'Apôtre : «Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés». (1Cor. 11, 31)

Juge toi-même ce que je vais te dire. Si tu pars pour un long voyage, et qu'à cause de la grande chaleur il t'arrive d'avoir soif, si tu rencontres alors un frère et que tu lui dises : «Soulage-moi de la soif qui m'accable», et qu'alors il te réponde : «C'est l'heure de la prière. Je vais prier, et ensuite je me rendrai chez toi», en attendant qu'il ait pitié et revienne à toi, tu mourras de soif.
Que t'en semble ? Qu'y a-t-il de meilleur pour toi, qu'il aille prier, ou qu'il apaise ton tourment ?
Quelle utilité aura la prière de celui qui ne soulage pas la souffrance du prochain ? Le Seigneur n'a-t-il pas déclaré que nous serions jugés sur nos oeuvres ?
[...] 
Ce que je t'ai écrit : «Quand on fait la volonté de Dieu, cela est prière», cela me semble beau.
Mais parce que je te l'ai dit, ne va pas te relâcher de la prière, et ne cède pas à l'ennui - selon qu'il est écrit que Notre-Seigneur a dit : «Priez et ne vous lassez pas». Applique-toi à la veille, chasse de toi la somnolence et la pesanteur. Sois en éveil jour et nuit. et ne te laisse pas aller au découragement.

Aphraat le Persan, "Une nuée de témoins"

dimanche 19 mars 2017

Carême : la nostalgie de Dieu


Mon âme languit après le Seigneur, et je Le cherche avec des larmes.

Comment pourrais-je ne pas Te chercher ? Toi le premier, Tu m'as trouvé. Tu m'as donné de vivre la douceur de ton Saint-Esprit, et mon âme T'a aimé.

Tu vois, Seigneur, ma peine et mes larmes... Si Tu ne m'avais pas attiré par ton amour, je ne Te chercherais pas, comme Je Te cherche. Mais ton Esprit m'a donné de Te connaître, et mon âme se réjouit que, Toi, Tu sois mon Dieu et mon Seigneur, et, jusqu'aux larmes, je languis après Toi.

Mon âme languit après Dieu, et elle Le cherche avec des larmes.
Seigneur miséricordieux, Tu vois ma chute et ma douleur ; mais, humblement, j'implore ta clémence : répands sur le pécheur que je suis la grâce de ton Saint-Esprit, Son souvenir porte mon esprit à trouver de nouveau ta miséricorde.
Seigneur, donne-moi ton humble Esprit pour que je ne perde pas à nouveau ta grâce, et que je ne me lamente pas comme Adam qui pleurait Dieu et le Paradis perdu.

Saint Silouane de l'Athos

dimanche 12 mars 2017

Carême : le désert


"...Moi, je t'ai connu au désert, dans un pays de fièvre" (Osée 13.5)

Un jour trois ascètes décident de prendre une option différente :

- Le premier choisit de faire la paix parmi ceux qui se battent,

- Le deuxième se met à visiter les malades,
- Le troisième gagne le désert.

Peu de temps après, le premier, n’arrivant pas à ses fins, vient, découragé, trouver le deuxième qui lui aussi, est à bout.
Tous deux décident alors de se rendre auprès de celui qui avait opté pour l’hésychia au désert. Ils sont étonnés de sa réussite et l’assaillent de questions. Ce dernier commence par se taire puis il prend un vase, le remplit d’eau. « Regardez cette eau, leur dit-il, elle est trouble. » Puis, après un bon bout de temps, il leur dit encore : « voyez maintenant cette même eau et comment elle s’est reposée. » Et là, comme dans un miroir, ils virent distinctement leur visage. Et il leur dit : « Il en est ainsi pareillement de nous : lorsque nous vivons au milieu des hommes, nous ne voyons pas nos défauts, alors qu’il en est tout autrement dans le désert. »

