samedi 16 juin 2018

Ethiopie...

Abuna Yemata Guh :

20 minutes de promenade parfois vertigineuse dans les églises orthodoxes éthiopiennes...


vendredi 15 juin 2018

Un Dieu qui fuit ?



"Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte
Et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »
Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël.
Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée
et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen." (Matthieu 2, 19-23)

Dieu dans sa fuite…

Tel père tel fils ? La violence de l’un se perpétue dans la violence de l’autre. C’est souvent ainsi dans les successions des tyrans. Un nouvel Hérode règne sur la Judée et cela fait craindre à Joseph les mêmes horreurs que celles commises par son père. Il faut donc se mettre à l’abri. Il y a un motif qui doit nous interroger ici. C’est celui de la fuite. C’est la deuxième fois que le Messie, le Sauveur, qui plus est Fils du Dieu tout-puissant, prend la tangente. Son Père ne peut-il affronter le danger, envoyer ses anges* et défaire l’ennemi, plutôt que de le fuir ?
Dans nos sociétés, le courage est extrêmement valorisé. Nous avons le culte des héros qui vont à la guerre pleins de bravoure et qui dépassent leur peur pour faire « gagner le bien ». Mais Dieu choisit un autre chemin. Celui de l’évitement.
Ce n’est pas lâcheté, pourtant. Mais se battre, blesser, faire mourir ses adversaires, c’est toujours faire mal. Et Dieu ne peut avoir aucune part au mal. En Dieu, il n’y a pas de légitime défense, et c’est d’ailleurs ce qui expliquera, à l’autre bout de la vie de Jésus, le scandale de la croix. Au cours de son procès, Jésus se tait, il ne se rebelle pas, il ne répondra pas au mal qui le frappe, il ne participera pas à la violence.
Certains voudraient nous faire croire que Dieu est dans les croisades, dans les combats, ce sont des menteurs. Dieu passe son chemin, il fait un écart, il ne veut blesser personne. Jésus l’enseignera tout au long de sa prédication : les ennemis sont faits pour qu’on les aime.
*Évangile de St Matthieu ch 26, v 53.
Frère Jocelyn Dorvault
Couvent du Caire



dimanche 27 mai 2018

La Trinité, Hildegarde von Bingen, 1ère Vision.



« Une voix du ciel retentit et s’adressa à moi en ces termes : Que les hommes accèdent à la connaissance de leur Créateur, qu’enfin ils consentent à l’adorer dignement et à le vénérer ! Rédige donc cet écrit : non point comme le désirerait ton cœur, mais comme le veut mon témoignage, témoignage de Celui dont la vie n’a ni commencement ni terme ! Je n’ai pas inventé cette vision, aucun homme non plus ne l’a imaginée. C’est Moi qui ai décidé de tout, avant le début du monde. Je connaissais l’homme par avance, avant même que je ne le créasse. De même je prévoyais tout ce qui lui faisait défaut (…). »


« J’étais aidée dans ma rédaction par la confiance et par le témoignage de celui que j’avais en secret cherché lors de mes précédentes visions, que j’avais fini par trouver, Volmar, et par la confiance de cette jeune Richardis (…). »

« Je contemplai alors dans le secret de Dieu, au cœur des espaces aériens du midi, une merveilleuse figure. Elle avait apparence humaine. La beauté, la clarté de son visage étaient telles que regarder le soleil eût été plus facile que regarder ce visage. Un large cercle d’or ceignait la tête. Dans ce cercle, un deuxième visage, celui d’un vieillard, dominait le premier visage (…). Dans les mains, la figure portait un agneau qui luisait comme une journée débordante de lumière. Du pied, elle terrassait un monstre à l’aspect effroyable, vireux et noir, (qui) serrait dans la mâchoire l’oreille droite du monstre. » 
« C’est moi l’énergie suprême, l’énergie ignée. C’est moi qui ai enflammé chaque étincelle de vie. Rien de mortel en moi ne fuse. De toute réalité je décide. Mes ailes supérieures enrobent le cercle terrestre, dans la sagesse je suis l'ordonnatrice universelle. Vie ignée de l'essentialité puisque Dieu est intelligence, comment pouvait-il ne pas œuvrer ? »
« Par l'homme, il assure l'épanouissement de toutes ses œuvres. L'homme en effet, il le créa à son image et à sa ressemblance, en lui, il inscrivit, avec fermeté et mesure, la totalité des créatures. De toute éternité, la création de cette œuvre — la création de l'homme — était prévue en son conseil. Une fois ladite œuvre achevée, il remit donc entre les mains de l'homme l'intégralité de la création : afin que l'homme pût agir avec elle, de la même manière que Dieu avait façonné son œuvre, l'homme. Ainsi donc, je suis serviteur et soutien. » 
« Par moi en effet, toute vie s'enflamme. Sans origine, sans terme, je suis cette vie qui, identique, persiste, éternelle. Cette vie, c'est Dieu. Elle est perpétuel mouvement, perpétuelle opération, et son unité se montre en une triple énergie. L'éternité, c'est le Père. Le Verbe, c'est le Fils, le souffle qui relie les deux, c'est l'Esprit saint. Dieu l'a représenté dans l'homme : l'homme en effet a un corps, une âme et une intelligence. » 

Hildegarde von Bingen, "Livre des oeuvres divines, première vision"