En ce temps de Carême, le récit que nous venons de lire nous expose d’une façon magistrale le secret qui nous conduira au grand mystère de Pâques.
« Pour voir notre péché, nous précise-t-il, il nous faut faire l’expérience du désert… » Tout comme Jean-Baptiste (Mc 1, 14), tout comme Jésus lui-même (Mc 1, 12), nous ne pouvons rendre gloire à Dieu si nous ne nous mettons pas à l’écart (Mc 6, 1), afin de nous reposer, dans le but de mieux nous affronter dans notre propre face-à-face. Autrement dit, sans l’hésychia, nous ne pouvons pas nous connaître véritablement. Le désert et l’hésychia, deux données incontournables pour toute pratique orthodoxe de l’ascèse.
Le mot « hésychia » peut se traduire de plusieurs façons. Tout d’abord, il signifie le calme, le repos qui apaise nos mœurs troublées et nos passion,s par l’acquisition du silence intérieur, lequel nous éloigne de nos soucis du passé et de nos vaines distractions. Ensuite, il veut dire tranquillité, laquelle fait fi de nos mauvaises pensées et de nos stériles bavardages, afin de nous rendre disponibles à la véritable contemplation. Enfin, c’est aussi la capacité d’atteindre cet état de paix, qui éloigne de nous tous les bruits nuisibles à nos âmes.
« Lorsque nous vivons au milieu des hommes, nous ne voyons pas nos défauts… » Il nous faut donc par moments, bien garder nos distances pour avoir accès à notre monde intérieur et pour entrer aussi en communion avec les autres.
Le merveilleux de l’homme ne peut se saisir que dans le silence et le repos du cœur et non dans le brouhaha des foules anonymes. Nous n’entrons réellement en contact avec notre être total tout comme d’ailleurs avec celui des autres que lorsque « nous faisons en nous hésychia .» Et ce, bien plus encore, quand il est question de notre relation personnelle avec Dieu. C’est à cette seule condition qu’il nous sera possible d’user avec le Seigneur du langage des Béatitudes, en dehors de toute pression, de toute contrainte. Et lui, du même coup, deviendra notre ami et notre familier, nous confortant de la sorte dans notre intime conviction que nous sommes vraiment ses enfants.

N’ayons donc pas peur de partir avec obstination à la recherche de ce lieu désert que nous désigne le carême. Autrement dit (dans notre foyer, sur le lieu de notre travail, au détour d’un moment de détente…), prenons encore la peine de faire suffisamment halte dans cette oasis spirituelle que nous suggèrent le jeûne et la prière pour nous enivrer à satiété de la douce présence de Dieu.
Notre Eglise qualifie le Grand Carême qui précède Pâques de « printemps de l’âme. » Puisse-t-il en être ainsi. Alors, à l’instar de la femme de l’Apocalypse, le Seigneur se fera une joie de nous préparer, au sortir de notre expérience quadragésimale du désert, une « place où nous serons nourris mille deux cent soixante jours » (Ap, 12, 6). De sorte que, pour paraphraser Evagre le Pontique, «quoique séparés de tout nous soyons unis enfin à tout ; à la fois impassibles et d’une sensibilité souveraine ; déifiés tout en nous estimant le rebut du monde et par-dessus tout heureux, divinement heureux !»
Métropolite Stephanos de Tallinn


dimanche 5 mars 2017

Carême : prière

Seigneur Jésus-Christ, mon Dieu, donne-moi le repentir, mon cœur est en peine, pour que de toute mon âme j'aille à ta recherche, car sans toi je suis privé de tout bien. O Dieu bon, donne-moi ta grâce.

Je t'ai abandonné, ne m'abandonne pas; je me suis éloigné de toi, sors à ma recherche. Conduis-moi dans ton pâturage, parmi les brebis de ton troupeau.

Nourris-moi de l'herbe fraîche de tes mystères dont tout cœur pur est la demeure, ce cœur qui porte en lui la splendeur de tes révélations...

Puissions-nous être dignes d'une telle splendeur, par ta grâce et ton amour de l'homme, ô Jésus-Christ, notre Sauveur, dans les siècles des siècles.

Isaac le Syrien (VII° siècle)